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GENEALOGIE DESCENDANTE DE LA FAMILLE DE JEANNE D'ARC : MA VERSION

samedi 19 mai 2012

Uckange : maison des Bernard-Michel

 
Maison familiale des BERNARD-MICHEL à Uckange (de 1829 à 1971)

La famille de mon père s'est installée à Uckange en 1754 et y est restée à demeure jusqu'en 1871, époque à laquelle mon grand-père a opté pour la France après l'annexion de la Lorraine messine à l'Allemagne, afin de garder la nationalité française. Ne pouvant, en qualité de Français, résider plus de six mois par an en Lorraine annexée, mon grand-père (qui s'était fixé à Nancy comme nombre d'Alsaciens-Lorrains ayant refusé le joug de l'Allemagne) dut alors affermer ses terres et confier à un gérant, Monsieur HERGAT, père de Madame KRIER, l'exploitation de la scierie familiale. Il conserva cependant la maison familiale où il s'astreignait à séjourner de juin à novembre afin de maintenir une présence française dans le village. Mon père conserva la propriété où, après sa mort, nous nous installâmes après l'avoir modernisée. Nous y vécûmes de Noël 1937 à octobre 1971. Des liens très anciens attachent donc notre famille à ce village lorrain devenu, depuis 1960, une petite ville industrielle de 15000 habitants. Le père de votre trisaïeul BERNARD-MICHEL fut maire d'Uckange de 1795 à 1806 et mon grand-père fut également le premier magistrat de la commune de 1865 à 1868, date à laquelle il donna sa démission à la suite d'un désaccord survenu au sujet de l'emplacement de la construction du cimetière actuel.

Jardin de la propriété familiale d’Uckange

Uckange est une cité millénaire, établie le long de la Moselle, rivière qui était déjà, à l'époque de CHARLEMAGNE, le trait d'union entre la Lorraine et les pays rhénans. On cite son nom lors de la bataille de 1106 entre Thierry (le neveu de Godefroy de BOUILLON), Henri (comte de Luxembourg) et Godefroy le Barbu (gendre de l'empereur Henri V), bataille qui se déroula dans la plaine, entre Uckange et Ebange et où le sang coula à flot. L'année 1325 vit la "Guerre des Quatre Rois" ou "Guerre de Metz" où les Messins firent une sortie en masse incendiant tout sur leur passage jusqu'à Hettange. Uckange n'échappa pas à ce sort. Le bourg se releva de ses cendres mais, avant la Révolution, il ne comprenait que 60 familles, concentrées dans deux îlots, l'un à l'emplacement de la rue actuelle de la Moselle, l'autre à l'emplacement de la rue actuelle du presbytère. Uckange dépendait alors de la seigneurie de Pépinville et du couvent des Prémontrés de Justemont qui fut démoli à la Révolution et dont les moines se dispersèrent à ce moment. Le système défensif de la région était assuré par un groupe de châteaux forts comportant :
- le couvent de Justemont, défendant l'accès de la vallée de l'Orne,
- le château de Gassion, à l'emplacement des hauts fourneaux actuels de Thionville, démoli vers 1890, et qui défendait l'accès de la vallée de la Fensch,
- un château fort à l'embouchure de l'Orne qui fut démoli bien avant la Révolution à la suite d'une attaque menée par les mariniers en révolte contre la propriétaire du château qui leur imposait un droit de passage jugé par eux excessif. Le rôle défensif assuré par ce château fut repris par le château de Bertrange, donné plus tard par l'empereur Napoléon ler au général-baron d'Empire BERTRAND, ami de ma famille et dont la tombe se trouve encore dans le cimetière bordant l'église de Bertrange.


