jeudi 1 janvier 2015

Année 1934 : titre de Chevalier de la Légion d'Honneur

Mauvaise année qui débute par Philippe qui fait une otite. Ma soeur est enceinte mais la grossesse n'est pas normale et il faut l'opérer : enfant mort né.

Mon père vient passer quelques jours à Hayange et se plaint d'essoufflement. Je le mène chez le docteur GILLARD qui m'annonce que mon père a une aortite et que c'est grave. Il lui faudra mener une vie très ralentie et il est à craindre qu’il soit pris de crises d’étouffement de plus en plus prononcées et fréquentes avec le temps.

Votre mère part avec votre grand-mère de RAVINEL, ses soeurs et vous naturellement pour Primel-Trégastel en Bretagne où nous avons loué. Avant ce départ, première communion de Sabine à Hayange avec tout le falbala de l'époque, robe de mousseline, grand voile blanc, cierge. Malheureusement, personne de ma famille ne peut y assister. A Primel-Trégastel, la maison est trop petite, et surtout, repoussante de saleté. Après constat d'huissier, on arrive à se libérer et à trouver, pour presque le même prix, une jolie villa dans les hortensias, dominant la mer.

Heureuses vacances pour vous et votre mère, d'autant qu'ont lieu, à Primel, les fiançailles de votre tante Nicole avec Jean Mengin qui nous promène en voiture dans toute la Bretagne. Je viens passer 15 jours, très préoccupé par ma soeur à qui j'ai trouvé une mine épouvantable et qui ne veut pas se soigner.

Primel

En octobre 1934, mariage de votre tante Nicole. Votre grand-mère de RAVINEL fait très bien les choses : Lunch chez MOITRIER après un mariage à l'église Saint Vincent en présence de tout Metz. Le jeune ménage part au Gabon quelques jours après. Malheureusement, les vacances sont coupées par la mort subite de tante Noémi de Ravinel (tante Doudou). Elle était allée à Nancy avec ses soeurs assister, d'une fenêtre du grand hôtel de la place Stanislas, au défilé des obsèques du maréchal LYAUTEY, ami d'enfance de tante Doudou qui avait un petit faible pour lui. Est-ce l'émotion ? Sans doute. Toujours est-il qu'au moment du passage du cercueil de son ami, la pauvre tante Doudou s'est trouvée mal et a été ramenée en hâte à Sommerviller : elle est morte pendant le trajet. Je pars aussitôt à la Ruche pour soutenir les deux pauvres tantes bien désemparées et votre mère et grand-mère arrivent de Primel-Trigastel où elles repartent après les obsèques.

En décembre, je suis nommé Chevalier de la Légion d'honneur et vais voir mes parents. Ils s'apprêtent à partir en Suisse pour faire soigner ma soeur qui ne va pas bien du tout. Ce coup dur augmente les étouffements de mon père, qui est de plus en plus durement atteint. Triste fin d’année.

Avant cette nomination, Claude (qui a dix ans) entre comme demi-pensionnaire à Saint Clément, en classe de 6ème. Il couche et prend ses repas du soir chez sa grand-mère de RAVINEL et cela semble devoir bien aller. La maison commence à se vider.

La solution de Claude demi-pensionnaire chez sa grand-mère de RAVINEL commence à donner des signes d'usure. Il y a parfois des heurts entre lui et sa grand-mère : il a besoin de surveillance pour ses études d'autant qu'il commence le latin.

Comme il y a des cars très fréquents entre Hayange et Metz, avec une concurrence qui fait baisser les prix à des niveaux ridiculement bas (2 francs pour un voyage Hayange-Metz), nous décidons de reprendre Claude à Hayange et de lui faire faire chaque jour le trajet. Ce n’est pas de tout repos, ni pour lui, ni pour moi car le départ est à 7hl5 le matin et il s'agit de ne pas manquer le bus. Il me faut aller réveiller Claude à 6h30, lui préparer son petit déjeuner, et les premiers temps, le conduire à l'arrêt de bus.

Il est de retour à 19h30 et n'a pas trop de temps pour faire ses devoirs. Quand je repense à cette organisation, je me demande comment nous avons pu prendre une telle décision.

Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph BERNARD-MICHEL

Aucun commentaire: