La branche parisienne des ALMERAS, originaire du Languedoc (un partage de famille en date du 30/04/1607, Ms 3305, indique que la famille ALMERAS est issue de la région de Bagnols-sur-Cèze et Pont-Saint-Esprit, et apparentée aux viguiers de Bagnols), fut mieux qu'une famille de gentillatres de Chinon, tirée de province par RICHELIEU et arrivée grâce au cardinal (ainsi que l'avance A. de ROTHSCHILD).
L'un de ses membres, Jean d'ALMERAS, époux de Madeleine CHERRUYER de MALESTROIT, fut secrétaire du roi (1571) et audiencier de la chancellerie, fonction qu'il résigna en 1604 en faveur de son fils René.
1/ René d'ALMERAS, baron de Valgrand, l'aîné des fils de Jean, naquit vers 1575 et décéda le 04/01/1658. Il fut, comme son père et son frère, audiencier en la chancellerie (1604), conseiller et secrétaire du roi (1606), maître des comptes (1622). Il eut aussi le titre de secrétaire de la reine d'Angleterre. Il épousa la fille d'un président de la Chambre des comptes, Marguerite FAYET, puis Marie LE CLERC, fille d'un conseiller d'Etat du duc de Lorraine.
Armoiries de Réné d'Alméras, baron de Valgrand
Le 09/03/1657, à 82 ans, il se fit recevoir comme séminariste dans la congrégation de la Mission qu'allait gouverner son fils aîné René. Un autre de ses fils, Jean, fut aumônier du roi et prieur de Châteauneuf. Ce fut Pierre, capitaine aux gardes, qui continua la descendance masculine de la famille.
2/ Pierre d'ALMERAS, seigneur de Saint-Rémy et de la Saulssaye, second des fils de Jean, fut aussi conseiller secrétaire du roi (1605-1617). En 1613, il est trésorier général des ligues suisse et grisonne, charge qu'ont aussi ses 2 beaux frères Claude LE ROUX et Martin de LIONNE. C'est lui qui fit construire, entre 1611 et 1613, l'hôtel d'Alméras situé dans le Marais.
Photo de l'hôtel d'Alméras situé dans le Marais
Il fut, sous Henri IV, l'ami de BASSOMPIERRE, CREQUY et GUISE, des gens "de la ville" comme CHEVRY, le futur président des comptes. Parfois, le roi était leur commensal.
Pierre ALMERAS remplit un rôle très important et utile. En effet, Le 18 novembre 1615, Guillaume FOUQUET de LA VARENNE résigna ses fonctions de général des postes et relais en sa faveur moyennant le prix de 353 000 livres. Le traité spécifiait que René d'Alméras aurait la survivance de son frère Pierre.
En 1623, les premiers courriers ordinaires partant et revenant à heures fixes furent mis en mouvement de Paris à Bordeaux, de Paris à Lyon, et de Paris à Toulouse. Les premiers bureaux de poste aux lettres avec à leur tête un directeur se créent dans les grandes villes.
En 1624, Pierre d'ALMERAS décide de confier l'exploitation des postes à des maîtres des courriers, véritables directeurs régionaux qui gèrent les bureaux de poste de leur région, recrutent leur personnel et rémunèrent les courriers.
En 1627, le premier tarif général des postes est instauré. C'est un arrêt du Conseil d'Etat du Roi, en date du 16 octobre 1627 (lettres patentes du 12 mai 1628), qui donna force de loi au premier règlement intervenu pour la taxe des lettres et paquets des particuliers, entre Paris, Bordeaux, Lyon, Toulouse et Dijon. Les taxes sont proportionnelles au poids et à la distance. Indépendamment de ce tarif, le règlement contenait les dispositions spéciales ci-après :
" ... et d'autant que chacun se licencie de mettre or, argent ou pierreries dans leurs dits paquets, dont ils prétendent rendre responsables nos dits courriers, et à quoi il se peut commettre plusieurs abus, défendons très expressément à tous particuliers qui se voudront servir de ladite voie pour l'envoi de leurs dites lettres et paquets, d'y mettre or, argent, pierreries ou autres choses précieuses, à peine qu'où il en arriverait faute, nos dits courriers ni leurs distributeurs n'en demeureront responsables.
Et néanmoins, pour ne priver le public de cette commodité, et de l'envoi de petites sommes, pour instruction de procès ou autrement, ordonnons à nos commis desdits bureaux de tenir entre eux correspondances de remises, et de recevoir les deniers qui leur seront présentés à découvert, dont ils chargeront leur registre, pourvu qu'ils n'excèdent la somme de 100 livres de chaque particulier, et de se contenter d'un prix raisonnable pour le port d'iceux à proportion de la distance des lieux."
A dater de ce règlement, l'intérêt fiscal du service des Postes se développe, l'exploitation ne va pas tarder à être affermée à des particuliers, qui ont à lutter contre la concurrence des entrepreneurs de transports libres; sur leurs réclamations, vont être rendus des arrêts qui constitueront en quelque sorte le privilège des fermiers et, plus tard, de l'Administration elle-même, pour le transport exclusif des correspondances.
Au 31 décembre 1629, la charge de Général des postes est supprimée, et son remplacée par trois offices de surintendants généraux des postes, relais de France et de chevaucheurs de l'écurie du roi.
Les frères d'ALMERAS étant tombés en disgrâce et n'ayant pas été admis à concourir, les 3 offices de surintendant furent achetés par une seule et même personne, Nicolas de MOY, marquis de Boves, qui devint Surintendant général des postes. Celui-ci récupéra les sommes investies en vendant, à son tour, les offices de Maîtres de courriers et de loueurs de chevaux.
La Poste Centrale de New York City rend hommage au contrôleur général des postes Pierre d'ALMERAS. En effet, on peut voir gravé sur la façade du bâtiment :
CARDINAL DE RICHELIEU
PUBLIC POSTAL SERVICE
PIERRE D'ALMERAS MDCXXI
GENERAL DES POSTES
Photo de la façade de la poste centrale de New-York
C'est l'architecte de cet immeuble, William Mitchell Kendall qui a inscrit les noms de ces personnages marquants de l'histoire postale : RICHELIEU parceque sa politique a rendu le système postal français plus accessible au public au début du XVIIème siècle et Pierre d'ALMERAS parcequ'il a établi les frais d'expédition.
Peu après son départ des postes, Pierre d'ALMERAS, qui n'était pas marié, se confina dans une sorte de retraite en sa maison du faubourg Saint-Germain. Il y mena une vie exemplaire et il se fit prêtre. Il mourut le 22/02/1637. C'était, dit BASSOMPIERRE, "un très grand homme de bien, lequel je regretterai tant que je vivrai, pour parfaite amitié que je lui portais depuis près de quarante ans, sans intermission".
Source : dictionnaire de biographie française, Aliénor Antlup, T II, p270-271
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire