jeudi 1 janvier 2015

Année 1938 : les menaces de guerre

Votre mère s'habitue très bien à Uckange. Elle s’occupe de l’Action Catholique Générale Féminine (ACGF) avec Mme NOEL et cela lui vaut de nombreux entretiens avec son amie Marguerite de MITRY. La vie s'organise bien pour les études des enfants. Philippe prend des leçons avec Melle ANNESER et travaille avec sa mère. Troisième vacances à Malbuisson. Je passe 15 jours vers la fin août et je participe avec Claude au tournoi de Tennis. Très bonnes vacances et je quitte les miens sans souci. Quelques jours plus tard, l'horizon s'obscurcit. HITLER réclame le territoire des Sudètes en Tchécoslovaquie (comme étant peuplé de gens de race allemande). Les diplomates s'agitent. Les chancelleries se consultent. La France a un traité qui la lie à la Tchécoslovaquie et devra intervenir. Or, elle n'est pas prête. Très vite, la situation s'aggrave et, mi-septembre, la France commence à mobiliser. Déjà, des rappels concernent certaines catégories de réservistes. Mussolini ne semble pas être désireux de  faire la guerre de suite. Aussi est-il l’objet de pressions en vue d'une intervention auprès d'HITLER. Et après des espoirs suivis de déceptions, une conférence est décidée. Elle doit se tenir à Munich, entre 1’Allemagne et l'Italie d'une part, France et Grande Bretagne d'autre part. Le soir même de ce jour, je reçois mon ordre de mobilisation. Déjà, des régiments de réservistes commencent à passer par Uckange pour aller prendre leur position.

Au matin, je ferme Uckange en quittant la maison avec le coeur gros, ayant caché l'argenterie et les objets, sans grande illusion d'ailleurs. Je rejoins mon centre mobilisateur à Metz où l’on me confie le dossier de mobilisation de la batterie de projecteurs que je dois mettre sur pied à Longeville-les-Metz. Dossier mal étudié : il manque de 1'habillement, des couverture, des armes et des munitions. Les hommes arrivent avec l’idée bien arrêtée d'en faire le moins possible et leur moral est loin d’être à la hauteur. Heureusement, les chefs d’état réunis à Munich semblent vouloir s’entendre, ce qui est confirmé le lendemain où l’on apprend qu’un accord est intervenu.

Nous restons mobilisés huit jours et la démobilisation se fait d'ailleurs dans d'aussi mauvaises conditions que la mobilisation. Vraiment, l'armée n'est plus celle que j'ai connue pendant la guerre de 14/18 et elle a bien baissé. Je rentre à Uckange où votre mère est arrivée avec vous, deux jours auparavant. On respire à nouveau, mais pour combien de temps ? La Tchécoslovaquie est morcelée, une partie de son territoire, les Sudètes, revenant à l’Allemagne, d'autres régions à la Hongrie et à la Pologne. Nous avons abandonné un allié qui comptait sur nous.

Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph BERNARD-MICHEL

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