Dans mon article précédent (http://toutsurlagenealogie.blogspot.com/2024/06/descendance-darc-du-lys-rectification.html), j'ai présenté un document trouvé aux archives départementales de Meurthe-et-Moselle qui remet en cause les généalogies établies depuis des siècles.
En effet, il met clairement en évidence que Didon du LYS, femme de Thouvenin THIERRIET, n'était pas la sœur, mais la mère de Claude THIERRIET dit du LYS, curé de Domrémy, et Didier THIERRIET dit du LYS, écuyer, époux de Nicole de BRIXEY.
Cependant, ce document en est un parmi d'autres (dont certains en contradiction avec cette assertion). Il me faut donc maintenant expliquer comment j'ai pu distinguer les documents dignes de foi de ceux trafiqués voire faux.
Quelle est l'origine de l'erreur généalogique ?
Il faut revenir à Charles du LYS et sa tentative d'établissement de la généalogie descendante de la famille d'ARC du LYS. En effet, celui-ci n'avait que peu de documents à disposition. Il contacta alors des descendants pour tenter de récupérer des informations complémentaires.
Pour ce qui concerne la branche qui nous intéresse, il eut une correspondance avec Claude DALLY, qui demeurait à Vaucouleurs et avait reçu son projet de mémoire généalogique. Malheureusement, ce dernier n'avait que peu d'éléments lui à communiquer, comme il l'indique dans sa lettre du 16/08/1609 :
Conformément à un vieil mémoire que j’ay recouvert de nostre descente, elle [Jeanne d'ARC] est nommée Jeanne DAY, auquel mot a esté, par la corruption du langage (lequel est assés grossier en nostre climat), adjouté une ou deux L en sorte que les uns se sont nommés DALY par une L simple, les autres deux L : DALLY ; erreur en ce cas émanée (à mon advis) du peu de curiosité qu’ils ont eue à en observer l’orthographe, ayant tous esté gens de guerre, sans cognoissance des lettres, fors ung, lequel, ayant esté prestre, curé de Domremy, j’ay trouvé en quelques lettres d’acquits par luy faicts qu’il se nomme DU LYS, et de faict m’a-t-on affirmé avoir veu aucuns siens escrits latins, ès quels il se nommoit Claudius A LILIO, ce qui donne quelque vraisemblance à l’opinion que rapportés en vostre mémoire de DALLY à DU LYS. Jean DAY, donc, frère de la Pucelle, ainsy que dient les anciens mémoires que j’ay recouverts (la disgrâce des troubles nous ayant apporté la perte de tous nos titres), laissa Anne et Didon DAY, ses filles, en outre desquelles laissa messire Claude DALY ou DU LYS, prestre curé de Domremy, et Didier DALY, gendarme de la compagnie de M. de GUISE. Ledit Didier laissa 4 fils et 5 filles.
Selon lui, Jean du LYS, prévôt de Vaucouleurs, eut deux filles, Anne et Didon DAY, et de ce Jean étaient aussi issus Claude DALY, prêtre, et Didier DALY, gendarme, mais il ne semblait pas connaître les détails de cette généalogie descendante. Par contre, ce dont il était sûr, c'est qu'il descendait de ce Jean du LYS en ligne masculine, fait dont il semblait particulièrement fier, dénigrant Jean HORDAL et Jean ROYER, "descendants seulement par l'alliance qu'ils ont eue en la famille" :
Jehan [DAY], frère d’icelle la Pucelle, duquel nous sommes issus ... Jehan [DAY], tronc de nostre famille ... Plusieurs personnes dans le pays ont souhaité de se faire croire descendans de ceste maison, entre autres M. HORDAL, professeur de droit en l’université du Pont-à-Mousson, et ce Jehan ROYER duquel votre mémoire fait mention. Mais ce n’a esté que par l’alliance qu’ils ont eue en la famille, en laquelle ne restoit plus de masles, synon un mien frère aisné, marié en Lorraine, à la fille du lieutenant des gardes de Son Altesse, et moy, qui me suis habitué au lieu de Vaucouleur.
Difficile, pour Charles du LYS, d'établir une généalogie en accord avec tous les fragments des divers descendants. Il fut donc contraint d'être consensuel et de construire une généalogie satisfaisante pour tout le monde.
