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GENEALOGIE DESCENDANTE DE LA FAMILLE DE JEANNE D'ARC : MA VERSION

mardi 7 octobre 2025

Jeanne d'ARC était-elle française ? - Partie 4 : Domremy et Greux de 1150 à 1300 - Souverainetés

Cet article fait suite à :

Jeanne d'ARC était-elle française ? - Introduction

Partie 1 : Domremy et Greux jusqu'en 1150

Partie 2 : Domremy et Greux de 1150 à 1300 - Seigneuries

Partie 3 : Domremy et Greux – un lien singulier

Dans mes articles précédents, j’ai mis en évidence que Domremy et Greux (qui contenait, à cette époque, les Roises et le Saulcy) étaient initialement du temporel de Toul, principauté épiscopale dite « souveraine », qui relevait de l’Empire Romain Germanique.

En vert : suzeraineté touloise (foncé = Greux, clair = Domremy).

Mes affirmations étant principalement basées sur les travaux de quelques érudits locaux, elles pourraient légitimement être mises en doute. C’est pourquoi j’ai initié une série d’articles dont les objectifs sont les suivants :

A/ Suivre la chronologie des dons et ventes de biens immeubles au sein des territoires de Domremy et Greux de 1150 à 1300.
B/ Mettre en évidence le fort lien historique existant entre Domremy et Greux à cette époque, ainsi que les traces laissées par leur passé toulois commun.
C/ Décrire la perte progressive de l’influence et souveraineté touloise dans la contrée, et notamment, dans ces deux seigneuries.

J’ai développé les parties A et B dans mes précédents articles. Je passe donc à la partie C.

C/ Perte progressive de l’influence et suzeraineté touloise dans la contrée, et notamment, dans ces deux seigneuries.

Dans la partie A, j’ai établi la chronologie des dons et ventes de biens immeubles au sein des territoires de Domremy et Greux de 1150 à 1300. Ce qu’il est important de savoir, c’est que chaque don ou vente devait faire l’objet d’une validation par le souverain dont relevait ledit bien. La chronologie des validations pour Domremy et Greux aux 12ème et 13ème siècles est la suivante :

  • 1168, le 13 octobre : charte de Pierre, évêque de Toul, qui confirme à l’église de Mureau, la terre et les dixmes du Saucis [ADV, cartulaire de Mureau, T 1, f°301-302].
  • 1215 : confirmation par l’évêque Renaud de SENLIS des possessions de Mureau : le lieu de Lescheria, au territoire de Greux, Preele, dans celui de Domremy, entouré par la Meuse, la moitié des grosses et menues dîmes de Frebécourt, deux résaux de froment à La Neuveville-en-Roizes, provenant de Pierre, chevalier, seigneur de BOURLEMONT, et sa femme Félicité, trois parties des grosses et menues dîmes d’Houssellemont reçues de Pierre de ROUCEUX et d’Etienne de BOURLEMONT, chevaliers ; un pré appelé Perchees, donné par Thierru de Saint-Elophe et par Hysmar, chevalier, de Bourlémont ; un pré appelé Sancceons Preez venant de Pétronille de DOMREMY et de ses enfants ; trois mesures de vin à Seraumont (Syromontis) concédé par Hugue, fils de Roger de Froville, et consorts ; des terres et des bois au même lieu donnés par Haymon de Bourlémont, Hugue de Domremy, Jocelin de Gouécourt et consorts ; une terre et un bois de Hatroy et la petite Hêtraie de Vaudeville, provenant de Dodon, chevalier, de Curel ; la plus grande partie du breuil de Liffol-le-Petit, cinq sous à prendre dans le bois de Jarney (in Jarrineto de Fisca) donnés par Hugue de la Fauche, une partie des vignes des Savonnières et du moulin de Longoor, des pâturages à Orquevaux et sa part des moulins de ce lieu, concédés par Liébaud de Bauffremont ; le lieu-dit Lescherie contigu aux territoires de Pargny et de Villouxel, donné par Hysmar de Bourlémont et les siens ; la moitié des dîmes de Rouceux, don des seigneurs de ce lieu. L’évêque confirme en outre à l’abbaye ses hommes de Vouxey (Wyseium), ses biens de Saulxures (Sacsures sub Chastineio), et ses hommes de Vouthon [ADV, cartulaire de Mureau, T 2, f°446-447].
  • 1248, le 28 mai : donation des arages de Domremi, de Greux, de Roises par le seigneur de BOURLEMONT [ADV, cartulaire de Mureau, T 1, f°226].
  • 1248, mai : l’évêque de Toul confirme la donation des arages de Domremi, de Greux et de Roises [ADV, cartulaire de Mureau, T 1, f°226] :

