dimanche 17 novembre 2024

Vautrin HORDAL

Dans un précédent article (Qui se cache derrière Jean HORDAL, professeur de droit à l'université de Pont-à-Mousson ?), j’ai percé le mystère de l’ascendance de Jean HORDAL, professeur à l’université de Pont-à-Mousson, nommé initialement Isaac GEORGE, fils de Nicolas GEORGE, tailleur d’habit à Nancy, et Nicole HORDAL. Je vais maintenant parler de son grand-père maternel, Vautrin HORDAL.

 
Armoiries HORDAL du LYS

A vrai dire, les seules informations disponibles sur lui proviennent de l’enquête relative à l’anoblissement de Jean HORDAL en 1596. Deux témoins nous donnent quelques informations :

  • « Vénérable et discrète personne Messire Estienne HORDAL, doyen et chanoine de Toul et chef du chapitre de cette église, agé de 66 ans » dit « qu’il a tousjours ouy dire de ses prédécesseurs … que oultre lesdits messire Claude, Jehan et Comtesse les HORDAL, seroient issus dudit Etienne HORDAL et de ladite Hawy [du LYS] un nommé Vautrin HORDAL, ayeul dudit maître Jehan HORDAL lequel mourut du temps que le marquis de Brandebourg amena des troupes en son pays, entre les bras de luy déposant, au lieu de Nancy, où il faisoit lors sa résidence en une maison joignant les Cordeliers. Tellement que les enfants issus desdits Estienne Hordal et Hawy, sont du nombre de quatre : sçavoir les dits messire Claude, Jehan, Vautrin et Comtesse HORDAL ».
  •  « Edeline, veuve de feu Claudin ROLLIN, demeurant à Barisey, agée de 75 ans », dit « que la nommée Hawy estoit parente à la Pucelle de Domremy, à ce qu’elle a entendu souventes fois dire à son père, nommé Simonin HORDAL, fils d’Estienne HORDAL et d’une nommée Jehanne, sa première femme ; son mary fut au festin de ses nopces, ayant pour lors espousé ledit Estienne HORDAL duquel elle a eu quatre enfants sçavoir Me Claude HORDAL, qui fut archidiacre de Port et depuis grand doyen de Toul, Jehan HORDAL, père de Maître Estienne HORDAL, à présent grand doyen, Vautrin HORDAL, marié à Nancy, et Comtesse HORDAL mariée à Mansuy BOULENGER vivant à Barisey ».

Bref, pour résumé, d’après les témoignages, Vaultrin HORDAL se serait marié à Nancy, où il habitait une maison joignant les Cordeliers, et semble y être décédé en 1552, lors du celèbre combat qui eut lieu à cette époque au faubourg Saint-Nicolas de Nancy, combat qui opposa le marquis Albert de BRANDEBOURG, alors à la tête d’une bande d’aventuriers, au duc Charles d’AUMALE, aidé de René de ROHAN et de 200 gentilhommes français et lorrains (ce dernier fut tué lors de l’affrontement).

Voyons maintenant si les informations données par ces deux témoins sont fiables. Mes recherches m’ont permis de récolter les éléments suivants :

La famille HORDAL ne semble s’établir dans la ville de Nancy qu’à partir de 1534. En effet, c’est à cette date Messire Claude HORDAL (dont nous parlerons dans un prochain article), prêtre et chanoine, est nommé chapelain de la grande chapelle Richard Nuizette dit Quatre-Bras, appelée aussi chapelle Sainte Croix, siruée dans le prieuré Notre-Dame de Nancy. Son frère Waultrin HORDAL, couturier de métier, semble l’avoir suivi à Nancy et s’y être marié avec Mengeon PIERRE, fille Claudin PIERRE, chapelier, et Marguerite de MESNIL.

En effet, en 1536, devant le prévôt de Nancy, noble homme Claude de VAUDEMONT, une poursuite engagée par un certain Nicolas MANAL à l’encontre de « Waltrin HURDAULT, cousturier dmt à Nancy défendeur », fut réglée. Elle concernait le non paiement total d’une maison vendue 200 frs « audit Waultrin et sa femme, située au lieu de Nancy en la place [Saint-Epvre], entre La Harbaye, veuve de feu Hervé LE GUYON, en son vivant barbier du commun en l’Hostel de Monseigneur le duc, d’une part, et les hoirs de feu Claude PIERRE d’autre part ». Les 20 frs manquants furent payés par Waultrin HORDAL et l’affaire fut close.

En 1542, son frère Messire Claude HORDAL, laissa et assura « à Waulthrin HOURDAL, tailleur demeurant audit Nancy, et à Mengeon sa femme, pour eux et leurs enfants, nés et à naitre, et pour le survivant d’eux tous, une maison dépendante de ladite chapelle [Sainte Crois], assise et située audit Nancy, en la rue du petit bourget, entre le couvent des frères [Cordeliers] d’une part, Bastien PATICIER de Saint Dizier et l’héritage de ladite chapelle d’autre ». Waultrin et sa famille déménagea donc dans cette nouvelle maison, obtenue pour un cens annuel de 12 francs, tout en conservant sa maison de la place Saint-Evre.

En 1550, son frère chapelain lui permit encore d’étendre, pour un cens annuel de 5 francs, sa surface habitable en ajoutant « encore une chambre haut, le grenier dessus, les allées, aisances et appartenances d’icelle étant en une maison joindant la maison » déjà habitée par Waultrin et sa famille.

Il décéda fin mai 1552 d’après le rôle des habitants de Nancy. Il demeurait en « la rue du Petit Bourget, commençant à la porte de la Craffe » (l'actuelle grande rue). Sa veuve, Mengeon PIERRE, eut à reprendre le paiement de la taxe d’habitation : « De Waultrin le cousturier [HORDAL], qui décéda à la fin de may, an de cedict compte (1552), que sont six moys, pour ce 8 gros. Et pour sa vesve, pour les autres sept mois restans de cedict compte 10 gros et demi » (Rôle des habitants de Nancy en 1551-1552, Journal de la Société d’Archéologie Lorraine, 1854). A noter que cette date est en plein accord avec le témoignage de d'Etienne HORDAL.

Mengeon PIERRE, sa veuve, ne lui surviva que quelques années. Elle testa fin 1554. Son testament comporte 3 informations d’intérêt :

  •  « J’élis la sépulture de son corps en la Chapelle Richard NUSET, en la fosse de ma belle mère, fondée en l’église Notre Dame de ce lieu de Nancy ». Si les témoignages d’Etienne et d’Edeline (voir plus haut) s’avèrent exacts, cette belle-mère ne serait autre qu’Hawy du LYS, qui aurait suivi ses deux fils à Nancy (vers 1530) où elle serait décédée quelques années plus tard. Pourquoi Hawy a-t-elle été enterrée dans la chapelle Sainte-Croix ? Cette question fera l’objet d’un prochain article.
  • « Je donne à Mre Martin, son gendre, le cachet de mon feu mari ». Il est prouvé que Claude HORDAL, frère de Waultrin, utilisait un cachet aux armes de la famille d’ARC. Il semble donc que Waultrin possédait, lui-aussi, un semblable cachet.
  •  Les enfants du couple sont cités : Marguerite, Hawy, Nicole, Anne, Marie et Jean.

Dans un prochain article, nous parlerons de la descendance de Waultrin HORDAL et Mengeon PIERRE.