Pages

samedi 19 octobre 2024

Qui se cache derrière Jean HORDAL, professeur de droit à l'université de Pont-à-Mousson ?

Mon ancêtre Jean HORDAL, anobli par le duc de Lorraine comme descendant de la famille de Jeanne d'ARC en 1596, est un personnage bien intriguant. En effet, lorsqu'il fut désigné, le 7 octobre 1587, lecteur ordinaire de l'université de Pont-à-Mousson, il était dénommé "Jan George dit Hordal, docteur ez droicts et advocat au parlement de Thoulouse".

Nombreux furent les érudits qui décidèrent de retranscrire cette dénomination en "Jean-George HORDAL", sans vraiment se poser plus de questions.

Cependant, en raison de l'ascendance trop évasive présentée par Jean HORDAL tout au long de sa vie, j'étais persuadé qu'il avait cherché à cacher quelque chose. Je décidais donc, pour ma part, d'adopter la retranscription suivante : "Jean GEORGE dit HORDAL". Je subodorais, sans aucune preuve tangible, qu'il était le fils d'un certain X. GEORGE et d'une certaine X. HORDAL.

Nombreux furent les érudits qui cherchèrent à en savoir plus son origine familiale. A noter, par exemple, les recherche d'André GEORGE dans la région de Toulouse pour tenter de retrouver des traces de notre énergumène (Archistra, n°201, 11/2000, "une énigme historico-généalogique à l'université de Toulouse au XVIème siècle"), malheureusement sans aucun succès.

Portrait de Jean HORDAL

Les choses en restèrent là pendant plus d'une dizaine d'années, ayant mis de côté mes recherches sur la descendance johannique, lassé de tenter de démêler sans succès ce sac de nœuds généalogique.

En 2001, ce ne fut pas une voix qui se révéla à moi mais un mail providentiel d'Olivier Eyraud, un érudit lorrain auteur de nombreux ouvrages (voir en fin d'article), qui me fit reprendre espoir dans mes vaines recherches. Il faut rendre à César ce qui est à César ! Merci Monsieur Eyraud !

En effet, mon intuition s'était avérée exacte, il avait retrouvé la trace de Jean HORDAL et sa famille dans des actes notariés nancéiens : le nom de naissance de Jean HORDAL était en fait ... Isaac GEORGE !!! Fils de Nicolas GEORGE, tailleur d'habits à Nancy, et de Nicole HORDAL. Incroyable !

J'ai ensuite creusé cette piste en me rendant dans les archives de Meurthe-et-Moselle et j'ai retrouvé plusieurs dizaines d'actes qui me permettent de confirmer ce fait et d'établir une généalogie très précise de la branche nancéienne de la famille HORDAL. Je la présenterai dans un prochain article.

Ce prénom d'Isaac sent la religion réformée à plein nez ! Ses parents étaient-ils protestants à l'époque de sa naissance pour lui donner un tel prénom ? J'y mettrais ma main à couper !
 
Il semble qu'Isaac GEORGE soit ensuite parti pendant plusieurs années dans la région toulousaine pour y poursuivre des études de droit. Puis il abandonna le prénom d'Isaac, trop typé protestant, pour prendre celui d'un de ses oncles, Jean, religieux jésuite.

Isaac alias Jean GEORGE voulut ensuite absolument faire apparaitre le nom de sa mère, descendante de la famille d'ARC du LYS : il se fit tout d'abord nommé Jean GEORGE dit HORDAL, puis tout simplement Jean HORDAL. Quel magnifique tour de passe-passe en une dizaine d'année seulement ! On ne peut qu'applaudir ce passage d'Isaac GEORGE à Jean HORDAL !

Restait ensuite à se faire anoblir en 1596, à la fois grâce à son parcours professionnel et à son ascendance johannique.

Jean HORDAL ne semble pas avoir poussé le bouchon jusqu'à se faire dénommer "Jean HORDAL du LYS" (personnellement, je n'ai vu aucun acte avec une telle mention). Par contre, ses fils et petit-fils terminèrent le travail : leurs noms et signatures portèrent la marque de fabrique "HORDAL du LYS", voire même, pour certains, simplement "du LYS".

La boucle est bouclée ! En une génération, il a été possible de passer subrepticement du nom "GEORGE" au nom "DU LYS", comme si la descendance d'ARC du LYS s'était perpétuée uniquement en ligne masculine. Les traces des alliances par les femmes ont été estompées, voire effacées.

Cet exemple est représentatif de ce que toutes les familles descendantes en ligne féminine ont tenté de mettre en place depuis le 15ème siècle, et ce, pour profiter des exemptions d'impôts, voire de l'anoblissement utérin soit-disant promulgué par Charles VII.

Livres écrits par Olivier Eyraud :
2009 : Livre de la recherche et du recueil des nobles du duché de Lorraine.
2011 : Les gentilhommes d'Amance et familles alliées.
2011 : Cahiers généalogiques de la prévôté d'Amance, en Lorraine.
2012 : Les gentilhommes d'Amance et familles alliées.
2014 : Notables et anoblis.
2021 : Une famille de la chevalerie lorraine
2023 : Documents inédits sur Pierre Woeiriot de Bouzey et sa famille.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ajouter un commentaire