« R. Dei gratia Tullensis episcopus. Universis præsentes literas visuris veritati subscriptæ testimonium adhibere. Noveritis quod Jofridus dominus de Borlemmont in nostra praesentia, constitutus contulit et concessit, in puram et perpetuam eleemosynam, pro remedio animae suae et antecessorum suorum, ecclesiæ Miroevallis Præmonstratensis ordinis, universa aragia de Domno-Remigio supra Mosam, de Greux et de Novavilla juxta Gruex, laude et assensu Sibillæ uxoris suæ, et nostro de cujus feodo dicta aragia de Gruex et de Novavilla movent, et de eisdem aragiis promisit idem Jofridus se garantiam eidem ecclesiæ in perpetuum contulit universos portaturum hæredes etiam suos ad id faciendum astringens. In cujus rei testimonium et consensum sigillum nostrum præsentibus est appensum. Actum anno Domini millesimo ducentesimo quadragesimo octavo, mense maio ».

« Roger, par la grâce de Dieu, évêque de Toul, à tous ceux qui ces présentes lettres liront, nous attestons la véracité de leur contenu. Faisons connaitre que Joffroy, seigneur de Bourlemont, en notre présence, a conféré et concédé en pure et perpétuelle aumône, pour le salut de son âme et de celles de ses prédécesseurs, à l'église de Mureau, de l'ordre de Prémontré, la totalité des arages de Domremy-sur-Meuse, de Greux et de La Neuveville, près Greux, avec l'agrément et l'approbation de Sibille son épouse, et avec notre consentement, les dits arages de Greux et de La Neuveville étant et mouvant de notre fief. Pour ces dits arages, Joffroy lui-même a promis sa garantie, et l’a donnée à cette dite église, obligeant aussi tous ses successeurs à faire de même à perpétuité. En témoignage de quoi, nous avons suspendu notre sceau à ces présentes, faites fan du Seigneur mil deux cent quarante-huit, au mois de mai ».

  • 1248, mai : Le comte de BAR confirme la donation des arages de Domremi [ADV, H29, cartulaire de Mureau, T 1, f°226, n°259] :

« Ego Thibaldus, comes Barri, universis præsentibus et futuris præsentes litteras inspecturis, notum facio quod dilectus fidelis meus Jofridus dominus de Bourleinmont, contulit et concessit, in puram eleemosynam, ecclesiæ beatæ Mariæ Mirævallis, aragia villae suæ de Domno-Remigio supra Mosam, laude et assensu Sibillae uxoris suae et heredum suorum, et nostro de cujus feodo dicta movere noscuntur aragia, in perpetuum integraliter, pacifice et quiete possidenda. Quod ut ratum et stabile in perpetuum habeatur, ad petitionem dicti Jofridi et uxoris suæ, presentem feci paginam, sigilli mei munimine roboravi. Actum anno Domini millesimo ducentesimo quadragesimo octavo, mense maio ».

« Nous  Thiébaut,  comte  de  BAR,  faisons savoir  à tous  présents et à venir, qui verront les présentes lettres, que notre  féal  Joffroy, seigneur de Bourlemont, a donné et concédé, en pure aumône à l'église Sainte-Marie de Mureau, les arages  de  sa ville de Domremy-sur-Meuse, du gré et de l'assentiment de Sibille sa femme et de ses hoirs, et du consentement de nous, du fief de qui les dits arages meuvent, pour les posséder à l'avenir sans aucun trouble ou malengin, Et afin que ce soit chose ferme et stable pour toujours, à la prière dudit Joffroy et de sa femme, nous avons fait mettre notre sceau aux présentes, qui furent faites l'an du Seigneur mil deux cent quarante-huit, au mois de mai ».

=> Il ressort de ces 3 derniers actes, qu’en 1248, la souveraineté de Domremy était partagée entre le comte de Bar et l’évêque de Toul.

  • 1284, octobre : Pierre, sire de BOURLEMONT, engage à l’évêque de Toul, pour 100 livres de Toulois, la ville de Greux qu’il tient en fief de ce prélat [ADMM, 3F441, f°379v°].

=> Il ressort de cet acte, qu’en 1284, la souveraineté de Greux était uniquement touloise.