Intérieur de la maison familiale d’Uckange

Ce ne fut qu'à partir de 1830, époque où la route de Longwy fut construite et où la route de Metz à Thionville fut mise hors d'eau, que le village d'Uckange prit un réel essor. A ce moment, aux commerces de bois déjà existants (provenant de la faculté de recevoir par flottaison sur la Moselle les radeaux de bois des Vosges) s'ajoutèrent les arrivages de charbon de la Sarre par petites barques. Ces charbons étaient décharnés au moyen d'une roue à aubes située sur le côté d'une sorte de quai avançant dans la Moselle (à l'extrémité de notre jardin et appartenant à ma famille). Cette roue était garnie d'échelons et des hommes faisaient tourner la roue en montant d'un échelon à l'autre. Des aubes de la roue, le charbon tombait dans des tombereaux à chevaux qui le transportaient à Hayange et même jusqu'à Longwy. La petite maison située à l'extrémité de notre jardin, au coin de la rue du Bac, était louée par ma famille à la maison de WENDEL qui assurait la gestion du transbordement. C'était l'embryon du port d'Uckange que j'ai été amené à diriger.

Jardin de la propriété familiale d’Uckange

Le développement des routes et des transports routiers, l'intersection à Uckange des routes de Metz-Thionville et de Longwy-Uckange, entraînèrent l'installation dans la localité d'un important relais de poste dont on voit encore le portail en face de la gendarmerie actuelle ainsi que les locaux de l'auberge situés entre ce portail et le croisement des deux routes. En même temps, l'essor industriel commencé sous le règne de Louis-Philippe se traduisit à Uckange par la création d'industries attirées par la proximité du sable de Moselle et par l'abondance de l'eau dans le sous-sol. Parmi elles, on peut citer la tannerie de la famille NOEL, la fabrique de bouteilles de champagne de la famille BECKER, la brasserie de la famille ENSEL. Néanmoins, même après l'installation (vers 1896) d'une usine de fonte de moulage sur son territoire, Uckange restait un gros bourg comportant plusieurs grosses fermes et de nombreuses exploitations artisanales. Mes souvenirs d'enfance restent très nets et je crois encore entendre la trompette du berger qui, enfant, me réveillait chaque matin, accompagnée du chant des coqs de la ferme d'en face qui appartenait alors à mes grands-parents et fut échue en partage à mes neveux LEPETITPAS.  Qui pourrait réaliser à ce jour qu'à l'époque, au son de la trompette du berger à la barbe rousse (surnommé "Béquillard" à cause de sa claudication), les portes des fermes s'ouvraient et qu'un flot de porcs, de chèvres et de moutons parcourait le village chaque matin comme chaque soir pour se rendre au pâquis communal et en revenir.

Intérieur de la maison familiale d’Uckange

Evidemment, l'entre-deux-guerres vit la disparition de nombreuses exploitations artisanales, notamment la tannerie, la fabrique de bouteilles de champagne, et enfin, la brasserie. La population ouvrière restait stable et se fondait assez bien avec celle du vieux Uckange. Ce n'est qu'en 1954, après la mise en route des usines de Sollac, que la transformation d'Uckange en une cité dortoir de 15000 habitants s'est faite progressivement. Sollac, qui se créait de toutes pièces, avait besoin, pour recruter sa main d'oeuvre et pour la fixer en Lorraine, d'assurer un logement à ses ouvriers. Elle porta son choix sur les communes environnantes, acceptant l'installation de grands ensembles sur leur territoire. Uckange, hélas, fut de celles-ci. La circulation intense, les usines envahissantes, le bruit et la poussière en résultant, l'installation à Paris de quatre de nos enfants nous ont décidé, en 1971, à vendre la maison familiale (non sans un serrement de coeur bien compréhensif) pour nous installer à Saint-Cloud, à proximité des ménages de quatre de nos enfants, le ménage de Philippe continuant  à  perpétuer (à Metz) la présence de la famille en Lorraine.

Intérieur de la maison familiale d’Uckange


Tombe de la famille Bernard-Michel à Uckange

Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph Bernard-Michel, 1981

vendredi 18 mai 2012

Terville : maison des Châtillon

La famille CHATILLON, dont est issue votre grand-mère de RAVINEL, était originaire d'Etain et s'est fixée à Terville lors du mariage de l'arrière-grand-père de votre mère avec mademoiselle de LATOUCHE, petite fille du marquis de SAINT-BLAISE qui possédait un petit castel que certains d'entre vous ont connu à Daspich, le long de la route de Thionville à Florange, en bordure du passage à niveau du chemin de fer de WENDEL. Ce petit castel a d'ailleurs été démoli en 1965 et ses pierres ont été utilisées pour la restauration du château de Luttange. La maison de Terville donne sur une rue située derrière l'église de Terville. L'entrée donne sur une large cour où se dressent deux tilleuls bicentenaires. Face à l'entrée se trouvent un pigeonnier et une remise avec dépendances.


