lundi 5 septembre 2011

SASSENAY (Hôtel de ) - DIJON

Description de l’hôtel de Sassenay

Bel et vaste hôtel parlementaire dont le corps de logis principal fut reconstruit à la fin du XVIIème siècle par la famille LE COMPASSEUR.

L’avant corps en léger ressaut est original par sa composition, avec une travée centrale accentuée par une haute arcade appareillée qui vient élégamment s’inscrire entre les bases interrompues d’un vaste fronton.

La tourelle pentagonale, visible contre le mur de clôture, est le seul témoin de la construction antérieure du XVème siècle.


Histoire de l’hôtel de Sassenay

L’hôtel situé rue Berbisey n° 3, connu sous le nom d’hôtel de Sassenay, fut construit probablement dans les premières années du XVIIIème siècle.

Clément-Janin donne cette date, à raison de ce qu’il ne figure pas sur le plan d’Inselin en 1705, tandis qu’on le voit indiqué tel qu’il existe aujourd’hui sur le plan de Mickel de 1759. Ce n’est pas une preuve absolue car l’hôtel ne figure pas davantage sur le plan de Beaurain réédité en 1790.

Antérieurement, et sur son emplacement, existait l’ancien hôtel de Plaines dont il ne reste plus qu’une tourelle, en bordure sur la rue Berbisey, contenant un escalier.

D’après Clément-Janin, Jean AYMON, archiprêtre de Vergy, en fut le premier possesseur. Le duc Hugues IV le céda en 1243 à Guillaume, seigneur de Marigny.

Pierre de PLAINES, conseiller d’apeaux à Beaune, l’ayant acheté en 1388, le réédifia en partie. L’hôtel prit son nom et fut habité par ses descendants jusqu’en 1492, époque à laquelle Thomas de PLAINES, seigneur de Magny-sur-Tille, Tart et Marliens, président au parlement, quitta la Bourgogne pour suivre Marie de BOURGOGNE qui avait épousé l’empereur Maximilien.

A une époque qu’il n’a pas été possible de préciser exactement, l’hôtel fut acheté et reconstruit entièrement par la famille de COURTIVRON.

Il est probable que la façade de l’hôtel actuel fut reportée très en arrière de l’ancien bâtiment car il existe encore un petit souterrain qui se prolonge jusqu’au milieu de la cour. On  voit à son extrémité le cadre d’une porte auquel sont fixés des gonds semblables à ceux qui existent encore dans la tourelle.

Gaspard de COURTIVRON, ayant hérité de son père, vendit l’hôtel le 6 juin 1746 à Jean BERNARD de SASSENAY et à Judith JOLY, son épouse. Leur fils François-Marie-Bernard de SASSENAY, président au parlement, le posséda jusqu’à sa mort le 19 août 1783.

Confisqué sur ses héritiers, comme bien d’émigré, l’hôtel fut vendu le 25 thermidor an V (12 août 1797) par les administrateurs du département de la Côte-d’Or à François BAROLET, agissant pour le compte de sa fille Antoinette, femme séparée de biens de Philibert-Nicolas GILLET, demeurant à Beaune.

Celle-ci le revendit le 14 août 1807 à Jean-Mathieu-Gabriel MOLLERAT et à Etienne-Vivant MARET dont la fille, Mme GUERIN-DEVAUX, vendit le 5 juillet 1845, la partie lui provenant de son père à Mme Adélaïde GUYOT, veuve de Mathieu-Gabriel MOLLERAT, bisaïeul du propriétaire actuel, Mr CORNERAU.

Famille de Plaines

De gueules à la fasce d’argent accompagnée de trois grelots du mesme en chef.

Généalogie de la famille de PLAINES

Thomas de PLAINES

Il fut conseiller d’apeaux à Beaune.

Thomas de PLAINES

Il fut seigneur de Magny-sur-Tille, Tart et Marliens, président au parlement. Il quitta la Bourgogne pour suivre Marie de BOURGOGNE qui avait épousé l’empereur Maximilien.

Famille Le Compasseur

D’azur à trois compas ouverts d’or, 2 et 1.