Dans son premier ouvrage de 1610, il donnait les informations suivantes :
Jean, second frère, se fist nommer DU LIS, suivant la permission du Roy, fut pourveu de l'office de prévost à Vaucouleurs, par la libéralité du mesme roy Charles septiesme. C'estoit alors le plus grand et bel office de la plus proche ville du lieu où il estoit natif, qui est le village de Dompremy, en la prévosté de Vaucouleurs. ll mourut audit Vaucouleurs, y ayant longtemps exercé ledit office, iusques en l'an 1460. Laissa trois enfans audit Vaucouleurs, Estienne, Claude et Nicolle ; dudit Claude est descendu Thévenin ; dudit Thévenin est descendu Didier du LIS, qui fut gendarme de la compagnie de ce grand duc de Guise, lequel fut tué devant Orléans, l'an 1562. Dudit Didier du LIS sont descendus cinq enfans, l'aisné nommé Claude, qui fut bénéficier et curé de Dompremy, et s'est tousjours nommé par ses escrits et tiltres en latin Claudius A LILIO; le second, Anthoine, lieutenant d'artillerie de Monsieur le duc de Lorraine ; Nicolas et François, décédez sans enfans, et une fille nommée Didon du LIS, vivante à Dompremy. De cet Antoine sont descendus deux frères, braves gentilshommes, l'un demeurant audit Vaucouleurs, et l'autre marié en Lorraine à la fille du lieutenant des gardes de Monsieur le duc de Lorraine. De ladite Didon du LIS est descendu M. Claude NOBLESSE, à présent curé dudict Dompremy, et y demeurant avec sa mère. Vray est qu'ils escrivent et prononcent aucuns d'eux à la mode du langage grossier du pays, DALIS pour du LIS, comme ils escrivent de mesme façon, une fleur dalis pour une fleur de lis.
Pour résumer, sa première proposition généalogique fut la suivante :
On voit que Charles du LYS avait bien pris soin de respecter la descendance en ligne masculine de Claude DALLY, son correspondant de Vaucouleurs. Un Etienne du LYS et un Thévenin du LYS étaient présents dans sa généalogie mais aucune source n'était donnée. C'est d'ailleurs un problème récurrent chez Charles du LYS : il ne citait que très rarement ses sources et n'en donnait que des extraits très partiels. Difficile de contrôler la véracité de ses nombreuses allégations...
La version de 1628 de Charles du LYS a déjà été présentée dans l'article précédent. La généalogie proposée était très différente de la première :
Il est très important de noter que Charles du LYS présenta Didon du LYS comme soeur de Didier du LYS sans aucune preuve concrète car, dans les extraits fournis, aucun lien de parenté n'est donné entre la donatresse et les bénéficiaires.
Et pourtant, pendant plusieurs siècles, le système généalogique de Charles du LYS sur Etienne ou Thévenin du LIS et sa descendance fut définitivement adopté, y compris par le brillant Henry MOREL, qui se laissa embarquer malgré quelques doutes.
Pourquoi l'erreur perdura-t-elle pendant si longtemps ?
Les généalogistes ne trouvèrent jamais rien sur cet Etienne ou Thévenin du LIS : aucun document et aucune trace concrète de vie. A la rigueur, tout aurait pu en rester là ... C'était finalement sans importance ... Mais c'était sans compter les recherches d'usurpation de noblesse qui débutèrent dès le milieu du 17ème siècle ! Il fallait absolument tout prouver ! Or, pour les familles qui étaient identifiées comme issues de Thévenin du LYS, l'ouvrage de Charles du LYS ne fut bien sûr pas jugé comme une preuve suffisante.