Propriété de la famille CHATILLON à Terville

Un grand jardin entoure les autres côtés de la propriété, avec potager et verger où, jusqu'à la mort de l'oncle Henri CHATILLON, on pouvait trouver toutes sortes de cerises depuis les plus printanières jusqu'aux plus tardives. Comme tout bon Lorrain, votre arrière-grand-père CHATILLON possédait des vignes à Guentrange et allait les visiter fréquemment à pied, tout comme votre arrière-grand-père BERNARD-MICHEL avait des vignes à Justemont et à Guentrange. C'était d'ailleurs un véritable luxe car il ne fallait compter sur une bonne récolte et un vin de qualité qu'une année sur huit. Aussi ce luxe fut-il abandonné bien avant la guerre de 1914.

Parc CHATILLON à Terville

Votre mère, malgré l'occupation allemande, allait chaque année passer un mois de vacances avec sa mère et ses soeurs chez ses grands-parents à Terville. Elle était très gâtée par son grand-père qui l'admirait beaucoup. C'est ainsi que votre grand-mère et ses trois filles (votre oncle Hubert étant heureusement à la Ruche) furent prises à Terville par la déclaration de guerre, sans obtenir des allemands l'autorisation de rejoindre la France en passant par la Suisse. Privées de nouvelles de leur mari, de leur père et d'Hubert, elles vécurent des jours d'angoisse d'autant que les bruits les plus fantaisistes circulaient sur le sort réservé aux Français se trouvant en Lorraine annexée. De fait, en septembre 1914, on vint les chercher et on les dirigea sur Coblence où de nombreux Lorrains étaient mis en résidence forcée à la forteresse d'Ehrenstadt. Leur asile provisoire fut un couvent de soeurs franciscaines.


Votre grand-mère fit naturellement démarches sur démarches pour obtenir un laissez-passer pour la Suisse : aucune d'elles n'aboutissait. Mais, persévérante, votre grand-mère finit par tomber sur un officier allemand dont le fils avait un ami français qui, de ce fait, fut plus compréhensif et lui donna un sauf-conduit leur permettant de quitter l'Allemagne. Il était temps car, une heure après le départ de votre grand-mère, un télégramme arrivait au couvent interdisant à l'officier de laisser partir ses hôtes français. Mais ceux-ci avaient pu regagner la Suisse puis Nancy avec, à leur arrivée, une simple camomille comme réconfortant.

Tombe de la famille Chatillon au cimetière de Terville


Revenue veuve de guerre à Terville avec ses enfants (en 1919), votre grand-mère y retrouva sa mère dont la santé avait beaucoup souffert des épreuves morales qu'elle avait subies, sans aucune nouvelle des siens, ayant seulement appris la mort de son gendre. Elle devait décéder peu après ayant eu la joie de revoir ses enfants et de savoir Terville redevenu français. C'est à Terville que votre mère prépara ses soeurs au certificat d'études où elles furent reçues. En 1920, la propriété revint à l'oncle Henri CHATILLON qui y habita jusqu'à sa mort en 1952. Elle appartient maintenant à Pierre CHATILLON, cousin germain de votre mère.

Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph Bernard-Michel, 1981


Témoignage de Mr Lucien LEONARD, fondateur de l'association "les amis de Palmarin" :

"Pourquoi avoir choisi la maison Châtillon pour les ecclésiales ? C'est pour moi un retour en enfance que j'effectue sur moi-même. Ma grand-mère, Marie Virginie LEONARD, née FILSTROFF, entre, à l'âge de 14 ans, au service de Madame Châtillon en 1894. Avant son mariage en 1902, elle devient la 1ère Dame de compagnie de Madame.