En résumé, cette chronologie met en évidence que le temporel de Toul a perdu sa souveraineté sur une partie de Domremy au cours du 13ème siècle. Cependant, plusieurs questions se posent alors à nous :

  • Quand le temporel a-t-il perdu une partie de sa souveraineté ?
  • Dans quelle partie du ban et finage de Domremy ?
  • Dans quelles circonstances ?

1/ Dans quelle partie de Domremy la souveraineté touloise fut-elle perdue ?

Seuls des actes ultérieurs au 13ème siècle permettent de définir la partie de Domremy dans laquelle la souveraineté touloise fut perdue. Ils seront détaillés et commentés dans mes prochains articles. Je ne parlerai ici que de l’aveu de Jean de BOURLEMONT de 1334 (le 18 juillet) [ADMM, B364] :

« Je Jehan, sire de Boullainmont, fas savoir à tous ceulx qui verront et orront ces presentes lettres, que je suis homs liges de très hault Prince et puissant monsignour Edouard, conte de BAR, contre tous homes qui puelent vivre et morir, hores le homaige, la feaultey et liegey que je ai et doy avoir à l'eveque de Toul et le roy de France pour cause de la contey de Champaigne. Et dou dict monsignour le comte de BAR teing-je pour cause dou dict homaige, la forte maison de Domremey, le porpris et les appartenances, et la moytié de la dicte ville, c'est adsavoir, dez la pierre en envers lou moustier, si comme li rus la porte, et toutes les appartenances qui appartiennent à cely partie dou ban et dou finaige de Don Remey … Desquelz choses devant dictes je et mi hoirs qui les dictes chozes tenront, seront homes liges dou devant dict comte et de ses hoirs, si comme devant est dict. En tesmoignage de veritey, je Jehans, sires de Boullainmont, dessus dis, ai mis mon seel en ces presentes lettres, qui furent faites l'an de grace mil trois cens trente quatre, le lundi devant la Magdelaine, en mois de Jullet ».

Ce texte ne permet pas de situer précisément la partie du ban de Domremy passée sous souveraineté barroise mais il a le mérite d’exister et de donner des indices intéressants : on y parle d’une « pierre en envers lou moustier », qui semble être une dalle couvrant le ruisseau et servant de passerelle (elle était à l’envers du Moutier, c’est-à-dire derrière l’église) et d’un ru (ruisseau des Trois Fontaines dont le cours a été modifié au cours des siècles).

Le comte de Bar est donc devenu souverain de la moitié de Domremy, la partie sud comprenant le château de l’Isle et ses dépendances. De nombreux érudits ont considéré que « la moitié de la ville » signifiait « la moitié des habitations », et donc, des habitants. Cela me semble être une conclusion hâtive. En effet, à l’époque, cela pouvait tout simplement signifier « la moitié du ban et finage » (il est d’ailleurs indiqué plus loin « à cely partie dou ban et dou finaige de Don Remey ») ou « la moitié de la saison du village » (qui comprenait plusieurs lieudits), et cette moitié pouvait très bien être inhabitée.

Je reviendrai plus en détail sur la localisation précise de la frontière dans mes prochains articles (plusieurs procès, du 15ème au 18ème siècles, permettent d’obtenir des indications précises). Dans cet article, je me bornerai à donner une limite approximative, matérialisée par le chemin de Domremy à Saulcy, qui sépare le ban et finage de Domremy en deux moitiés à peu près égales (voir le plan ci-dessous).

En vert : suzeraineté touloise (foncé = Greux, clair = Domremy), en rouge : suzeraineté barroise.

2/ Quand le temporel a-t-il perdu une partie de sa souveraineté ?

On sait déjà par ce qui précède que c’était avant 1248 mais peut-on remonter plus loin ?

En fait, deux actes nous permettent d’établir que cette perte s’est produite avant 1239. En effet :

  • Un premier acte de juin 1239 nous indique que Geoffroy, sire de Bourlémont, est homme lige de l’évêque de Toul et doit une garde d’un an et un jour à Brixey [BNF, Dupuy 124, f°67].
  • Un second acte de février 1342 nous indique Jean TROUILLART, sire de Lésines, et Aubert de TOROTE, sire de Chastellier, chevaliers, maris des deux sœurs de Pierre, sire de BOURLEMONT, écuyer, reconnaissent tenir ligement de l’évêque de Toul « la moitié de la forte maison de Saulçure, la moitié des villes de Sauxures, Treperey, Houselmont, comey, la moitié de la moitié de Donremay, la moitié des villes de Greus, Roises, Martigny, Gironcourt, Charmes, Gibenville, Séraumont, la moitié des deismes de Barizei la Côte et de Buquilley ». Ils doivent pour ce fief lige « warde ou chastel de Brixey, demie an et demei un jour ».

