Jeanne d'ARC était-elle française ? - Introduction

Cette question, qui paraît pourtant d’une simplicité déconcertante, a fait couler beaucoup d’encre pendant plusieurs siècles (historiens, érudits locaux, juristes, ...). Etant passionné de Jeanne d’ARC et de sa famille depuis plusieurs dizaines d’année, je me devais d’y répondre à mon tour.

Tout d’abord, quelles sont les conséquences de la réponse à une telle question ?

• Si elle est positive, cela ne justifie pas pour autant la récupération qui a été initiée au 19ème siècle (notamment par Michelet), transformant Jeanne d'ARC en une héroïne patriotique et nationale, symbole de la résistance contre l’étranger, et qui a perduré au 20ème siècle via des partis politiques nationalistes, en faisant une icône identitaire. Les motivations profondes de Jeanne d’ARC transparaissent clairement dans son procès. Le fondement de son action n'était pas patriotique mais religieux. En effet :
• Elle répéta sans cesse : « mes voix me disaient… ».
• Ses décisions (partir voir le Dauphin, lever le siège d’Orléans, aller à Reims, ...) furent toujours justifiées par une mission divine.
• Si Dieu lui avait demandé d’aider les Anglais, elle l’aurait fait, sans aucun doute possible. D’ailleurs, à la question des juges : « si Dieu commandait aux Anglais qu’ils vinssent sur la France, croiriez vous qu’il fût bon de les laisser entrer ? », Jeanne répondit : « je crois que c’est impossible que Dieu commande cela. Mais, s’il commandait qu’on ne les combattît point, alors il faudrait obéir ». En clair, son obéissance à Dieu passait avant tout, et sa mission n’était pas fondée sur un patriotisme ou une haine des Anglais, mais sur la certitude que Dieu lui commandait de libérer le royaume pour Charles VII.
• Si elle est négative, cela ne fait que renforcer plus encore l’illégitimité des récupérations nationalistes.

Fondamentalement, la réponse à la question n’a, en elle-même, que peu d’importance. La controverse est plus une opportunité pour explorer, de façon très approfondie, l’organisation politique, sociale et religieuse liée à cette époque, au sein d’une région frontalière aux ramifications très complexes.

D’ailleurs, la question posée n’est-elle pas anachronique ? Qu’était véritablement la France au début du 15ème siècle ? Les notions de patrie ou de nation existaient elles ?

Au cours de son procès, Jeanne d’ARC répéta souvent qu’il lui avait fallu « venir en France », ce qui donne à penser qu’elle n’était pas française. Cependant, elle nomma aussi souvent Charles VII comme étant « son roi », ce qui donne à penser qu’elle faisait partie du royaume de France.

Tout cela semble paradoxal à première vue… J’espère que mes futurs articles sur cette thématique vous permettront d’y voir plus clair.