Mon enfance est bercée par ses récits sur la famille du Château et chaque jour, Mademoiselle Marie, gouvernante de Monsieur Henry Châtillon vient, vers 17H, à la ferme de mes parents, remplir son bidon de lait. Nous sommes appelés à lui présenter nos salutations. En récompense, Mademoiselle Marie nous offre quelques fraises ou framboises enveloppées dans une feuille de rhubarbe.

Mon père, Camille LEONARD, exploitait les terres Châtillon et, de ce fait, il bénéficiait de l'usage des granges et greniers, des dépendances de la ferme attenante au château.

Premier adjoint au maire de Terville, mon père était l'intermédiaire particulier de Monsieur Châtillon pour les relations avec la Mairie.

Oublié de la population Tervilloise, largement renouvelée depuis la disparition du dernier membre résidant de la famille en 1952, j'ai voulu exhumer cette famille de l'oubli en rapportant les faits et bienfaits des hôtes de ce jour".


Source :  "l'histoire de la famille Châtillon, bienfaitrice de Terville".
http://www.terville.fr/ckfinder/userfiles/files/actus/livert%20Eccl%C3%A9siale%202011.pdf



jeudi 17 mai 2012

Sierck-les-Bains : maison des Gillard

A l'extrémité nord-est de Sierck, à l'endroit où la route de Thionville à Trèves décrit un S avant de se diriger sur Apach, se trouve une belle maison de la fin 18ème siècle, séparée de la route par un grand jardin. Cette maison était la propriété de la famille GILLARD, où votre arrière-grand-mère CHATILLON a vécu jusqu'à son mariage (avec ses parents et ses sœurs). La propriété échut en héritage à l'aînée des filles, la tante Elisa VALETTE, mère de la femme de mon cousin André SEROT, elle-même cousine germaine de votre grand-mère de RAVINEL.

Maison de la famille GILLARD à Sierck

A l'intérieur de la maison se trouve un bel escalier de pierre avec une rampe en fer forgé qui lui donne une belle allure. Un salon d'été donnait sur la terrasse longeant la maison côté jardin et avait un joli carrelage qui a résisté à toutes les épreuves auxquelles il a été soumis pendant et après la guerre de 1939-1945.

Tante Elisa VALETTE était très hospitalière et savait largement recevoir. Il est vrai que Sierck est à la frontière de l'Allemagne, mais aussi, du Luxembourg et les goûters de Sierck étaient typiquement luxembourgeois : café au lait, chocolat, schnecks (petits pains au raisin enroulés en spirale), beurre en abondance, confiture, fromage cuit, fruits, bref un vrai repas. Votre grand-mère de RAVINEL y faisait chaque année un séjour avec ses enfants et c'est ainsi que votre mère et moi nous sommes promis le mariage dans cette propriété. Je nous vois devisant gravement sous la tonnelle qui se trouvait au coin du jardin, face à la Moselle, au tournant de la route (et qui n'existe plus actuellement).

Propriété de la famille GILLARD à Sierck


A la mort de sa mère, Charles VALETTE, ancien préfet de Lyon et président de Chambre à la Cour des Comptes, reprit la propriété qu'il n'a jamais habitée. C'est aussi dans cette maison que votre arrière-grand-père CHATILLON s'est fiancé. Lorsqu'il venait de Terville voir sa fiancée à Sierck, en voiture à cheval, il s'arrêtait dans un petit ravin avant Sierck pour brosser ses vêtements afin d'en enlever la poussière de la route et de se présenter sous son meilleur aspect pour faire la cour à sa belle. A la mort de Charles VALETTE, la maison fut vendue à la mairie de Sierck qui la laissa sans entretien. Elle fut reprise par un restaurateur de Thionville qui y a crée un restaurant de luxe : "la vénerie", où l'on vient de Thionville et de ses environs, d'Allemagne et du Luxembourg (surtout pour des repas d'affaires).


Tombe de la famille Gillard à Sierck

Ainsi va la vie ... Mais la maison a été restaurée avec beaucoup de goût, en lui conservant son cachet d'époque et si elle a hélas changé de destination, elle aurait pu connaître un sort plus triste.

Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph Bernard-Michel, 1981


mercredi 16 mai 2012

Jeanne SEROT-ALMERAS-LATOUR (1870-1943)

Par son père (Louis Maurice SEROT), Jeanne SEROT-ALMERAS-LATOUR était Lorraine alors que par sa mère (Claire ALMERAS-LATOUR), elle était dauphinoise. Née à Genas le 27 juillet 1870, à la veille de la guerre, son père, alors procureur à Rethel, venu pour le baptême, eut beaucoup de mal à rejoindre son poste. Il régnait partout la plus grande confusion et les fausses nouvelles pullulaient. Elle eut une enfance très heureuse entre un père qui adorait ses enfants mais ne leur passait rien et une mère très gaie, remarquable musicienne et très pieuse. Après Rethel et Nîmes, Louis Maurice SEROT fut nommé conseiller à Nancy où Jeanne acheva ses études au Sacré-Coeur de Nancy.


Jeanne perdit son père en 1894 et épousa Auguste BERNARD-MICHEL en 1896. C’était une jolie femme, grande, bien prise dans sa taille, intelligente et distinguée. Bien qu'elle fut sévère à l’égard de ses enfants (Joseph et Elisabeth), c'était pour leur bien. Elle surveillait de très près leur éducation, leurs études et leur donna le goût du travail. Elle se dévoua sans compter lorsque son fils Joseph fit une mauvaise grippe et qu'il fallut l'emmener trois mois en Suisse pour le retaper. Elle se fatigua tellement qu'elle en tomba malade d'une pleurésie sèche qui lui laissa une santé fragile jusqu'à ses derniers jours. Elle fut très courageuse en laissant Joseph s'engager au début de 1915. Elle avait d'ailleurs une très grande force de caractère et le montra après le mariage malheureux de sa fille Elisabeth et à la mort de celle-ci. Elle usa sa santé en s'occupant des enfants d’Elisabeth avec un dévouement sans bornes.



La mort d’Auguste BERNARD-MICHEL lui porta un nouveau coup et, à partir de ce moment, elle fit des congestions pulmonaires qui ruinèrent sa santé. La guerre de 1939-1940 l'obligea à quitter Nancy pour suivre le ménage de son fils Joseph à Libourne, puis à Grenoble. Lorsque Jospeh fut nommé à Montpellier, puis à Marseille, Jeanne alla s'installer à Nice, en pension de famille, près de sa belle-soeur SEROT-ALMERAS-LATOUR. En novembre 1942, elle prit froid à Nice et fit une forte congestion pulmonaire, compliquée d'urémie. En janvier, elle parut se remettre, mais son organisme était trop usé et, dans les premiers jours de février, sa belle-soeur SEROT-ALMERAS-LATOUR appelait Joseph BERNARD-MICHEL qui passa 8 jours à son chevet.


Elle s'affaiblissait de jour en jour. Le médecin vint la voir le 18 février 1943 au soir et ne laissa aucun espoir. Elle conservait toute sa connaissance et sa verdeur esprit et ne se plaignait pas malgré ses souffrances. Au moment où Joseph la quitta pour aller dîner elle lui dit "tu as toujours été un excellent fils. Merci de tout ce que tu as fait pour moi". Une heure après, lorsqu’il revenait, il la retrouvait dans le coma. Elle ne se réveilla pas et s'éteignit doucement, le lendemain à 10 heures. Ce fut un grand chagrin pour Joseph. C'est au moment de la séparation que l'on réalise tout ce que peut comporter l'amour maternel.

Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph BERNARD-MICHEL

mardi 15 mai 2012

Félix NOEL, maire de Sommerviller de 1856 à 1883

Résumé de la vie de Félix NOEL

Félix NOEL était né à Sommerviller le 13 mai 1798. Il succéda à son père dans l'administration de ses biens et se consacra à ses terres, qu'il exploita suivant les directives de Mathieu de DOMBASLE, le célèbre agronome lorrain dont il fut l'élève et l’ami.

Il organisa les comices agricoles de la région, présida celui de Lunéville et reçut la médaille d'or pour ses travaux. Nommé membre correspondant de la Société Nationale d’Agriculture de France, il fut fait chevalier de Légion d'Honneur.