 

Généalogie de la famille LE COMPASSEUR

La famille LE COMPASSEUR est originaire du Roussillon. Elle est passée ensuite en Champagne puis en Bourgogne, et, dès le XIVème siècle, elle y occupa une situation importante, ainsi que le constatent divers actes. Elle donna des maîtres des comptes, des premiers présidents au bureau des finances, un vicomte-mayeur de Dijon et d’autres membres qui tinrent un rang distingué dans la robe et l’épée.

I. Bernard LE COMPASSEUR

Il est qualifié de miles dans un acte de vente. Il épousa Françoise de SENESTERRA dont il eut, entre autres, un fils nommé Guillaume.

II. Guillaume I LE COMPASSEUR

Né à Elne en Roussillon, noble et gentilhomme de race, tel connu et réputé notoirement, à cause de ses feux père et mere Bernard LE COMPASSEUR et Françoise de SENESTERRA. Dans un acte du 20 décembre 1390, par lequel Françoise de SENESTERRA vendit, comme chargée de la procuration de Bernard LE COMPASSEUR, son mari, une portion qui lui appartenait dans le château d'Estagel, près Elne. Il eut, entre autres, un fils nommé Guillaume.

III. Guillaume II LE COMPASSEUR

Il épousa Edmée de FERETTE dont il eut, entre autres, un fils nommé Gilles.

IV. Gilles LE COMPASSEUR

Il fut capitaine de la ville et châtel de Joinville. Il épousa Marie DORIGNY, inhumée dans l'église paroissiale de Bar-sur-Seine, où l'on voit son épitaphe et ses armes en plusieurs endroits, ainsi que celles de son mari. Il en eut, entre autres enfants : 1/ Edme, qui suit ; 2/ Thevenotte ; 3/ Simonne.

V. Edme LE COMPASSEUR

Il fut écuyer, sieur de Tarsul en partie, comme héritier de Robert, son grand-oncle. Il épousa, par contrat du 7 janvier 1498, Jacqueline HENNEQUIN, de la branche de Vaubercey. De ce mariage sont issus : 1/ Claude-François LE COMPASSEUR de CREQUY-MONFORT, sieur de Vitrey qui épousa Françoise de MALAIN ; 2/ Bénigne, qui suit.

VI. Bénigne I LE COMPASSEUR

Il fut sieur d'Alcheu, homme d'armes en la compagnie du maréchal de Tavannes, et employé en plusieurs occasions sous Henri III. Il fut marié quatre fois : en premieres noces à Bénigne de la PERRIERE ; en secondes, à Jeanne DESMAILLARD ; en troisièmes, à Philipotte de MONGE ; en quatrièmes, à Suzanne MARTIN de CHOISEY dont il eut, entre autres, un fils nommé Bénigne, qui suit. Il testa le 21 février 1545, et fit des fondations à l'église où il a été inhumé.

VII. Bénigne II LE COMPASSEUR

Il fut sieur des Roques et d'Alcheu, écuyer ordinaire de la reine Marguerite. Il épousa Anne BROCARD. Il eut, entre autres, un fils nommé Claude.

VIII. Claude LE COMPASSEUR

Claude abandonna l’état ecclésiastique qu’il avait embrassé afin de pouvoir recueillir la succession de son frère Claude. Il fut conseiller-clerc au parlement. Il est l’auteur des barons et marquis de COURTIVRON qui, par leurs alliances et les charges honorables de robe et d’épée dont ils ont été revêtus, n’ont pas cessé de tenir un rang distingué dans la noblesse de Bourgogne.

De lui descend au troisième degré, Gaspard LE COMPASSEUR de CREQUY-MONTFORT, marquis de Courtivron, aide-maréchal-général des logis de la cavalerie des armées du Roi et chevalier de Saint Louis ; en lui a fini la seconde substitution des terres de Courtivron et de Tarsul. Il épousa Marie-Rose-Louise de SAINT-CYR de CELY dont est issu, Tanneguy-Philippe-Antoine.

Famille Bernard de Sassenay

D’azur à une fasce d’or chargée d’une molette d’éperon d’azur, et accompagnée en chef de deux coutelas d’argent, garnis d’or et passés en sautoir, et en pointe d’un étendard d’argent posé en bande, la hampe et le fer d’or.


Généalogie de la famille BERNARD

Cette famille avait donné plusieurs conseillers au parlement de Bourgogne dont l’un, le plus connu, Etienne BERNARD, se fit remarquer aux Etats de Bois en 1588, servit d’abord MAYENNE et le parti de la Ligue, se soumit ensuite à Henri IV victorieux et reçut la charge de lieutenant général du bailliage de Chalon ; il est l’auteurs de discours et divers autres écrits, publiés dans Les mémoires de la Ligue.

I. Jean BERNARD

Il fut clerc des auditeurs aux causes d’appeaulx de Beaune et juge de la baronnie de Lux en 1437. Il épousa Parise LEGRAIN dont il eut, entre autres, un fils nommé Oger.

II. Oger BERNARD

Il épousa Isabeau VALENCHOT dont il eut, entre autres, un fils nommé Etienne.

III. Etienne I BERNARD

Il fut secrétaire du roi au début du XVIème siècle. Il épousa Claudine GIRARDOT, puis, en secondes noces, Claudine LAVISEY dont il eut, entre autres enfants : 1/ Etienne, qui suit ; Laurent, correcteur à la chambre des comptes, qui épousa Marie de MERICOURT.

IV. Etienne II BERNARD

Il fut contrôleur de l’artillerie et trésorier des fortifications à Chalon. Il épousa Anne BENIGNE dont il eut, entre autres, un fils nommé Etienne.

V. Etienne III BERNARD

Il fut pourvu de l’office de garde des sceaux grâce aux divisions amenées par la Ligue. Alors que François BLONDEAU succédait à son frère comme garde des sceaux et était reçu par le parlement royaliste de Semur, Etienne BERNARD obtenait du duc de Mayenne les lettres de provisions le 11/07/1593 et était reçu par la fraction du parlement restée à Dijon le 23/07/1594. Il n’exerça cette charge que quelques mois car, lorsque Mayenne fit la paix avec le roi, ce fut François BLONDEAU qui fut maintenu.

Etienne BERNARD a laissé la réputation d’un avocat très distingué. Député du Tiers de Bourgogne aux Etats généraux de Blois, il y joua un rôle fort important et fut choisi comme orateur du Tiers Etat de France. Il fut encore député du Tiers pour la Bourgogne, étant vicomte-mayeur de Dijon, aux Etats généraux de la Ligue tenus à Paris en 1593. Mayenne, après lui avoir accordé la charge de conseiller garde des sceaux de la Chancellerie, le nomma en 1594 président de la chambre de justice de Marseille. Après la Ligue, il fut lieutenant général au bailliage de Chalon en 1597.

Etienne BERNARD épousa en 1575 Marguerite PARADIN dont il eut, entre autres enfants : 1/ Jean, qui suit ; 2/ Claude, surnommé « le pauvre prêtre » ; 3/ Jeanne, qui épousa Guillaume TABOUROT, seigneur de Saint-Appolinaire ; 4/ Elisabeth, qui épousa Nicolas MATHIEU, seigneur de Frontenard, lieutenant du bailliage de Chalon.

VI. Jean BERNARD

Il fut vicomte de Chalon, seigneur de Saint-Hélène et du Tarte, lieutenant général au bailliage de Chalon, conseiller d’Etat. Il épousa, en 1600, Jeanne de PONTOUX, fille de Robert de PONTOUX, seigneur de la Tour, et de Françoise LANGUET. Il en eut, entre autres enfants : 1/ Bénigne, auteur des seigneurs de Trouhans ; 2/ Judith, qui épousa en 1633 René de BONNIN, marquis de Messignac ; 3/ Bernard, qui suit ; 4/ Elisabeth, qui épousa Auguste de VIREY, lieutenant général au bailliage de Chalon ; 5/ Anne, qui épousa en 1654 Jean-Baptiste de THESUT, seigneur de Charéconduit, maître d’hôtel du roi.

VII. Bernard BERNARD de SASSENAY

Il fut vicomte de Chalon, seigneur de Sassenay, conseiller au parlement de Grenoble, président au parlement de Dijon en 1652, et conseiller d’Etat. Il épousa Claudine PONSARD dont il eut, entre autres, un fils nommé Etienne.

