dimanche 13 avril 2014

Robert DUBARLE, le "Bayard du 68e", député de l'Isère


SOUVENIRS DE FAMILLE

Dans ses souvenirs de famille, mon grand-père écrivait les informations suivantes concernant la famille DUBARLE : 

"Mon arrière grande tante CANTEL (née CHARMEIL) était une personne très originale. Elle ne prenait pas son parti de ce que son mari, qui finit cependant sa carrière comme premier président de la Cour d'Appel de Dijon, n'ait pas accédé à la Cour de Cassation comme son beau-frère ALMERAS. Très maniaque, elle vivait fenêtres et volets clos pour que la poussière ne puisse pas entrer dans son appartement.  Elle eut une fille unique qui épousa Léon DUBARLE, un magistrat plein d'avenir, très distingué, fin diseur, mais qui devint sourd et dû prendre une retraite très anticipée partageant son temps entre Grenoble et sa propriété de Pomponne près de Lagny.


Photographie de Marie Joséphine Augustine "Blanche" CANTEL
(source: collection privée Charles-Henry Guyot)

Blanche DUBARLE (née CANTEL) était d'un caractère assez exalté, très pieuse, et dans l'adversité, elle a montré un courage sans faiblesses. Ils eurent quatre enfants :

            - Un fils dont le prénom m'échappe et qui mourut jeune homme accidentellement.
- Une fille qui épousa un officier, Henri CHANZY, neveu du général qui avait commandé l'armée de la Loire en 1871. Elle mourut à la naissance de son 4ème enfant. Je me souviens de trois d'entre eux : Félicien décédé; Marie-Josèphe, mère de Jacques PUTINIER que j'ai retrouvé à Saint-Cloud, officier d'active ayant sauté sur une mine en Indochine, reconverti après avoir fait sciences-po étant aveugle, directeur à la Saviem, père de 4 enfants dont une fille décédée à la suite d'un accident de mobylette. Leur soeur, Léonie MOREAU, avait épousé un officier de marine. Elle eut une jambe broyée par un tramway à Lyon, lors de son retour de voyage de noces. Ils ont eu plusieurs enfants dont un fils qui habite Paris.
- Le second fils de mes cousins DUBARLE, André, épousa mademoiselle de POLINIERE. Brillant officier de chasseurs à pied, il venait d'être reçu à l'école de guerre lorsque la guerre de 1914 éclata. Ils eurent 6 enfants dont deux, Henri et Louis sont entrés chez les Dominicains, une fille Marie de COMBARIEU qui habite les environs de Grenoble après avoir été longtemps à Meknès où son mari avait une grosse exploitation, madame MORTEROL, qui habite Paris, un fils Pierre tombé pendant la guerre de 1939-1945.
- Le dernier des enfants de mes cousins DUBARLE, Robert, brillant avocat, député de l'Isère à l'âge de 26 ans, épousa mademoiselle MARBEAU. Ils n'ont pas eu d'enfant.


En 1915, en l'espace de 4 mois, mes cousins DUBARLE ont perdu, successivement, leur gendre CHANZY, leur fils André, leur fils Robert. Courageusement, ils prirent chez eux les 4 enfants CHANZY et les marièrent. Ils vécurent fort âgés et, à leur noces d'or, firent éditer une image qui d'un côté les représentait jeunes mariés avec leur devise "TOUJOURS TOUT DROIT" et de l'autre les montrait de chaque côté d'un calvaire dont chaque marche portait le prénom de leurs enfants, avec la souscription "TOUJOURS DEBOUT"."

Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph BERNARD-MICHEL


BIOGRAPHIE DE ROBERT DUBARLE

Né le 16 octobre 1881 à Tullins (Isère), mort au Champ d'honneur le 15 juin 1915 à Metzeral (Alsace).

Photographie de Robert Dubarle

Député de l'Isère de 1910 à 1914.

Fils de magistrat, Robert Dubarle fit de très brillantes études à la Faculté de droit de Grenoble. Docteur en droit, il fut secrétaire de la Conférence Molé et s'inscrivit comme avocat à la Cour d'appel de Paris.