Durant 27 années, de 1856 à 1883, année de sa mort, il exerça la charge de maire de Sommerviller dont il fût le bienfaiteur par son dévouement à la commune. L'autorité dont il jouissait dans la région lui permit de faire réaliser, à peu de frais, de nombreuses réalisations : lavoir, fontaines, reboisement, création de chemins d'exploitation. En reconnaissance de ses services, les habitants de Sommerviller firent élever, sur la place de l’église, un buste le représentant, buste qui fut inauguré en 1885 et qui existe encore aujourd'hui.



De son mariage, avec mademoiselle GOUBERT sont nés trois enfants : Marie, qui devint la baronne Edouard de RAVINEL ; Léonie Charlotte qui, par son mariage, devint Madame du ROSELLE ; un fils, Léon, marié à Marie DEMANGE.

Ce fils fut conçu pendant les fiançailles d’Edouard de RAVINEL avec Marie NOEL. Cet enfant à venir amenait un changement défavorable dans les “espérances” de fortune de la fiancée. Aussi les parents de celle-ci se crurent tenus de prévenir les RAVINEL en leur laissant toute liberté de reprendre leur parole. Le fiancé n'en tint pas compte et, pour marquer son intention de poursuivre, envoya à sa future belle-mère une petite timbale de vermeil.

Charlotte Goubert et ses 2 filles
(Collection privée P. Bernard-Michel)

Félix NOEL perdit une grande partie de sa fortune dont il avait confié la gérance à un notaire peu scrupuleux. Attaché à la terre, il a refusé des offres de Solvay d'accepter des parts de fondateur de cette société. Le philoxéra lui a occasionné de grosses pertes car il avait beaucoup de vignes et produisait du vin. De nombreux meubles, l'argenterie, et des peintures durent être vendus à la mort de Félix NOEL pour éponger les pertes subies.

Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph BERNARD-MICHEL



Etats de services de Félix NOEL (Dossier Légion d'Honneur)

- Chef de bataillon de Garde Nationale depuis 1830 jusqu'à la dissolution de cette garde (1852) sans interruption.
- Inspecteur délégué des école primaires dans le canton de Lunéville Nord de 1833 à 1857 et de 1872 à ce jour.
- Membre du conseil d'arrondissement et successivement secrétaire, vice-président et président de ce conseil depuis 1848 à ce jour.
- Maire de Sommerviller de 1856 à ce jour.
- Membre et successivement secrétaire puis président du comice agricole de Lunéville.

Fait à Sommerviller le 20/10/1873.



Armoiries de Sommerviller : un hommage à Félix NOEL


"D'azur à la jumelle d'argent mise en fasce accompagnée d'une étoile d'or en chef et d'un soc de charrue contourné d'or en pointe."

Après la mort de Stanislas, Elisabeth Durival regroupa à Sommerviller ce qui restait de la cour du Roi de Pologne. Elle était appelée par Madame de Boufflers "La céleste" d'où le champ d'azur. Le Chevalier de Boufflers la nommait "la sublime fée de Sommerviller", d'où l'étoile en chef. La jumelle mise en fasce se trouve dans les armes de la famille Malclerc, seigneur du lieu aux XVI° et XVII° siècles. Enfin, le soc de charrue évoque la mémoire de Félix Noël agronome de renom, maire de la commune pendant 27 ans. Ce blason est utilisé par la commune depuis novembre 1977.

Source : Union des Cercles Généalogiques Lorrains
http://www.genealogie-lorraine.fr/blasons/index.php?dept=54&blason=SOMMERVILLER

lundi 14 mai 2012

Nossoncourt : château de Villé des Ravinel

Le grand-père de votre mère est né au château de Villé, situé à proximité du village de Ménil- sur-Belvitte dans les Vosges, à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Rambervillers. Ce château était la propriété des THIBAULT de MENONVILLE et fut échu à la famille de RAVINEL à la suite du mariage (en 1805) de l'arrière-grand-père de votre mère, François Dieudonné de RAVINEL, avec Félix Charlotte THIBAULT de MENONVILLE.