Une Maison qui en fit les frais fut la famille LE PICARD, issue de Claude DALLY de Vaucouleurs, le fameux correspondant de Charles du LYS (dont la fille, Elisabeth DALLY, avait épousé Jean LE PICARD). Le dossier initial des preuves pour le maintien de noblesse était le suivant (Manuscrit Français 32998) :
Jean LE PICART, écuier, seigneur de Fulaines, demeurant à Montigny les Vaucouleurs, élection de Chaumont.1- Jehan LE PICARTActe du 14/07/1469, signé BROCHIN et LEMOIGNE, notaires [illisible car effacé] plusieurs tesmoins nobles, ecclesiastiques et roturiers attestent que [Jehan LE PICART] demeurant à Bergeres est noble, vit noblement, jouit des privilèges accordés aux gentilshommes, et qu'il est fils de Simon LE PICART, capitaine de Montaimé et de Phelize sa femme, lequel Simon auroit ... pour le service du Roy à la guerre ... des Anglais.2- Nicolas LE PICARTAcquest fait par Nicolas LE PICART, écuier, demeurant à Vertus le 19/05/1555 ...Contrat de mariage du 10/07/1558 signé VALLERAS et GUERRET, notaires à Vertus, de Nicolas LE? PICART, écuier, assisté de Pierre LE PICART, aussy écuier, et damoiselle Jeanne RAULET, avec damoiselle Claude AUBURET?.3- Gabriel LE PICARTContrat de mariage du 14/01/1584 signé AUBRY et MALOT, notaires à Vertus, de Gabriel LE PICART, écuier, avocat en parlement, lieutenant général du bailliage de Vertus, fils de Nicolas LE PICART, écuier, et assisté de François de BOUDA, écuier, sieur de Paradis, de Pierre de BOUDA, escuier, et noble homme Mre Jean LALLEMANT, son beau-frère, avec damoiselle Elizabeth MOREAU, fille de Pierre, contrôleur au grenier à sel ... et de damoiselle Marie CAILLET.Aveu et dénombrement de la terre et seigneurie de Fulaines fourny ... par Gebriel LE PICART, escuier, sieur de Fulaines, lieutenant général au bureau de Vertus, le 08/10/1605, signé BOSCHET, notaire à Vertus.4- François LE PICARTContrat de mariage du 25/10/1607, signé de PIEDMONT, notaire au tabellionnage de Vienne le Chastel, entre François LE PICART, écuier, sieur de Fulaines, fils de Gabriel LE PICART, écuier, avocat au parlement de Paris et lieutenant général au bailliage de Vertus, et de Damoiselle Elize MOREAU, assisté de Michel PINGUENET, écuier, sieur de Coulons, son oncle, avec damoiselle Nicolle d'ESTOCQUOIS, fille de Ferry, escuier, sieur de Barons, capitaine de Vienne le Chastel, et de damoiselle Marie de SERVAL, assistée de Claude d'ESTOCQUOIS ... son oncle.Inventaire des biens délaissés par feu François LE PICART, escuier, sieur de Fulaine, acquestés de damoiselle Nicolle d'ESTOCQUOIS, sa veuve, aiant la garde noble de Jean et Ferry LE PICART, ses enfants, du 17/01/1617, reçu par LA MARCHE, notaire à Vienne le Chastel.5- Jean LE PICARTContrat de mariage du 23/11/1643, signé BARROY, tabellion en la prévôté de Vaucouleurs, de Jean LE PICART, écuier, sieur de Fulaines, fils de François LE PICART, écuier, sieur dudit Fulaines, avec damoiselle Elizabeth DAILLY, fille d'honoré seigneur Claude DAILLY, seigneur de Gibomel, et de damoiselle Catherine TREMEL. Il étoit lieutenant de la compagnie de chevaulx légers du sieur DAUSSY au régiment du marquis de ROQUELAURE, par un acte du duc d'Angoulesme du 25/07/1642.
Malheureusement, ces preuves furent considérées insuffisantes. Leur maintien de noblesse fut refusé. Dans ses notes secrètes ("Notes de Monsieur de Caumartin sur la recherche des nobles de la province de Champagne en 1673", 1883), CAUMARTIN nota à propos de cette famille : "PICART, sieur de Fulaine, refusé, pièces jugées fausses".
Cette situation était inacceptable. La famille LE PICARD fit alors appel de cette sentence auprès de Michel LARCHER, conseiller du roi, commissaire pour la recherche des usurpateurs de titres de noblesse dans la généralité de Champagne.
Sachant que la noblesse des familles HORDAL et de GRATAS avait été maintenue par reconnaissance de leur appartenance à la famille de la Pucelle, les LE PICARD décidèrent d'adopter la même stratégie. Ils rassemblèrent alors des preuves de leur ascendance dont une incroyablement convaincante : la fameuse donation de Didon du LYS du 23/02/1552. Grâce à la famille MIRIAT, descendante des LE PICARD, ce document fut publié en 1979 par DEBOUTEILLER et DE BRAUX dans leurs "Nouvelles recherches sur la famille de Jeanne d'Arc":
Acte de donation du 26 février 1552 par Didon du LYS, veuve de Thevenin THIERRELY.