Avant d'aborder la vie politique, il lut, travailla et voyagea beaucoup, principalement en Allemagne, mais aussi au Danemark, en Turquie, Grèce, Egypte, Belgique, Hollande et Angleterre.

Très introduit dans les milieux catholiques, il milita dans les rangs de l'Association catholique de la jeunesse française et épousa la nièce de Mgr Marbeau, évêque de Meaux.

Aux élections générales législatives de 1910, il se présenta à Saint-Marcellin contre une notabilité locale, M. Chenavaz, conseiller général, maire, député sortant radical-socialiste qui avait été élu en 1906 par 10.931 voix sur 13.808 votants.


Nouveau David, M. Dubarle triompha dans une élection triangulaire, au second tour, le 8 mai 1910, par 6.343 voix contre 6.214 à M. Chenavaz et 6.190 à M. Buisset, candidat socialiste, sur 18.870 votants. Au premier tour, M. Chenavaz avait obtenu 5.371 voix, Dubarle 4.846, Buisset 4.202 et Dorly 3.551 sur 18.311 votants.

Membre de l'Union républicaine et siégeant à droite, Robert Dubarle fut membre de la Commission des affaires extérieures et des colonies. Il déposa une proposition de loi tendant à indemniser les victimes des inondations de l'Isère et un avis sur les crédits alloués aux troupes internationales à Scutari (Albanie) pour la réfection des casernes turques.

A la tribune, il intervint souvent, soit sur des problèmes d'intérêt local (adductions d'eau dans les campagnes, entretien des bâtiments du couvent de la Grande-Chartreuse, statut des receveurs-facteurs, fraudes sur les noix), soit dans des questions politiques (institution du scrutin de liste avec représentation proportionnelle en 1911), soit lors de la discussion de problèmes de politique étrangère (interpellations sur la Tunisie en 1912, convention franco-espagnole du 27 novembre 1912 sur le statut de l'empire chérifien en 1913). Sa dernière intervention en 1914 fut en faveur de l'enseignement professionnel agricole.

Sa prescience du danger de guerre avec l'Allemagne, qui l'avait poussé à voter le service militaire de trois ans ne fut pas partagée par ses électeurs. Il fut battu au deuxième tour des élections générales, le 10 mai 1914, par M. Buisset, socialiste, qui obtint 9.763 voix, Dubarle n'en obtenant que 8.268, sur 18.273 votants (au premier tour, Dubarle venait en tête avec 7.127 voix contre 5.348 à Buisset et 5.081 à Vallier).


Parti lieutenant à la mobilisation d'août 1914, il fut nommé capitaine au 68e bataillon de chasseurs alpins. Cité plusieurs fois à l'ordre de l'armée, surnommé par son colonel « le Bayard du 68e », il fut fait Chevalier de la Légion d'honneur en mai 1915.

Le 15 juin 1915, il tomba en entraînant sa compagnie à l'assaut d'une position allemande fortement défendue, à Metzeral, en Alsace. Il était âgé de 34 ans. Louis Barthou lui consacra un article dans la Revue hebdomadaire en décembre 1916 et, la même année, publia une Invocation à la Patrie dont Dubarle était l'auteur.

Après la guerre, un monument fut élevé à sa mémoire à la Côte 700 de Metzeral et ses Lettres de guerre à sa femme, son père et ses enfants, furent éditées avec une préface de Louis Barthou.


Encore aujourd'hui, une rue de Grenoble porte son nom, rappelant ainsi son mérite et son dévouement à la patrie.

Sources : Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)


CITATIONS A L'ORDRE DE L'ARMEE

- Citation à l'ordre du 34ème Corps d'Armée, du 19 novembre 1914 :
« A fait preuve de beaucoup d'énergie, de sang-froid et d'initiative dans les engagements des 19, 23, 26 octobre et 10 novembre. A été notamment pour ses hommes un vivant exemple de courage et d'impassibilité sous le feu. »

- Citation à l'ordre de la Division, du 7 février 1915 :
« La Compagnie Dubarle, du 68ème Bataillon de chasseurs, en travaillant nuit et jour, a réussi à créer en 48 heures, à proximité immédiate de l'ennemi, une organisation défensive remarquable. Le général est heureux de lui renouveler par la voie de l'ordre les félicitations qu'il lui a déjà adressées sur le terrain. »

- Citation du 3 mai 1915, Légion d'honneur :
« Depuis le début de la Campagne s'est toujours montré un chef énergique et avisé. A la prise d'une position ennemie très escarpée et couverte de neige, s'est particulièrement distingué en entraînant sa compagnie à l'assaut. A été d'un secours précieux pour le commandant du bataillon en prenant le commandement de plusieurs fractions dont les chefs avaient été tués ou blessés, et a ainsi contribué à la réussite de l'assaut et de la poursuite. »

- Citation à l'ordre du Bataillon, du 3 juin 1915 :
« Le 27 mai a été blessé légèrement par un éclat d'obus en soutenant l'attaque d'une position ennemie ».

- Citation à l'ordre de l'Armée, du 10 juillet 1915 :
« Officier aussi valeureux que téméraire, déjà décoré sur le champ de bataille pour sa brillante conduite ; est mort en faisant le geste du chef dont il avait toute la grandeur d'âme, entraînant avec un absolu mépris du danger toute sa compagnie à l'assaut d'une position ennemie fortement défendue, au cri de : « En avant, pour la France. » »

- Camp Dubarle. Décision du 9 juillet 1915 :
Le nom de Camp Dubarle est donné au camp de la cote 700. Le capitaine Dubarle, du 68e Bataillon de Chasseurs alpins, a particulièrement contribué à la conquête du terrain du massif du Schnepfenried. A été frappé en sortant des tranchées de la cote 955 au moment où il entraînait ses chasseurs au cri de : Vive la France ! A été un modèle d'énergie et de force morale.


 CITATIONS DE SON FRERE ANDRE DUBARLE

Photographies d'André Dubarle


- Citation à l'ordre de l'Armée, du 25 août 1914 :
« S'est particulièrement distingué dans différents combats livrés les 8 et 9 août 1914. »

- Citation à l'ordre de l'Armée, du 26 septembre 1914 :
« Dubarle, capitaine au 31e Bataillon de chasseurs : belle conduite au feu. »

- Citation à l'ordre de l'Armée, du 2 octobre 1914 :
« A entraîné avec vigueur sa compagnie jusqu'à la première tranchée allemande. A fait preuve d'une énergie, d'un sang-froid et d'une bravoure au-dessus de tout éloge. »

- Citation à l'ordre de l'Armée, du 18 octobre 1914 :
« Déjà cité à l'ordre de l'Armée pour sa belle conduite dans un premier combat; s'est de nouveau distingué en s'élançant à l'assaut avec une compagnie de 15ème chasseurs sur la première tranchée allemande dont il s'est emparé. Officier d'une énergie indomptable. »

- Citation : Chevalier de la Légion d'honneur, le 12 décembre 1914.
« Ayant reçu l'ordre, le 19 septembre 1914, de se porter au secours de fractions d'un corps voisin, en péril et dépourvu de munitions, a accompli cette mission avec une rare bravoure, sous une grêle de balles et le feu du canon ennemi. A reçu cinq balles au cours de cette mission. N'en a pas moins ramené sa compagnie à son poste primitif dans le plus grand ordre et ne s'est fait panser qu'une heure après avoir été blessé, ses forces l'abandonnant. »

- Citation à l'ordre de l'Armée, du 2I mars 1915 :
« Officier d'élite. Cité quatre fois à l'ordre de l'Armée depuis le commencement de la campagne pour sa bravoure et son énergie, est tombé glorieusement le 4 mars, au moment où il entrainait sa compagnie à l'assaut des lignes allemandes. »


CITATIONS DE SON BEAU-FRERE HENRI CHANZY


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