Le mystère de La Tour des Alméras : épisode 2

Dans le précédent épisode, Le mystère de La Tour des Alméras : épisode 1, j'ai exploré la piste d'un surnom "LA TOUR" qui aurait été justifié par le nom d'une possession de François-Joseph ALMERAS.

Il me reste maintenant à explorer la seconde piste, celle d'une famille ascendante prestigieuse du nom de LA TOUR. Mais, auparavant, je voudrais insister sur la vénération des ALMERAS pour "LA TOUR" qui transparait dans les exemples suivants :

1/ Le symbole de la Tour est très présent chez les ALMERAS du Dauphiné (notamment dans les armoiries), et pas seulement chez les ALMERAS-LATOUR. En effet, nous pouvons remarquer qu'une Tour est aussi présente dans le blason du général et baron d'Empire Louis ALMERAS qui n'est pourtant pas de la branche des ALMERAS-LATOUR (c'est un cousin). Pourquoi cette tour dans ses armoiries ? Est-ce une référence à une famille ascendante prestigieuse ou bien une simple coïncidence ?

Armoiries du baron d'Empire Louis ALMERAS 
(à noter : il apparait sous le nom de "Louis ALMERAS de LA TOUR" dans les archives des Pont-et-Chaussée en 1787)

   

Armoiries de la famille ALMERAS LA TOUR

2/ Le surnom "LA TOUR" a pris une importance colossale au sein de la descendance de François-Joseph ALMERAS. Le nom s'est même parfois effacé pour laisser place au surnom. Par exemple, Joseph-Gabriel ALMERAS-LATOUR est parfois nommé "le sieur LATOUR" dans certains documents (par exemple, en 1824, dans la délibération de la commune de Jardin du 27 septembre : "le sieur LATOUR, avocat à Vienne ... absent").

Délibération de la commune de Jardin du 27 septembre 1824

(Source : Une magistrale famille : Alméras-Latour, G. RICHARD, Cahier n°16 de "Chuzelles histoire et patrimoine")

3/ Certaines alliances de la famille ALMERAS ont, elles aussi, ajouté ce surnom "LATOUR" à leur nom. Tel est le cas de Pierre-Joseph REYMOND, époux de Marguerite-Brigitte-Irma ALMERAS-LATOUR. Il n'a pas hérité de la fameuse "maison Latour" qui serait, soi-disant, selon R. Dufroid, à l'origine du surnom. Et pourtant, il a lui aussi voulu ajouter le surnom "LATOUR" à son patronyme. Est-ce en référence à une ascendance prestigieuse de sa femme qu'il voulait laisser en héritage à ses enfants?

Annonce de Mr REYMOND-LATOUR (Journal de Vienne n°3 du 21/01/1843)

4/ Dans les lieux où sont passés les ALMERAS-LATOUR, le nom de "LA TOUR" s'est implanté. Par exemple, Louis-Michel ALMERAS-LATOUR, qui hérita du château de Veynes à Genas, créa "le petit domaine de LA TOUR" (ensemble de parcelles situées derrière le château), domaine qu'il donna en dot à sa fille unique Marie-Joséphine-Claire lors de son mariage avec Louis-Maurice SEROT (en 1865). Là encore, le nom de LATOUR fut laissé en héritage aux générations suivantes puisque le nom "SEROT" devint "SEROT-ALMERAS-LATOUR" (officialisation en 1876).

Le domaine de LA TOUR à Genas, peint par Camille SAIN (collection R. JANIN)

Domaine de LA TOUR (en rouge) situé derrière le château (source : archives Rhône)

Le château de Veynes changea même de nom : il devint le château de LA TOUR...

Carte d'état major (vers 1889)

 Tout Lyon Annuaire, 1910 (le château fut racheté par Claude PEILLON en 1906)

C'est tout de même surprenant, cette vénération permanente des ALMERAS pour ce nom de "LA TOUR" au cours des siècles !!!

Dernière précision : le surnom "LATOUR" ou "de LA TOUR" était très en vogue aux 18ème et 19ème siècles. Il faut dire que c'était un surnom qui sonnait bien et qui pouvait se rattacher à tout et n'importe quoi (une ascendance proche ou lointaine, une terre quelconque de ce nom, une habitation avec une tour, ...). On peut citer, par exemple, les FANTIN-LATOUR, les VIDAUD-LATOUR, les BAILE-LATOUR, etc ...

Voilà, j'en ai terminé avec l'omniprésence de LA TOUR chez les ALMERAS du Dauphiné (et leur descendance). Il faut maintenant passer à l'étude de l'ascendance de François-Joseph ALMERAS pour trouver des explications à cette énigme patronymique.

Suite au prochain épisode ...