jeudi 1 janvier 2015

Année 1935 : mort de ma soeur

Les nouvelles de ma soeur sont franchement mauvaises et je m'attends au pire. En avril, je vais à Paris avec votre mère pour y recevoir la croix de la Légion d'Honneur, en toute simplicité, des mains de mon oncle SEROT-ALMERAS qui, pour l'occasion, a revêtu son uniforme et invité ses enfants parisiens à dîner : les Jean SEROT-ALMERAS, les d'ARTEMARE ainsi que tante Jeanne-Edouard qui m'offre la croix de mon oncle Edouard. Cette attention me touche beaucoup.

Nous en profitons pour aller au théâtre et nous repartons le lendemain pour Hayange. Fin juin, ma mère m'appelle pour aller revoir ma chère soeur qui est au plus mal. Ce voyage est terriblement émouvant. Je trouve ma soeur sans force et au seuil de la mort. Déchirant adieu. Entre temps, Philippe a attrapé la scarlatine. Il faut éloigner ses frères et soeurs.

Aussi, je vais rouvrir Uckange et laisse Sabine, Claude et Colette avec Jeanne EVRARD qui n'en mène pas large, seule dans cette grande maison avec la responsabilité des enfants. Je vais souvent, après mon travail, voir là-bas ce qui se passe tandis que votre mère, soignant Philippe, n'ose avoir trop de contacts avec ses autres enfants.

Ayant loué une maison à Dabo dans les Vosges mosellanes, nous y envoyons, avec votre grand-mère de RAVINEL, nos trois aînés dès le 15 juillet, sous la garde de leur grand-mère, de leurs tantes de RAVINEL et de Jeanne EVRARD.

Le 19 juillet, j'apprends la triste nouvelle de la mort de ma soeur. Mes parents rentrent avec le corps le 21 juillet et l'enterrement a lieu le 22 juillet. Nous préparons tout à Uckange pour un buffet froid destiné aux personnes extérieures. Mon oncle SEROT-ALMERAS, parrain de ma soeur, est venu de Blois mais a fait un voyage sous une chaleur si accablante qu'il se met au lit, se trouvant mal en point.

Malgré son état de santé, mon père tient à suivre à pied tout le convoi funèbre et n'est guère brillant lui aussi. Le docteur vient le voir ainsi que mon oncle auquel il trouve une congestion pulmonaire. Ma mère, éreintée, va devoir s'occuper de deux malades et de ses petits enfants L'HOTTE pour lesquels elle a heureusement une gouvernante.

Nos enfants, revenus avec Jeanne, repartent le soir même pour Dabo, votre mère les y rejoint avec Philïppe quelques jours plus tard. Ma tante SEROT-ALMERAS arrive le lendemain de l'enterrement de ma soeur pour soigner mon oncle. Elle sera un précieux appui pour ma Mère, d'autant que les crises subies par mon père se rapprochent de plus en plus. Cela devient d'ailleurs fort inquiétant.

Je vais passer quinze jours à Dabo où Colette doit faire sa première communion le 15 août. Le dit jour, tout le monde s'affaire : places réservées à l'église, dans les premiers bancs. Vient le moment de la communion : pas moyen de faire quitter sa place à Colette qu'on finit par laisser à sa place. Crainte de Colette d'être seule pour cet acte important de sa vie, dans une grande église qu'elle ne connaît pas. Il faudra recommencer, après une préparation sérieuse au milieu d'autres enfants.

De Dabo, nous allons plusieurs fois à Wangenburg voir nos neveux L'HOTTE qui sont à 1'hôtel avec leur gouvernante. Ils sont bien à plaindre, mais heureusement, à leur âge, ils ne réalisent pas l'étendue de la perte qu'ils ont subie. Votre mère décide de prolonger (la location finissant le 31 août) et va se fixer avec vous dans une maison forestière tenant lieu de petit hôtel, à la Hoube au dessus de Dabo, où je vais vous chercher mi-septembre.

Mes parents repartent pour Nancy fin octobre. Mon pauvre père a des crises de plus en plus fréquentes avec de l'œdème aux jambes et il a besoin d'un spécialiste, le Dr MATHIEU, qui parvient à le soulager. Mais hélas, il n'est pas question de retarder l'évolution, et encore moins, de guérir. Colette passe quelques jours en pension au Sacré-Coeur de Metz pour préparer sa première communion privée qui, cette fois-ci, a lieu sans incident.

Nous allons, pour Noël, passer 24 heures à Nancy et nous trouvons mon père très changé.

Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph BERNARD-MICHEL

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