Château de Villé près de Rambervillers

Grande demeure flanquée de quatre tours d'angle, il culmine la région. Détruit une première fois par l'artillerie française durant la guerre de 1914-1918 (tout au début des hostilités) sur la foi de renseignements qui le donnaient comme étant le siège d'un état-major allemand, sa reconstruction fut entreprise par François de RAVINEL, arrière-petit-fils de François Dieudonné de RAVINEL. Cette reconstruction nécessita de longues années car François de RAVINEL avait vu grand et rétablit le château sur son ancien emplacement en le modernisant. Pièces de réception de 4 mètres de haut, prenant tout le rez-de-chaussée avec de grandes portes-fenêtres donnant sur le parc. Cet énorme travail fut terminé vers 1930-1931 et le château reconstruit fut inauguré à l'occasion de la première messe (dite à Ménil-sur-Belvitte) du père Rémy de RAVINEL, fils de François. Malheureusement, le sort s'acharne sur cette propriété et, lors des combats de la libération, en septembre 1944, elle fut à nouveau gravement endomagée. Un état-major allemand, qui y cantonnait, avait levé le camp mais les Américains ne voulaient pas l'admettre et ont bombardé sévèrement le château jusqu'à ce que l'un des propriétaires, passant à travers les lignes, ait réussi à les persuader qu'il était vide. Seule une aile a été remise en état et les pièces de réception n'ont pas été restaurées.

Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph Bernard-Michel


Plus important que Rambervilers à la fin du XIème et au début du XIIème s., le fief de Villé était le chef-lieu des possessions de l’évêché de Metz dans la région de Rambervillers, confié à des seigneurs voués. D’abord possédé par la famille d’Épinal (du château d’Épinal), il passa du milieu du XIIIème s. au milieu du XIVème s. la famille des avoués de Baccarat, dite famille de Baccarat, puis, jusqu’au dêbut du XVème s., à la famille de Rambervillers et ensuite à la famille de Barbas.



A la fin du XVIIème s., il appartenait à Louis Thibaut de Ménonville, commissaire ordinaire des guerres à Vic qui avait épousé en 1676 Marguerite Huyn, fille de César Huyn, Seigneur de Bettoncourt, chancelier de l'évêché de Metz, lieutenant du bailliage de Vic. En 1701, Louis Thibaut de Ménonville donna son aveu et dénombrement pour une partie de Villé qui resta entre les mains de sa famille jusqu’au début du XIXème s., puis passa par mariage dans la famille de Ravinel, Caroline Thibaut de Ménonville ayant épousé François-Dieudonné, baron de Ravinel, futur député des Vosges. Le château se trouve toujours en possession de cette famille.

Au château féodal succéda, sans doute au XVIIème un autre château qui, au cours de la Première Guerre mondiale, fut occupé par le prince de Bavière et l'état-major allemand. Pour les en chasser, l’artillerie française bombarda le château en 1914 qui, très endommagé (il n’en restait plus que les murs extérieurs), fut rasé. Un nouveau château fut par la suite reconstruit àson emplacement et sur ses fondations.

Isolé à l’Ouest du village, le nouveau château château dresse toujours sa masse imposanté sante, à l’Est des nombreux bâtiments qui composent composent la ferme. Le château qu’il a remplacé remplacé était un important bâtiment de  plan rectangulaire allongé, couvert d’un toit à croupes de tuiles en écaille, tonné de tours de plan bastionné à toit en pavillon, avec trois niveaux de fenêtres rectangulaires disposées sur dix travées.



