Il est certain que Daspich a donné son nom à une famille d'ancienne chevalerie, éteinte au treizième siècle, elle était vassale des puissants sires de Florange, sortis des ducs de Lorraine.
Une tradition raconte qu'en 1248 vivait sire Ederic de Daspich, elle ajoute que ce chevalier au coeur dur, â l'âme farouche, touchant à son dixième lustre, et ne voulant pas descendre au tombeau avec son bouclier, contraignit sa jeune pupille, la belle Adeline, à le suivre à l'autel et à lui donner sa foi. Les fêtes de ce mariage disproportionné n'étaient point encore closes, quand saint Louis fit prêcher sa première croisade. C'était appeler Ederic à de nouveaux combats; il se hâta donc de congédier ses nombreux convives et fut s'embarquer à Aigues-Mortes sur les galères des fleurs-de-lis.
Adeline était depuis trois ans sans nouvelles du maître que la violence lui avait imposé, quand des pélerins, arrivés de la Terre-Sainte, affirmèrent que le sire de Daspich avait péri au siége de Damiette. L'orpheline ceignit donc le noir bandeau des veuves, et permit sans doute l'espérance au jeune Enguerrand d'Illange, car un soir qu'elle priait seulette et dévotement en la chapelle du manoir (1), sise sur l'entrée d'un souterrain de construction romaine (2), qui allait, dit-on, de la maison forte de Daspich au château d'Illange, elle en vit surgir sans effroi le beau damoiseau, et écouta sans courroux de doux propos d'amour. Le lendemain vit Adeline, à son tour, descendre au souterrain, et durant bien des mois y passer bien des heures. La veille de la saint Paul de l'an 1252, elle y conférait avec Enguerrand sur la requête qu'elle devait remettre le jour même à son suzerain, le sire de Florange, à cette fin de prendre homme apte à desservir le fief à elle concédé à titre de douaire, lorsqu'un chevalier couvert d'armes noires, se présente à la poterne de la maison forte; à son écu blasonné "de gueules, à la croix estoquée d'or, accompagnée en pointe de trois tierces feuilles d'argent, tigées de même", on reconnaît Ederic, il demande l'orpheline, on lui répond qu'elle est en oraison, il va droit à la chapelle, pénètre sous les voûtes du souterrain et aperçoit Enguerrand aux pieds d'Adeline; à cette vue, la fureur du croisé n'a plus de bornes, il fond sur le damoiseau qui n'a qu'une faible dague à opposer à la lourde épée du guerrier; Adeline éperdue, veut séparer les combattants et tombe frappée d'un coup mortel dans les bras d'Enguerrand, qu'Ederic immole sans pitié.
Dès le lendemain, le sire de Daspich fit raser la chapelle et fermer hermétiquement l'entrée du souterrain, puis il remonta à cheval et reprit la route de St-Jean-d'Acre. Dix ans après, un écuyer arriva à Daspich, monta au second étage de la maison forte, ouvrit un petit réduit pratiqué dans l'épaisseur du mur, en tira une charte d'inféodation qu'il porta à Philippe de Florange, en l'informant que son vassal avait été enterré avec son bouclier. La maison forte fit donc retour à ses suzerains qui la réunirent à leurs domaines, elle en fut détachée de nouveau lors de la confiscation féodale prononcée contre Robert de la Marck, héritier de la branche de Lorraine-Florange. Le fief de Daspich eut successivement divers maîtres, et enfin fut acquis au 18ème siècle par Robert de LATOUCHE, conseiller du roi et avocat au bailliage de Thionville. En novembre 1765, il fut élu conseiller de l’hôtel de ville de Thionville. Il occupa cette charge pendant 1 an. Mais la maison forte avait alors subi de notables changements, sa haute tour carrée, de construction romaine, avait été diminuée d'élévation, les fossés avaient été comblés et les murs d'enceinte abattus (la pierre de fondation de la maison forte portait la mention "Dietenhoben 1584"). Toutefois Daspich n'a pu être démantelé qu'après le siége de Thionville de 1639, car la relation de cette funeste entreprise le qualifie encore de maison forte.
Une tradition raconte qu'en 1248 vivait sire Ederic de Daspich, elle ajoute que ce chevalier au coeur dur, â l'âme farouche, touchant à son dixième lustre, et ne voulant pas descendre au tombeau avec son bouclier, contraignit sa jeune pupille, la belle Adeline, à le suivre à l'autel et à lui donner sa foi. Les fêtes de ce mariage disproportionné n'étaient point encore closes, quand saint Louis fit prêcher sa première croisade. C'était appeler Ederic à de nouveaux combats; il se hâta donc de congédier ses nombreux convives et fut s'embarquer à Aigues-Mortes sur les galères des fleurs-de-lis.