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront et orront, Nicolas VOLANT, escuyer, capitaine et prévost de Gondrecourt, garde du scel de lad. prevosté, scavoir faisons que pardevant Jaspard BERNARD et Claudin COLLET, tabellions jurez establys en la chastellenye et prévosté de Gondrecourt, de par nostre tres redoutté seigneur monsieur le duc de Calabre, Lorraine, Bar, etc., fut présente en sa personne noble femme Didon du LYS, vefve de feu Thevenin TIRLY, demeurant à Dompremy-sur-Meuze, laquelle a recogneu que pour le bon amour qu’elle a et peut avoir de Orry COLLIN dict DESHAZARDS, au nom et comme administrateur des corps et biens de Jeanne du LYS sa femme, Claudin du LYS, Anthoine du LYS, Françoise du LYS, Didon du LYS, Colas du LYS, Barbe du LYS, Nicolle du LYS et François du LYS, tous enfans de feu noble homme Didier du LYS leur père, et que ainsy plaist à ladicte donatresse, elle a donné et donne aux dictz DU LYS ses nepveux et niepces acceptantz par ledict DESHAZARDS tous les biens qui luy doibvent venir et qui luy sont venuz de feu noble homme Thevenin du LYS son père à cause du partage d’entre luy et Claude du LYS son frère, faict comme s’ensuyt tant au dict Dompremy on ban St Gérard, Jubainville, qu’à Gibaumel :
Premièrement
[Domrémy]
La tierce partie de la maison scize audit Dompremy ou souloit demeurer on commencement noble homme Jehan du LYS, père aud. Thevenin du LYS, et ses parens ;
Item six hommées, six verges de terres ou jardin derrier ladite maison ;
Item trois hommées et quatre verges en la saison de Friner ;
Item le tiers d’un jour moins trois verges en la vallée des pierres soubs les vignes ;
Item pareille terre plus bas ;
Item deux hommées de terre en la saison susdicte que tenait Pierre CLAUDE ;
Item trois hommées six verges on lieu dict la Marsaude ;
Item trois hommées six verges en mesme lieu ;
Item trois hommées de prey sur le bord du grand rupt provenant de Martin BILLON ;
Item une autre prey que l’on partage avec les héritiers dudit BILLON ;
[Jubainville]
Item les droictz à Jubainville, qui sont droictz seigneuriaulx tant en grain, poulles qu’autrement. Les terres dont ban Sainct Gérard consistantes en six hommées dix verges plus hault que le rupt ;
Item six hommées encore plus hault ;
Item un jour emmy la terre de douze jours ;
[Gibaumel]
Item ce qui luy appartient à Gibaumel, tant au Moulin qu’aux courvées, poulles, bois et autres choses qui sont droicts seigneuriaux ;
Item en la saison derrier le chasteau en la petite « Courvée Des Seigneurs », deux hommées de terre ;
Item trois hommées sur le prey ;
Item un demy quart de jour on bas de Roue vers Chasleynes ;
Item deux hommées et deux prises dans les Essarts ;
Item on la saison des Ensanges, deux hommées, dix verges ou la Chavernierre ;
Item en la haye Bonnot une hommée et demi ;
Item on mesme lieux deux hommées trois jours vers le bois de Chasleynes ;
Item on la terre des sept jours une hommée et demie ;
Item derrier l’église trois hommées et trois verges ;
Item deux hommées on Essart ;
Item on lieudict on la Naue un quart et demi ;
Item six hommées de prey on « Prey des Seigneurs » ;
Tout lesquels iceulx biens elle veut estre partagés en égalité par ses nepveux et niepces, comme n’ayant point d’enfants procréez de son corps, et à la charge de faire prier Dieu pour elle et de ses parents que Dieu absolve et pour estre employez à l’enseignement de leurs moeurs ; voulant de plus que pour plus grand asseurement, touttes formalitez soient adjoustez par devant les juges endroict soy et à droict, renonceant à toutte chose qui pourroit ayder à venir contre les présentes.
Et en tesmoing de vérité nous garde susdict, es la relation des dictz jurez et de leurs seingz manuelz miz à ces présentes, avons icelles scellées du scel de lad. prevosté saufs tous droicts. Et fut faict et passé le vingt-sixiesme fevrier l’an mil cinq cent cinquante-deux avant Pasque : signé Bernard et Collet, avec paraffe et scellé de cire verte.
Collationné à l’original en parchemin sain et entier en escripture et signature par les tabellions royals, gardenottes et greffiers d’arbitrages à Vaucouleur, sousignés ce huit mai mil six cent nonante neuf.
Signé ROBERT, tabellion, DUPARGE, greffier des arbitrages.
Suivent les certifications desdits sceaux et signatures, et le contrôle à l’enregistrement.
Peut-être était-ce même un peu trop beau, non ???