VIII. Etienne BERNARD de SASSENAY

Il fut vicomte de Chalon, seigneur de Sassenay et du Tartre, conseiller au parlement de Metz, président du parlement de Dijon en 1682. Il épousa en 1678 Marie DUMAY, fille de Pierre DUMAY, seigneur de Saint-Aubin, conseiller au parlement, et de Jeanne LE COMPASSEUR. Il en eut, entre autres enfants : 1/ Bernard, vicomte de Chalon, seigneur de Sassenay, conseiller au parlement en 1704 ; 2/ Jean, qui suit ; 3/ Jean-Baptiste, seigneur de Saint-Aubin, capitaine d’infanterie.

IX. Jean BERNARD de SASSENAY

Il fut vicomte de Chalon, seigneur du Tartre, Saint-Aubin et Sassenay. Il épousa ,le 12/03/1720 à Dijon, Judith JOLY, fille de François JOLY, seigneur de Bévy et de Chintré, maître des comptes à Dijon, et de Philiberte DUREY. Il en eut, entre autres enfants : 1/ François-Marie, qui suit ; 2/ Jean-Claude, seigneur de Saint-Aubin, lieutenant de cavalerie ; 3/ Olympe, qui épousa Claude FYOT de MIMEURE.

X. François-Marie BERNARD de SASSENAY

Il fut vicomte de Chalon, seigneur de Sassenay et du Tartre, président au parlement de Bourgogne en 1751. Il épousa, en août 1752, Henriette-Flore FEYDEAU de BROU, fille de Paul-Esprit FEYDEAU de BROU, conseiller d’Etat.

Portrait de Claude BERNARD, dit « le pauvre prêtre »


Claude BERNARD, dit « le pauvre prêtre », né à Dijon en 1588, fils du conseiller Etienne BERNARD et de Marguerite PARRADIN, fut un ecclésiastique réputé pour sa charité. Ce fut une grande et noble figure, comparable en tout point à Saint-Vincent-de-Paul dont il fut l’ami. Sa vie, commencée dans le plaisir, avait été assez mouvementée. Après sa conversion, il consacra toute sa fortune, qui était considérable, aux œuvres de charité et refusa tous les honneurs qu’on voulut lui donner. Sa vie (racontée dans une notice parue dans l’Almanach de la société d’agriculture de Louhans, en 1879) est riche d’intéressantes anecdotes dont il n’est pas hors de propos d’en raconter ici quelques unes.


Il visitait les détenus des prisons de Paris, descendant dans les plus noirs cachots pour réveiller dans les âmes criminelles de meilleurs sentiments et éclairer les incrédules, y mettant une patience qui, une fois pourtant, se trouva en défaut. Il s’était oublié à frapper un détenu qui continuait à blasphémer malgré ses avertissements ; celui-ci le lui rendit avec usure et le rossa d’importance : « assomme moi, mon enfant, s’écria BERNARD, mais ne jure plus. »

Un homme de condition était condamné à faire amende honorable à la porte d’un église, pieds nus, couvert seulement d’une chemise et une torche à la main. Il ne pouvait se résigner à supporter cette honte. Pour la lui épargner, BERNARD n’hésita pas : il prit la place de cet homme et s’exposa ainsi à la vue et aux mauvais jugements d’une foule curieuse.

Malgré son habit, le pauvre prêtre ne craignait pas de pénétrer les lieux les plus équivoques. Là, il tâchait de ramener à de meilleurs sentiments des filles perdues, et dès que, par hasard, il avait opéré quelque conversion, il s’occupait de créer une position à son intéressante protégée.

Dans ses élans de charité, il se dépouillait de ses vêtements pour les malheureux. Que de fois, il rentra au logis, s’étant privé de son pourpoint ou ayant changé ses souliers contre ceux de quelques vagabonds. Il poussait l’abnégation jusqu’à ce joindre aux rangs de ceux qu’il soulageait et on le surprit plusieurs fois mendiant à la porte de l’abbaye de Sainte-Geneviève.

On le croyait fou dans le monde. Ses amis le plaignaient. Le cardinal de Richelieu ayant désiré le voir, fut surpris et satisfait de son entretien et, lui ayant demandé en quoi il pouvait lui être utile, le pauvre prêtre sollicita et obtint la permission d’assister au supplice des criminels pour les consoler et les exhorter, refusant le bénéfice d’une abbaye qu’on lui offrait.

Il voulut qu’après sa mort, survenue en 1541, son corps fut inhumé dans le cimetière des Pauvres. On crut à des miracles sur son tombeau. Sa béatification fut demandée.

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