Edouard de Ravinel, né à Villé le 8 juin 1824, fut officier de Gendarmerie. Il tint garnison notamment à Saverne, Vienne (Isère), puis à Besançon où il fut mis à la retraite.
A ce moment, en raison de sa nombreuse famille, il fut nommé entrepreneur des tabacs à Toulon où il mourut le 11 août 1874, âgé de 50 ans. Il avait épousé, le 8 septembre 1852, Marie NOEL, née à Saint-Mihiel le 21 novembre 1832, habitant alors chez ses parents à Sommerviller.
Le mariage avait été l'oeuvre de Caroline de KLOPSTEIN, devenue par la suite Caroline de ROZIERE.
Lors de sa mort, Edouard de RAVINEL laissait sa femme avec de faibles moyens pour élever 10 enfants dont le dernier n'avait que deux ans. A cette période, Marie NOEL avait sa fille aînée Noémi, âgée de seize ans, très intelligente, qui se préparait à passer son brevet supérieur, ce qui à l'époque ouvrait le droit à professer dans l'enseignement secondaire des collèges féminins.
Par le baron de l'ESPEE, parent et ami de la famille, Marie NOEL eut la possibilité de faire entrer sa fille comme gouvernante des deux dernières filles du comte de Paris Louis-Philippe d’ORLEANS (petit-fils de Louis-Philippe) :
- Isabelle, qui épousa par la suite le duc de Guise Jean d’ORLEANS.
- Louise, qui épousa Carlo de BOURBON des DEUX-SICILES, infant d'Espagne.
Sur les 5 filles d'Edouard de RAVINEL, deux devinrent religieuses au Sacré-Coeur et trois restèrent célibataires : Noémi, le chef de file, dite "Doudou", Antoinette la maîtresse de Maison, dite "Lélette" et Marie, la dernière, dite "Grabotte", parcequ'étant jeune elle avait de gros mollets. Elles formaient toutes les trois un trio inséparable et haut en couleurs. Elles habitaient dans la propriété familiale de "La Ruche" à Sommerviller. Dans la famille, on les appelait "les Grabotte".
"Doudou" avait été, dès sa majorité, chez les princes d'Orléans pour faire l'éducation des dernières filles du comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe, alors en exil en Angleterre. C'est elle qui éleva la princesse Isabelle jusqu'à son mariage avec le duc de Guise, et la princesse Louise jusqu'à son mariage avec un infant d'Espagne.
Mariage de Louise d'Orléans en 1907
Au début, cette existence nouvelle, dans une atmosphère de Cour à l'étranger ne lui permettant de revoir sa mère qu’aux grandes vacances, a lourdement pesé à Noémi. Mais, les nombreux voyages qu'elle fut amenée faire, les délicates attentions des princes à son égard, adoucirent peu à peu la séparation et ce fût finalement avec peine que Noémi quitta les princes après le mariage de ses élèves.
Par la suite, la duchesse de Guise resta en relation très étroite avec Doudou, lui écrivant chaque semaine des lettres très intimes dont rien n'a jamais transpiré. Par contre, durant sa vie chez les princes, "Doudou" a tenu un journal que Philippe BERNARD-MICHEL possède en sa qualité de filleul du comte de Paris (ce journal est constitué de nombreux tomes, Noémi écrivant quotidiennement les faits et gestes de la famille d'Orléans).
Cette vie chez les princes avait valu a "Doudou" beaucoup de considération dans sa famille et ses deux autres soeurs lui vouaient un véritable culte. Elle en imposait d'ailleurs par sa distinction et par son intelligence.
Voisin de Crèvic, dont il n'est séparé que de deux kilomètres, Sommerviller avait de fréquents rapports avec les LYAUTEY et "Doudou" était l'amie d'enfance d'Hubert LYAUTEY, devenu Maréchal de France et Résident Général au Maroc. Elle avait eu un faible pour lui. Coincidence curieuse, "Doudou" était allée assister avec ses soeurs au passage du cortège funèbre du Maréchal à une fenêtre du théâtre, place Stanislas à Nancy, en 1934, lorsqu’elle fut prise d'un malaise au coeur au passage du cortège. Elle mourut pendant son transport à Sommerviller.
Portrait du Maréchal Lyautey
Par la suite, des liens subsistèrent avec la famille d'Orléans. En effet, Philippe BERNARD-MICHEL, né le 15 juin 1932, eut pour parrain et marraine le comte et la comtesse de Paris (Henri d’ORLEANS et Isabelle d’ORLEANS-BRAGANCE) qui envoyèrent douze superbes boites de dragées et une timbale en argent aux armes du dauphin. C'est André de RAVINEL, représentant le comte de Paris pour la Lorraine, et Louise de RAVINEL, tante de Philippe, qui représentèrent le parrain et la marraine.
La comtesse de Paris vint d'ailleurs voir son filleul à Uckange en 1951. Cette anecdote est relatée par Joseph BERNARD-MICHEL dans ses mémoires :
"Début mai 1951, le duc de Bourbon-Sicile et sa femme ont un accident d'auto sur la route de Luxembourg à Thionville et sont hospitalisés dans cette ville. Le comte de Paris venant les voir, je lui écris un mot pour lui dire que je me mets à sa disposition pour lui venir en aide s'il en a besoin. Ma lettre reste sans réponse, mais à huit jours de là, je suis suffoqué de m'entendre appeler au téléphone par la comtesse de Paris qui, se trouvant à Thionville au chevet de sa soeur et de son beau-frère, me dit son désir de venir voir son filleul Philippe et m’annonce qu'elle viendra dîner le lendemain dimanche, me demandant d'aller la chercher à Thionville. Au jour et à l'heure dite, je vais la chercher avec Philippe à l’hôtel métropole où elle est descendue et l’amène à Uckange où votre mère et Sabine, très agitées, la reçoivent avec de profondes révérences. Elle se montre très détendue, nullement protocolaire, conversation très amicale même. A 10H30, je la ramène à Thionville. Elle a laissé en souvenir à Philippe son briquet Dupont en laque."
Lors de ses dernières volontés, la comtesse de Paris n'oublia pas Noémie de RAVINEL puisqu'elle lui laissa en souvenir une broche et des livres de messe.
Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph BERNARD-MICHEL
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