Mardi, 17 janvier 1792. Corps de garde de la porte de Trèves. 6 heures et demie du soir.
Je suis content. Merci de vos bonnes lettres. Mais, bonne mémère, comme vous veillez tard pour écrire à votre fils : « dimanche à 11 h du soir », mettez-vous en commençant ; cela est bien tard ! Je vous remercie de tous vos bons soins, mais je crains qu'écrire si tard ne vous fatigue. Je vois bien que votre veillée au salon dure trop. Vous en remontiez à 11 heures seulement pour commencer d'écrire. Ce n'est pas là ce que vous m'aviez promis. Ma sœur, il faut surveiller mémère !
Je suis content. Merci de vos bonnes lettres. Mais, bonne mémère, comme vous veillez tard pour écrire à votre fils : « dimanche à 11 h du soir », mettez-vous en commençant ; cela est bien tard ! Je vous remercie de tous vos bons soins, mais je crains qu'écrire si tard ne vous fatigue. Je vois bien que votre veillée au salon dure trop. Vous en remontiez à 11 heures seulement pour commencer d'écrire. Ce n'est pas là ce que vous m'aviez promis. Ma sœur, il faut surveiller mémère !
Portrait de Mme Durival, dite "mémère", mère adoptive de Joseph-Louis-Gabriel NOEL
Vous m'annoncez une lettre pour jeudi. Je ne la recevrai que vendredi au poste détaché d'Apach, et encore ce bonheur dépendra-t-il de la bonne volonté d'un camarade qui voudra bien me l'apporter le matin. Mémère dit qu'elle sera bien aise de me voir revenu de ce poste ; je l'en remercie, mais il n'a absolument rien de dangereux et quand il le serait, je pense que nous serions tous fiers que j'y aille. Si je suis heureux de n'y pas être longtemps, c’est pour continuer de recevoir vos lettres le jour même de leur arrivée et l'idée que je vais peut-être avant longtemps me trouver cantonné dans quelque village éloigné de la poste me tourmente : je n'ose y songer. Si cela arrive, il faudra en prendre son parti avec courage, mais ce courage-là ne sera point aisé.
… Je me suis interrompu pour tâcher de redresser l'esprit à plusieurs de nos visiteurs de corps de garde. Mais il ont vraiment des têtes d'Allemands. Tandis que j'écrivais, je les entendais affirmer gravement les uns après les autres qu'il y avait un esprit sous la forme d'un chien blanc que 1'on voyait toutes les nuits au haut de la tour où nous faisions faction. Chacun soutenait l'avoir vu. J'ai voulu leur persuader qu'il n'y avait pas d'esprits ni sur cette tour ni autre part et qu'il n'y avait que ceux qui en avaient peur qui les voyaient jamais. Ce fut en vain. Pour appuyer leur dire ils racontaient avec la meilleure foi du monde des histoires d’esprits toutes plus absurdes et plus bêtes les unes que les autres : il y a encore bien des simples d’esprit. Je monterai sur la tour de 10 heures à minuit. Nous verrons un peu si l'esprit viendra ; je crois bien qu'il ne se dérangera pas pour moi, mais si un de nos poltrons monte après, il assurera sans doute l'avoir vu. Adieu, il va être 8 heures ; de 8 heures à 10 heures, en attendant ma faction, je vais lire l'Ecole de l'officier.
Source : Au temps des volontaires - 1792, lettres d'un volontaire de 1792 (Joseph-Louis-Gabriel NOEL), par Gabriel NOEL, Plon-Nourrit, 1912
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