=> Ces deux actes nous permettent d’établir, qu’en 1239, Geoffroy de BOURELMONT tient du temporel de Toul exactement le double de ce que tiennent Jean TROUILLART et Aubert de TOROTE, soit Greux et les Roises en entier et la moitié de Domremy. Or, on sait que Geoffroy de BOURLEMONT était seigneur de la totalité de Domremy. Il ressort donc de tout cela que l’autre moitié de Domremy relevait déjà, à cette époque, du comté de Bar.

De plus, un acte nous permet d’établir que cette perte s’est produite après 1215. En effet, un acte de 1215 de confirmation des possessions de Mureau par l’évêque Renaud de SENLIS avalise la donation du « Preele », dans le ban de Domremy. Or le pré dénommé « Le Presle » était situé dans la partie sud de Domremy (voir le plan de la partie A), celle dont on sait qu’elle relevait du comté de Bar en 1239.

=> Cet acte prouve que le temporel de Toul était encore souverain de la totalité de Domremy en 1215.

3/ Quelle pourrait être l’origine de ce démembrement de souveraineté concernant le ban et finage de Domremy ?

Le paragraphe précédent nous indique qu’un évènement déclencheur aurait pu se produire entre 1215 et 1239.

Or, Benoit PICART, dans son « ‎Histoire ecclésiastique et politique de la ville et du diocèse de Toul » (p 440), relate une anecdote qui pourrait expliquer ce démembrement :

« [En 1223, Eudes de SORCY, évêque de Toul] eut guerre avec Henri, comte de BAR, et Pierre [sic ! Erreur de Benoit PICART, c’est en fait Frédéric d’après l’acte en annexe de l’ouvrage], seigneur de BRIXEI, pour avoir empêché Thomas de BELRAIM, son vassal, de venir faire ses reprises, de ce qu'il tenoit au nom de son église dans les terres d'Aunoi, de Commercy, et de Pagney sur Meuse. Les sujets du comte de Bar coururent sur les terres de l'évêché de Toul. Ceux que l'évêque avoit armés aiant voulu s'y opposer, furent battus auprés de Void. Le comte de BAR fit brûler sept ou huit villages du temporel de l'évêque, qui, de son coté, usa de représaille ; mais se trouvant trop faible pour resister plus long-tems, il eut recours à Mathieu II, duc de Lorraine, et à l'évêque de Metz, auxquels le roi des Romains se joignit, et fit défenses au comte deBar de plus inquiéter l'évêque Eudes, qu'il apelle prince de l'Empire. Louis VIII, roi de France, prit la défense du comte de Bar, et rendit par-là inutiles les efforts des alliés d'Eudes de SORCY, qui se vit toujours plus inquiété par le comte. Il en porta une seconde fois ses plaintes au roi des Romains, qui, indigné de l'opiniatreté du comte de Bar, le bannit des terres de l'empire avec Pierre [sic ! Frédéric] de BRIXEI ».

L’acte de bannissement se trouve en annexe de l’ouvrage, mais aussi aux archives de Meurthe-et-Moselle :

« ADMM, 2F5 : Fol. 29 v°. Diplôme par lequel l’empereur Henri VII frappe de proscription pour contumace le comte Henri de Bar et Ferry de Brixey [châtelain de Foug], cités devant l’évêque et le chapitre de Toul pour torts commis, envers eux, au château de Foug et en autres lieux ».
« Sententia Henrici VII contra comitem Barri & Fredericum de Brisseio.
HENRICUS Dei gratia Romanorum rex & semper augustus. Notum facimus quod ad querimoniam dilecti principis nostri Odonis episcopi & capituli eclesiæ Tullensis, sententia coram nobis dictante, comitem Barrensem Henricum, pro injuriis quas dicto episcopo & eclesiæ Tullenſi in castro Fago, & aliis locis inferre dinoscitur, & nobilem virum Fredericum de Brisseio, pro gravamine quod eisdem insert, legitime citavimus, qui cum diebus ipsis assignatis non comparuissent, & nunciis dicti episcopi & capituli, ipsos in curia nostra expectantibus, nullos responsales pro ipsis misissent. Nos dicto principi nostro Odoni Tullensi episcopo, & capitulo, justitiam debitam exhibere volentes, & debentes, juxta sententiam principum & nobilium, qui presentes nobiscum aderant, ipsum comitem Barrensem & nobilem virum Fredericum de Brisseio vinculo nostræ proscriptionis innodavimus. Actum anno incarnationis Domini MCCXXIII, sexta seria post epiphaniam Domini, indictione XIII ».

