dimanche 13 mai 2012

Semécourt : maison des Poncelet

La famille PONCELET, dont est issue ma grand-mère  paternelle, était originaire de Metz où Claude PONCELET, mon trisaïeul, exerçait la profession d'avocat au parlement de Metz avant 1789. Elle possédait une maison de famille dans le petit village de Semécourt, situé au flanc d'un des coteaux bordant la rive gauche de la Moselle, entre Woippy et Maizières-les-Metz. Cette propriété se composait d'une grosse maison cubique à toit de tuiles surmonté d'une petite plate-forme d'où, par temps clair, on pouvait apercevoir dans le lointain la masse imposante de la cathédrale de Metz. La cour d'entrée, donnant sur le village, était bordée d'un côté, par une aile de la maison où se trouvaient les écuries et de l'autre, par la remise de voitures. Deux gros marronniers encadraient la porte de la grille d'entrée. Du côté de la vallée, un perron donnait accès à un jardin anglais d'où l'on avait une très belle vue sur la vallée de la Moselle et où de magnifiques rosiers s'épanouissaient dans une terre argileuse qui leur convenait parfaitement. Sur le côté s'élevait une volière dont des faisans dorés et argentés constituaient les plus beaux ornements. Suivaient le potager et le verger donnant de superbes fraises et mirabelles dont nous nous régalions. Mais plus encore, enfants, nous apprécions la pente de ce jardin qui descendait jusqu'à la route de Rombas-Metz et où nous faisions des parties acharnées de toboggan sur une charrette lorraine avec les enfants de VISMES et de KERVASDOUE, petits enfants de madame WENGER, soeur de ma tante PONCELET.


C'est à Semécourt que mourut, à 92 ans, mon arrière-grand-père PONCELET qui, à cet âge respectable, avait conservé intactes toutes ses facultés et toutes ses dents. Il avait eu une fille - ma grand-mère - et deux fils dont l'un, Félix, est mort célibataire en 1907 et l'autre, Léon, mari de ma tante, sorti de Saint-Cyr, très brillant officier de chasseurs à pied, avait fait les campagnes d'Italie et du Mexique sous le Second Empire. A la suite de cette dernière campagne, il perdit progressivement la vue. Il est mort relativement jeune, sans descendant. Je ne l'ai pas connu.

En gratitude des soins que lui avait prodigués avec beaucoup de dévouement sa femme et connaissant l'attachement que celle-ci avait pour la maison, il lui en laissa, à sa mort, la propriété de même que celle de tous ses autres biens, se fiant à elle pour laisser une succession équitable à sa mort. Cette bonne tante, malgré ses sentiments profondément chrétiens (elle était tertiaire de Saint François), et peut-être à cause d'eux, laissa tous ses biens, y compris la propriété à ses neveux de VISMES, parents de 10 enfants. Ceux-ci s'empressèrent d'ailleurs de vendre cette propriété de Semécourt. Ce fut un coup très dur pour mon père et que j'ai moi-même vivement ressenti car j'étais moi aussi très attaché à cette maison et à ce petit village où ma tante avait tant fait pour y maintenir l'esprit français entre 1870 et 1914, y recevant fréquemment HANSI, le célèbre caricaturiste alsacien, qui exerçait sa verve aux dépends des Allemands et en était détesté.

Ma tante a failli payer cher sa propagande française et a échappé de justesse à l'arrestation, ayant pu passer la frontière du Luxembourg avant la déclaration de guerre, quelques heures seulement avant que les Allemands n'arrivent à Semécourt pour l'emprisonner.

Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph BERNARD-MICHEL

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