Château de Daspich, peint par Dany Mellinger (http://dany.mellinger-art.com/)
Adeline était depuis trois ans sans nouvelles du maître que la violence lui avait imposé, quand des pélerins, arrivés de la Terre-Sainte, affirmèrent que le sire de Daspich avait péri au siége de Damiette. L'orpheline ceignit donc le noir bandeau des veuves, et permit sans doute l'espérance au jeune Enguerrand d'Illange, car un soir qu'elle priait seulette et dévotement en la chapelle du manoir (1), sise sur l'entrée d'un souterrain de construction romaine (2), qui allait, dit-on, de la maison forte de Daspich au château d'Illange, elle en vit surgir sans effroi le beau damoiseau, et écouta sans courroux de doux propos d'amour. Le lendemain vit Adeline, à son tour, descendre au souterrain, et durant bien des mois y passer bien des heures. La veille de la saint Paul de l'an 1252, elle y conférait avec Enguerrand sur la requête qu'elle devait remettre le jour même à son suzerain, le sire de Florange, à cette fin de prendre homme apte à desservir le fief à elle concédé à titre de douaire, lorsqu'un chevalier couvert d'armes noires, se présente à la poterne de la maison forte; à son écu blasonné "de gueules, à la croix estoquée d'or, accompagnée en pointe de trois tierces feuilles d'argent, tigées de même", on reconnaît Ederic, il demande l'orpheline, on lui répond qu'elle est en oraison, il va droit à la chapelle, pénètre sous les voûtes du souterrain et aperçoit Enguerrand aux pieds d'Adeline; à cette vue, la fureur du croisé n'a plus de bornes, il fond sur le damoiseau qui n'a qu'une faible dague à opposer à la lourde épée du guerrier; Adeline éperdue, veut séparer les combattants et tombe frappée d'un coup mortel dans les bras d'Enguerrand, qu'Ederic immole sans pitié.
Dès le lendemain, le sire de Daspich fit raser la chapelle et fermer hermétiquement l'entrée du souterrain, puis il remonta à cheval et reprit la route de St-Jean-d'Acre. Dix ans après, un écuyer arriva à Daspich, monta au second étage de la maison forte, ouvrit un petit réduit pratiqué dans l'épaisseur du mur, en tira une charte d'inféodation qu'il porta à Philippe de Florange, en l'informant que son vassal avait été enterré avec son bouclier. La maison forte fit donc retour à ses suzerains qui la réunirent à leurs domaines, elle en fut détachée de nouveau lors de la confiscation féodale prononcée contre Robert de la Marck, héritier de la branche de Lorraine-Florange. Le fief de Daspich eut successivement divers maîtres, et enfin fut acquis au 18ème siècle par Robert de LATOUCHE, conseiller du roi et avocat au bailliage de Thionville. En novembre 1765, il fut élu conseiller de l’hôtel de ville de Thionville. Il occupa cette charge pendant 1 an. Mais la maison forte avait alors subi de notables changements, sa haute tour carrée, de construction romaine, avait été diminuée d'élévation, les fossés avaient été comblés et les murs d'enceinte abattus (la pierre de fondation de la maison forte portait la mention "Dietenhoben 1584"). Toutefois Daspich n'a pu être démantelé qu'après le siége de Thionville de 1639, car la relation de cette funeste entreprise le qualifie encore de maison forte.
Château de Daspich (source : Christophe de Geyer)
Avec le temps, le souvenir d'Adeline et d'Enguerrand se serait sans doute effacé, mais en 1770, M. de la Touche, faisant exécuter quelques travaux dans ses jardins, rencontra l'entrée du souterrain, et découvrit, mêlés à des masses de décombres, une courte épée, deux crânes, des ossements, un anneau et un bracelet élégamment ciselé, qui ne vinrent que trop rappeler la lugubre tradition qu'aux longues veillées d'hiver la bonne aïeule racontait encore à ses petits-enfants.
Ce petit castel de Daspich fut démoli en 1965 et ses pierres furent utilisées pour la restauration du château de Luttange.
(1) La maison forte de Daspich était encore habitée au 19ème siècle, elle a éte dessinée dans l'album de la Sociéte des Amis des Arts du département de la Moselle.
(2) En établissant le chemin de fer de la Moselle aux forges de Hayange, on a retrouvé, dans la direction indiquée par la tradition populaire, des traces du souterrain qui allait de la maison forte de Daspich au château d'Illange.
Source : Mémoires de l'Académie nationale de Metz - Volume 24 - Page 271 - 1844
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