« Henri, par la grâce de Dieu roi des Romains et toujours auguste. Nous faisons savoir que, sur la plainte de notre cher prince Odon, évêque, et du chapitre de l’Église de Toul, la sentence étant prononcée devant nous, nous avons légitimement cité Henri, comte de Bar, pour les injures qu’il est reconnu avoir infligées audit évêque et à l’Église de Toul au château de Foug et en d’autres lieux, ainsi que le noble homme Frédéric de Briffey, pour le dommage qu’il leur a causé. Lesquels, alors qu’ils ne comparurent pas aux jours qui leur avaient été assignés, et que, les envoyés dudit évêque et du chapitre les attendant en notre cour, ils n’avaient dépêché aucun représentant pour eux, nous, voulant et devant rendre justice à notre dit prince Odon, évêque de Toul, et au chapitre, selon la sentence des princes et nobles qui étaient présents avec nous, avons lié ledit comte de Bar et le noble homme Frédéric de Brissey par le lien de notre proscription. Fait l’an de l’Incarnation du Seigneur 1223, le vendredi après l’Épiphanie du Seigneur, indiction treizième ».

Benoit PICART poursuit son récit :

« Alberic raporte sous la même année, que le cardinal Conrad, légat en Allemagne, vint à Toul pendant l'octave de Saint Martin, et que Henri VII, roi des Romains, suivi des archevêques de Cologne et de Maïence, y vint aussi, d'où ils sortirent ensemble pour se rendre à Vaucouleur, où l'on devoit tenir une grande assemblée. Notre manuscrit, qui en parle, dit que ce prince y passa à son retour de Vaucouleur, et que l'évêque et les abbés de Saint Evre et de Saint Mansui firent combatre leurs sujets dans la plaine de Toul, pour divertir le roi. Henri comte de BAR vint le trouver dans cette ville, où, après s'être reconcilié avec son évêque, il obtint la revocation de son banissement, sous la condition néanmoins de donner un dédommagement à Eudes de SORCY, pour les pertes qu'il avoit faites durant la guerre. Le chapitre donna au comte de Bar la garde du chateau de Void et des villages qui en dépendent, à condition qu'il le rendroit à la premiere requisition que le chapitre lui en feroit ; qu'il ne pouroit y faire entrer que dix hommes d'armes, qui seroient agréables aux chanoines ; et qu'enfin on ne feroit marcher à la guerre aucuns de leurs sujets, sans leurs exprés consentement. Le comte de BAR promit reciproquement aux chanoines, qu'il les aideroit envers et contre tous, excepté contre le roi de France, l'empereur, les évêques de Metz et de Verdun ; et que pour tout émolument de sa garde, il ne prendroit sur chaque feu qu'une mesure d'aveine, une poule et un sol toulois. Ce traité fut passé et ratifié dans la ville de Toul, l'an 1226, en présence de Theodoric, archevêque de Tréves, de Jean d'Apremont évêque de Metz, et d'un grand nombre d'ecclesiastiques et de gentils-hommes ».

=> Cette violente confrontation semble être à l’origine de la perte de souveraineté touloise sur une partie de Domremy. En effet, le comte de BAR fit une démonstration flagrante de sa puissance militaire face au fragile temporel de Toul. Il bénéficia par la suite de la garde de villages du temporel. Mais n’aurait-il pas aussi bénéficié, par l’intermédiaire de Pierre de BOURLEMONT, seigneur de Domremy et Greux, à cette époque vassal des deux souverains, d’un pariage [partage de souveraineté] relatif à la seigneurie de Domremy et son stratégique château de l’Isle ? Ce n’est là qu’une simple hypothèse : aucun document d’archive ne permet de le prouver.

Conclusion :

La souveraineté de la moitié de Domremy fut perdue par le temporel de Toul au milieu du 13ème siècle. Et ce n’était malheureusement que le début d’une perte progressive de sa souveraineté dans la contrée, comme nous le verrons lors de l’étude des siècles ultérieurs.

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