dimanche 27 mai 2012

Elisabeth PONCELET (1838-1921)

Elisabeth PONCELET, née en 1838, s'est mariée en 1856 à 18 ans. Sa jeunesse s'était passée à Semécourt, dans la propriété de son père. Elle avait perdu sa mère, née Marie Emma MENGIN, qui était issue d'une famille Strasbourgeoise.

Elisabeth Poncelet avec son fils Joseph Bernard-Michel

Elisabeth avait reçu l'instruction que l'on donnait à cette époque, c'est-à-dire des bases très solides en littérature et en arithmétique. C'était une maîtresse de maison accomplie. Elle était très adroite et brodait et tricotait à la  perfection. Ayant une grande force de caractère, très attachée à ses convictions morales et religieuses, elle s'extériorisait peu. Ceci était ans doute dû à l'autorité de son mari Eugène BERNARD-MICHEL et à la mort de sa seule fille, mort qu'elle avait très durement ressentie.

Des travaux que surveillait Elisabeth, il n’est pas possible de passer sous silence deux d'entre eux qui sont caractéristiques de l'époque : la surveillance des travaux de jardinage et la lessive mensuelle avant 1914.

Photo de famille (Uckange, 1901)
De gauche à droite : Félix Poncelet, Eugène Bernard-Michel, Elisabeth Poncelet,
Joseph Bernard-Michel (enfant), Auguste Bernard-Michel


Le jardinier de l'époque s'appelait HONZELLE. Après la guerre de 1870, pour ne pas être allemand, il s'était engagé pour 3 ans chez les zouaves en Afrique. Ses 3 ans terminés, ayant le mal du pays, il était revenu en Lorraine annexée et avait commencé par faire de la prison comme déserteur. Libéré, il avait dû faire son service militaire allemand. Ne manquant jamais d'affirmer la supériorité des zouaves dans le combat à la baïonnette, il avait été provoqué en combat singulier par un sous-officier auquel il avait cassé la mâchoire. Il lui était resté à 50 ans une force et un bagout peu commun. Habitant Richemont, il arrivait chaque matin à six heures par le train et il repartait à six heures du soir par le même moyen après une demi heure de casse-croûte à midi. Sa femme venait le lui apporter, le plus souvent à pied de Richemont. L'horaire du travail dans l'industrie était à l'époque de 12 heures, sans aucun congé payé.

Un grand événement était la lessive. Avant 1914, les armoires à linge étaient bien garnies et on ne faisait la lessive qu'une fois par mois, avec l'aide de deux ou trois femmes du village embauchées pour la circonstance. Le linge, bouilli dans la buanderie, était rincé dans la Moselle dont l'eau était pure à l'époque. Les femmes, coiffées de leur "halette", sorte de bonnet blanc emboîtant la tête et à volants retombant sur le côté, s'agenouillaient dans des demi caisses en bois qui les protégeaient des éclaboussures et battaient le linge sur des planches. Le linge essoré était ramené le soir sur une charrette pour être séché au grenier.


Carte postale d’Elisabeth Poncelet à son mari Eugène Bernard-Michel (1904)

A la déclaration de guerre, en 1914, Elisabeth PONCELET voulait rester à Uckange pour éviter le pillage de la maison, mais elle ne put s'y maintenir et vint retrouver son fils Auguste BERNARD-MICHEL auprès de qui elle resta jusqu'à la fin de la guerre. Dès qu'elle le put, elle rentra à Uckange qu'elle ne quitta plus jusqu'à sa mort en avril 1921. Sa mort fut très douce. Elle était restée active jusqu'à la veille de sa mort. Elle était âgée de 83 ans.


Source : Quelques souvenirs de famille, par Eugène Bernard-Michel

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