mardi 5 juin 2012

Bernard MICHEL (1787-1855), conseiller municipal d'Uckange

Né en 1788, Bernard MICHEL avait 33 ans à la mort de son père qui s'appelait, comme lui, Bernard MICHEL (négociant en bois et maire d'Uckange de 1795 à 1806).

Comme ses grand-père et père, il continua à gérer la négoce de bois familiale. Il figura dans le Bottin de 1822 en qualité d'exploitant d'un commerce de bois. Dans l'annuaire de la Moselle de 1845-1846, il figura sur la liste du jury du canton de Thionville à la 17ème place de ce canton par rang d'importance. Il fut conseiller municipal à Uckange de 1837 à 1840.

Portrait de Bernard MICHEL

Bernard MICHEL acheta puis agrandit, en 1830, une maison, située rue de Thionville, qui fut la maison de famille des BERNARD-MICHEL jusqu'en 1971.


Maison Bernard-Michel à Uckange, dessin de F. de Buffévent, 1954


Bernard MICHEL, point de départ du nom BERNARD-MICHEL :

Le trait d'union était-il la particule de la bourgeoisie aux 18ème et 19ème siècles ?

Pas toujours. Il avait parfois pour origine un trop grand nombre d'homonymes présents dans un village ou un canton. Il devenait alors inévitable de se démarquer pour être reconnu. On commençait donc à sur-nommer : par le nom de l'épouse, de la mère, du lieu ou de la maison, du métier, etc...

Par exemple, au 18ème siècle, dans le canton de Bressieux (Isère), on trouvait les "Guillermoz-Jardin", les "Guillermoz-Rolland", les "Guillermoz-Bouletière", les "Guillermoz-Pijean", etc...

Ces noms composés étaient des noms usuels plus ou moins officiels. Ils apparaissaient soudainement dans des actes paroissiaux, puis disparaissaient parfois tout aussi vite au niveau des générations suivantes...

Par exemple, les "Guillermoz" devinrent les "Guillermoz-Rolland". Certains de leurs descendants devinrent les "Rolland". Enfin, certains des descendants de ces "Rolland" devinrent "Rolland de Ravel" ou  "Rolland-Garagnol", etc.... Et tout cela en moins d'un siècle...


Très souvent, l'apparition du trait d'union accompagnait la bourgeoisie croissante d'une famille. On en trouvait beaucoup dans les milieux de la politique et de la magistrature.

C'est, par exemple, le cas des ALMERAS-LATOUR, des SEROT-ALMERAS-LATOUR, des CASIMIR-PERIER, etc... Plusieurs possibilités s'offraient aux familles pour le choix du nom composé :

1/ Le nom était précédé du prénom de l'ascendant célèbre ou marquant (cas de la famille CASIMIR-PERIER en référence à Casmir PERIER, banquier et homme politique célèbre).
2/ Le nom était suivi d'un nom de possession : château, terre, ... (cas de la famille ALMERAS-LATOUR qui possédait la maison LATOUR à Chuzelles).
3/ Le nom était suivi du nom d'une famille célèbre présente dans l'ascendance (cas de la famille SEROT-ALMERAS-LATOUR en référence au baron Louis-Michel ALMERAS-LATOUR dont elle descend).


Roger MARTIN DU GARD décrit admirablement ce phénomène dans son roman « Les Thibault » (qui devint d'ailleurs un téléfilm) :


« Voilà », fit Oscar THIBAULT : « je tiens à prendre vos avis sur un projet que j’ai fait pour vous ». Sa voix prit une nuance de mélancolie et un son d’authenticité qui ne lui étaient pas coutumiers : « Vous verrez, mes enfants, quand vous atteindrez mon âge, comme on s’interroge, malgré tout, sur la portée de ce qu’on a fait. Je sais bien que toutes les forces employées à bien faire concourent au même but, et s’additionnent. Mais est-ce qu’il n’est pas pénible de penser que tout l’effort d’une vie individuelle viendra peut-être se perdre dans les alluvions anonymes d’une génération ? Est-ce qu’il n’est pas légitime, pour un père, de désirer que ses enfants, au moins, gardent un souvenir personnel de lui ? Ne fût-ce qu’à titre d’exemple ? » Il soupira. « En toute conscience, j’ai donc pensé à vous, plus qu’à moi. Je me suis dit que, dans l’avenir, il pourrait vous être agréable, étant mes fils, de ne pas être confondus avec tous les THIBAULT de France. N’avons-nous pas derrière nous deux siècles de roture, dûment justifiée ? C’est quelque chose. Pour ma part, j’ai conscience d’avoir, selon mes moyens, accru ce patrimoine respectable ; et j’ai le droit – ce sera ma récompense – de souhaiter que l’on ne méconnaisse pas votre origine ; de désirer que vous portiez mon nom en son entier, pour le transmettre sans mutilation à ceux qui naîtront de mon sang. La chancellerie a prévu de semblables désirs. J’ai donc, depuis plusieurs mois, rempli toutes les formalités nécessaires à la modification de votre état civil ; j’aurai sous peu quelques papiers à vous faire signer, à l’un et à l’autre. Et, selon moi, dès la rentrée, - au plus tard vers la Noël - vous aurez légalement le droit de ne plus être des THIBAULT quelconques, des THIBAULT tout court, mais des OSCAR-THIBAULT, avec un trait d'union . » Il joignit les mains et les frotta l’une contre l’autre. « Voilà ce que j’avais à vous dire. Ne me remerciez pas. N’en parlons plus. Et allons dîner. »

On peut très bien s'imaginer Bernard MICHEL tenir ces propos à son fils Eugène. Le trait d'union BERNARD-MICHEL apparait d'ailleurs pour la première fois dans l'almanach du commerce de 1829.



Extrait de l'almanach du commerce de 1829


Contrairement aux "Oscar-Thibault" de Martin du Gard, Bernard MICHEL ne légalisa pas le nom composé "Bernard-Michel", c'était un simple nom d'usage qui fut porté en prénom par la descendance masculine : par son fils Nicolas "Eugène" Bernard MICHEL, par son petit-fils "Auguste" Bernard MICHEL, par son arrière-petit-fils "Joseph" Eugène Bernard MICHEL, et ainsi de suite.

Après un bref passage officiel à "BERNARD-MICHEL" sur des cartes d'identité au début du 20ème siècle (l'administration de l'époque n'étant pas trop stricte), le nom devint "MICHEL dit BERNARD-MICHEL" jusqu'en 1992. Puis, l'administration devenant de plus en plus stricte, elle commença à interdire les noms usuels sur les cartes d'identité et le nom officiel redevint alors brutalement "MICHEL".

Cet évènement fut très problématique car les trois quarts des documents officiels de la famille (diplômes, sécurité sociale, retraite, ...) étaient au nom de "BERNARD-MICHEL". Oups !

Bref, Edouard BERNARD-MICHEL fut obligé de se lancer dans une procédure de légalisation du nom "BERNARD-MICHEL" qui dura presque 10 ans.

Par décret du 02/12/2002, au prix de longues démarches, cette procédure prit fin avec l'officialisation du nom usuel "BERNARD-MICHEL".

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