Toujours est-il que, grâce à ce précieux document, la famille LE PICARD gagna "haut la main" sa bataille juridique : par un arrêt rendu à Châlons le 28/11/1699, Michel LARCHER cassa la sentence de Claude MARCHAND et maintint les appelants dans leur qualité de nobles, du fait de leur parenté avec la Pucelle d'Orléans.
Cependant, CE DOCUMENT EST UN FAUX !
En effet, il ressemble à celui cité par Charles du LYS mais ce n'est pas celui de Charles du LYS ! Ce dernier se trouve aux archives départemental des Vosges. Son contenu est le suivant :
1552, le 26 février : Acte de donation de Didon du Lys
Acte de donation du 26 février 1552 par Didon du Lys, veuve de Thevenin Thierrely.
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront et orront, Nicolas Volant, escuyer, capitaine, prévost de Gondrecourt et garde du scel de lad. prevosté, salut. Scavoir faisons que pardevant Jaspard Bernard et Claudin Collot, tabellions jurez et establys à ce faire audit Gondrecourt et en la chastellenye et par nostre tres redoutté seigneur monsieur le duc de Calabre, Lorraine, Bar, etc., fut présente en sa personne noble femme Didon du LYS, vefve de feu Thouvenin THIERREL, demeurant à Dompremy-sur-Meuze, laquelle a recogneu que pour le bon amour qu’elle a et peut avoir de Olry Collin dict Deshazards, au nom et comme administrateur des corps et biens de Jeanne du Lys sa femme, Claudin du Lys, Anthoine du Lys, encore Françoise du Lys, Didon du Lys, Colas du Lys, Barbe du Lys, Nicolle du Lys et François du Lys, tous enfants de feu noble homme Didier du Lys est que que ainsy plaist à ladicte donatresse, elle a donné et donne par donation irrévocable faite entre vifs audits enfants dudit feu Didier du LYS aux noms que dessus, à ce présents, stipulants et acceptants pour eux, leurs hoirs et ayants cause les héritages qui s’ensuivent assis et situés es bourgs et finages de Greux et Domprémy
Assavoir :
[Domrémy]
Une maison ainsi qu'elle se comporte avec les usuaires d'icelle devant et derrier scituee audit Dompremy en la rue de la Fontaine, près le moulin, joindant d'une part les hoirs Jehan LEZEVILLE et les enfans Jacob THIERYEL, d'austre part.
Item deux parsons en une grange par indivis dont les cinq parsons font le tout partable avec les hoirs dud. Jacob THIERIEL et d'austre part joindant Remy LE PARMENTIER dudit Dompremy d'autre part.
Item assez près lad. fontaine, les deulx pars en une maison avec les usuaires d'icelle dont les cinq pars font le tout de lad. maison partable ausd. hoirs Jacob Thieriel joindant le ruisseau de la ville pres dudit moulin d’une part et les hoirs feu Gerard NOBLESSE d’autre part.
Item encores audit lieu en une petite maisonnette, les deux pars en icelle avec ses usuaires partable aux hoirs Jacob THIERIEL dont les cinq parsons font le tout, joindant aux héritiers feu Gerard NOBLESSE d’une part et le ruisseau d’autre part.
Item encores deux parsons en une maison dont les cinq parsons font le tout avec les usuaires d’icelle partable aux hoirs Jacob THIERIEL, joindant Morise MACADEL d’une part et l’usuaires de la ville d’autre part.
Item le tiers en une place avec les deux parsons au reste de ladite place partable aux héritiers dud. THIERIEL avec les usuaires d’icelle devant et derrière joindant Morice MACADEL d’autre part et les hoirs Jehan MUSNIER d’autre part dont ledit tiers se prent au long des héritiers dudit feu MUSNIER et les deux autres parsons partables comme dessus avec les héritiers dud. THIERIEL.
Item une maison avec les usuaires d'icelle au long du chemin tirant a Greux joindant a la vefve Michel THIERIEL LE COMTE d'une part et le ruisseau dud. Dompremy d’autre part.
Item encores telle part et portion que ladite reconnaissante peult et doibt avoir en une grange avec sa part d’usuaires d’icelle comme le tout se comporte partable à la vesve dud. Michel Le Comte joindant la maison lad. vesve d’une part.
Item en la ? du ? Saint Thiebault demy jour de terre audit ? Saint Thiebault joindant à Didelot Prevot d’une part et à la voye dudit Prevot.
Item un tiers de terre aux champs Le Moyenne monseigneur de Massey, d’une part.
Item demy jour dessoulz la voye du pasquis de Greux joindant aux hoirs Jehan MORELET et a lad. voye.