L’ensemble a été reconstruit selon le même parti général mais de façon un peu grandiloquente avec, en plus, deux courtes ailes en retour d’équerre encadrant la façade Ouest. Les tours ont été exhaussées d’un niveau et coiffées d’un très haut toit en pavillon. Les ouvertures rectangulaires ont cédé la place à des fenêtres à linteau en arc surbaissé. Les niveaux ont été marqués par des bandeaux et l’ensemble rythmé par des chaînes d’angle, en gres rose. Enfin, un large fronton triangulaire a couronné la façade. Au Sud, fermant la cour, deux pavillons massifs encadrent une tour-porche reliée au pavillon Est par un long bâtiment. Elle s’ouvre par une porte cochère en plein cintre à bossages en table et, comme les pavillons, est munie de canonnières ovales. Des dépendances qui fermaient autrefois la cour au Nord et à l'Ouest, il ne subsiste plus qu’un long bâtiment au Nord qui a conservé ses ouvertures du XVIIème s. Actuellement, la partie Ouest, détruite, est remplacée par un ensemble complexe de bâtiments situés plus au Nord.



dimanche 13 mai 2012

Semécourt : maison des Poncelet

La famille PONCELET, dont est issue ma grand-mère  paternelle, était originaire de Metz où Claude PONCELET, mon trisaïeul, exerçait la profession d'avocat au parlement de Metz avant 1789. Elle possédait une maison de famille dans le petit village de Semécourt, situé au flanc d'un des coteaux bordant la rive gauche de la Moselle, entre Woippy et Maizières-les-Metz. Cette propriété se composait d'une grosse maison cubique à toit de tuiles surmonté d'une petite plate-forme d'où, par temps clair, on pouvait apercevoir dans le lointain la masse imposante de la cathédrale de Metz. La cour d'entrée, donnant sur le village, était bordée d'un côté, par une aile de la maison où se trouvaient les écuries et de l'autre, par la remise de voitures. Deux gros marronniers encadraient la porte de la grille d'entrée. Du côté de la vallée, un perron donnait accès à un jardin anglais d'où l'on avait une très belle vue sur la vallée de la Moselle et où de magnifiques rosiers s'épanouissaient dans une terre argileuse qui leur convenait parfaitement. Sur le côté s'élevait une volière dont des faisans dorés et argentés constituaient les plus beaux ornements. Suivaient le potager et le verger donnant de superbes fraises et mirabelles dont nous nous régalions. Mais plus encore, enfants, nous apprécions la pente de ce jardin qui descendait jusqu'à la route de Rombas-Metz et où nous faisions des parties acharnées de toboggan sur une charrette lorraine avec les enfants de VISMES et de KERVASDOUE, petits enfants de madame WENGER, soeur de ma tante PONCELET.


C'est à Semécourt que mourut, à 92 ans, mon arrière-grand-père PONCELET qui, à cet âge respectable, avait conservé intactes toutes ses facultés et toutes ses dents. Il avait eu une fille - ma grand-mère - et deux fils dont l'un, Félix, est mort célibataire en 1907 et l'autre, Léon, mari de ma tante, sorti de Saint-Cyr, très brillant officier de chasseurs à pied, avait fait les campagnes d'Italie et du Mexique sous le Second Empire. A la suite de cette dernière campagne, il perdit progressivement la vue. Il est mort relativement jeune, sans descendant. Je ne l'ai pas connu.

En gratitude des soins que lui avait prodigués avec beaucoup de dévouement sa femme et connaissant l'attachement que celle-ci avait pour la maison, il lui en laissa, à sa mort, la propriété de même que celle de tous ses autres biens, se fiant à elle pour laisser une succession équitable à sa mort. Cette bonne tante, malgré ses sentiments profondément chrétiens (elle était tertiaire de Saint François), et peut-être à cause d'eux, laissa tous ses biens, y compris la propriété à ses neveux de VISMES, parents de 10 enfants. Ceux-ci s'empressèrent d'ailleurs de vendre cette propriété de Semécourt. Ce fut un coup très dur pour mon père et que j'ai moi-même vivement ressenti car j'étais moi aussi très attaché à cette maison et à ce petit village où ma tante avait tant fait pour y maintenir l'esprit français entre 1870 et 1914, y recevant fréquemment HANSI, le célèbre caricaturiste alsacien, qui exerçait sa verve aux dépends des Allemands et en était détesté.

Ma tante a failli payer cher sa propagande française et a échappé de justesse à l'arrestation, ayant pu passer la frontière du Luxembourg avant la déclaration de guerre, quelques heures seulement avant que les Allemands n'arrivent à Semécourt pour l'emprisonner.

Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph BERNARD-MICHEL