Item demy jour au ban de Greux au lieu dit en la terre Bellin joindant a monseigneur de Maxey.
Item demy jour au ban de Couxay joindant à Gauthier a la voye dud. Gauthier.
Item trois quartz sur la Fertelle partable a Pierre JOUGNET dud. Couxey.
Item demy jour de terre en damron joindant les héritiers Jehan de BIZAY d’une part.
Item demy jour de terre ou giron dudit Dompremy joindant Simon Gay d’une part.
Item demy jour au ban du Bouges des Dames soubz l’arbre La Pucelle joignant Jehan Deppo d’une part.
Item un quart de terre en la voye de Bourlemont joignant aux hoirs Macadel d’une part.
Item quart et demy sur la foullee joignant a Macadel d’une part et Gaucher de Couxey d’autre part.
Item demy jour de terre au lieudit sur Pruelle joignant les prez d’une part et Jehan Thouvenot d’autre part.
Item quatre tiers de jour en lieudit En Gyron joignant la chapelle de Lisle d’une part et les Hayottes d’autre part.
Item demy jour ou environ joignant a la Remonte d’une part.
Item un tiers de jour a la fontaine Sainct Morice Mougeot MATHELIER d'une part.
Item un quart et demy de terre au lieudit A l'Arbrespine joignant aux hours Gerard MAULCHAIN d'une part.
Item un tiers de terre ou giron joignant a messire François HUBERT d’une part.
Item demy jour de terre au lieudit En Corbefosse joignant Jacqueline, vesve de feu Gérard NOBLESSE d’une part.
Item un tiers de terre sur le pasquis dud. Greux joignant la cure d’une part.
Item un demy quart de terre sur la voye de Bourlemont joignant a Saint Remi d’une part.
Item trois quartz de terre au ban dud. Dompremy partable aux héritiers feu Jehan MUSNIER et plusieurs autres heritages ainsi que s’ensuict [insertion : et sont plus au long délivrés aud. Contrat et generallement tout ce que lad. donateresse y a et luy appartient en heritages esdits bans de Greux et Dompremy que autre part sans aulcune chose en excepter ne hors mettre chargez des deniers seigneuriaux envers les seigneurs soulz lesquelz ilz sont assiz et desquelz heritages et maisons lad. donnateresse s'est desistee et dessaisie est en a vestu et saisi lesd. donataires cy dessus nommez es noms que dessus pour eulz , leurs hoyres et ayans cause ...
J'ai la certitude que le document produit par la famille LE PICARD est un faux pour les raisons suivantes :
1/ Les 2 actes ont été établis à la même date et par le même notaire. S'il y avait vraiment eu 2 actes de donation, Charles du LYS les aurait eu tous les deux en sa possession (ils se seraient trouvés dans le même registre notarial, l'un à la suite de l'autre).
2/ Gibeaumeix et Jubainville étaient des parties de fiefs apportées par Nicole de BRIXEY (via Jeanne de GOMBERVAUX, sa mère). Il n'y a aucune raison pour que Didon du LYS ait des parts de ces fiefs. Elle ne descendait pas de ces femmes.
3/ La seigneurie de Gibeaumeix était partagée par indivis par de nombreux héritiers. Seul le château était parfois partagé précisément (par exemple, les VORNAY avaient hérité de "la principale et plus grosse tour"). Le description précise des biens de Didon du LYS à Gibeaumeix n'est donc pas crédible. Elle ne correspond d'ailleurs pas du tout à ce qui est décrit dans les fois, hommages et dénombrements d'Antoine du LYS (effectués tant en son nom qu'en celui de ses frères et soeurs en 1574).
Peut-on blâmer cette famille d'avoir créé de toute pièce une preuve pour parvenir à ses fins ? Je ne le pense pas. En effet, les LE PICARD étaient réellement des descendants de la famille d'ARC du LYS mais ils ne réussissaient malheureusement pas à réunir toutes les preuves nécessaires. Il leur fallait donc un petit coup de pouce du destin pour que l'administration admette enfin la véracité de leur ascendance...
Dans le prochain article, je parlerai de la seigneurie de Gibeaumeix et de ses partages successifs, afin de prouver que Didon DALLY ne pouvait posséder de part dans cette seigneurie.
Suite au prochain épisode...
Toutes les informations récoltées au cours de mes recherches sur la famille d'ARC du LYS se trouvent dans la rubrique Preuves de mon site dédié arc-du-lys.blogspot.com.
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