« C’est le moment d’évoquer la mémoire du général uckangeois d’adoption Jean-Pierre DELATTE, alors lieutenant-colonel. Tout comme le général HENRY, fameckois d’adoption, il fut de l’importante et malheureuse bataille de Saint-Privat-la-Montagne dont la canonnade se répercuta jusque dans les foyers de la région ...
Né en 1818 à Metz et y demeurant, fils de Dominique DELATTE, propriétaire et arpenteur forestier (qui figure en 1843 parmi les plus imposés de la commune), et de Suzanne BECKER, décédée à Uckange en 1835, il épouse à Uckange, en octobre 1846, Suzanne MICHEL, 24 ans, fille de Bernard, négociant, et de feue Madeleine BECKER. Nous relevons parmi les témoins Théodore BECKER, oncle maternel des époux. Il reparaît dans les actes en 1854, comme capitaine en garnison à Douai, pour la naissance de sa fille Madeleine, puis, l’année d’après, pour le décès de son beau-père. Nommé général en 1878, il commande en Algérie et meurt en 1881 à la Gaulre, près de Briey.
Sa chapelle sépulcrale et celle de sa famille, aux noms de ‘’DELATTE-LOIZILLON et KLEIN-DELATTE’’, sont parmi les plus marquantes du cimetière. Massives et bétonnées, avec leurs coupoles et ouvertures de type mauresque, elles font involontairement à des fortins de défense contre le temps et l’oubli. Et l’on n’est pas autrement surpris de lire à travers les fentes de la porte de fer qu’un général est inhumé là ».
Source : Uckange à travers les âges et les gens, Adrien PRINTZ, p 143.
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DELATTE (JEAN-PIERRE) naquit à Metz le 2 avril 1818. Il commença ses études au collége de Thionville et les termina au lycée de Metz.
Reçu à l'Ecole polytechnique en 1838, élève dc l'Ecole d'application en 1840, il en sortit avec le grade de lieutenant d'artillerie en second au 3me régiment. Successivement lieutenant en premier (26 novembre 1843), capitaine (27 août 1848), et attaché en cette qualité à la manufacture d'armes de Tulle, puis à la direction d'artillerie de Metz ; chef d'escadron (22 août 1861), il fut nommé lieutenant-colonel le 3 août 1869, exerça d'abord ses fonctions comme sous-directeur à Bourges et commanda ensuite le 17e régiment d'artillerie (16 juillet 1870).
En 1859 (24 mai au 6 septembre), il avait pris part à la campagne d'Italie comme adjoint au chefd'état-major de l'artillerie. M. Delatte assista sous Metz (1870), aux batailles de Borny, de Gravelotte et joua un rôle actif à celle de Saint-Privat (18 août), où il commandait les batteries à cheval de la réserve du 3m° corps. Grâce à l'emplacement judicieux qu'il sut choisir pour ses batteries, durant les différentes phases de cette lutte sanglante, il réussit à protéger efficacement la retraite du 6ème corps.
Il se distingua également au combat du 31 août (Servigny-Noisseville). Aussi fut il, dès ce moment, proposé pour le grade de colonel par le général de Rochebouet, grade qu'il obtint le 30 avril 1873. Après avoir été à la tète du 28e régiment d'artillerie, à Rennes, puis à Vannes, il fut nommé général de brigade le 30 mars 1878 et commanda alors l'artillerie et le train des équipages militaires en Algérie. Le 2 avril 1880, il passa dans la deuxième section de l'état-major général de l'armée et reçut la croix de commandeur de la Légion d'honneur. En quittant le service actif, il se fixa à Nancy. Le général Delatte mourut le 2 octobre 1881, à la Caulre, près Briey, chez son gendre M. Loizillon. Ses restes reposent à Uckange dans une sépulture de famille.
Source : Dictionnaire biographique de l'ancien département de la Moselle: contenant tontes les personnes, Nérée Quépat, 1887.
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« Une des soeurs de mon grand-père, Suzanne, née en 1829, épousa un polytechnicien, officier d'artillerie, Jean-Pierre DELATTE, né en 1828. Il finit sa carrière en Algérie, comme général de brigade et conserva de ce pays un tel souvenir qu'il fit construire deux chapelles dans le cimetière d'Uckange qui, par leur architecture, rappellent des minarets et sont d'un effet assez surprenant dans un cimetière catholique. Il décéda en 1881.
Ma grande-tante DELATTE vécut jusqu'en 1900 mais je ne m'en souviens pas. C'était une personne très distinguée, paraît-il, ayant grande allure malgré sa petite taille.
Sa fille unique, marie, née en 1847, épousa Gabriel LOIZILLON, d'une bonne famille messine, qui possédait une minoterie à la Caulre, entre Briey et Moutiers. La propriété jouxtait le Moulin. C'était une maison sans style, mais vaste et très logeable, avec un joli parc traversé par le Oigot, un petit ruisseau qui alimentait le moulin. Ma tante fut veuve relativement jeune, à 45 ans et reprit la gérance de l'affaire, alors qu'elle avait 4 enfants dont l'aîné n'avait que 14 ans et le plus jeune 1 an à la mort de leur père. Femme de tête, elle sut faire prospérer l'affaire, tout en recevant beaucoup pendant l'été. Elle menait un assez grand train avec gouvernante, cuisinière, femme de chambre, cocher, jardinier. L'écurie comptait 4 jolis chevaux de race, et la remise de nombreux types de voiture. Tout était réglé à la cloche qui sonnait pour la préparation aux repas avec, pour les enfants, présentation à la gouvernante qui vérifiait la propreté des mains et la bonne ordonnance de la coiffure. Aux repas, interdiction aux enfants de parler. Lorsqu'elle venait seule à Uckange, par la route, elle arrivait en coupé attelé de deux jolis chevaux, ce qui attirait la curiosité des gens du village.
Tout cela finit avec la guerre de 1914 durant laquelle ma tante resta seule à la Caulre envahie et y mourut en 1917 sans avoir pu revoir un seul de ses enfants. Ma tante eut de son mariage avec Gabriel LOIZILLON quatre enfants : Albert, Suzanne, Mathilde et Jean.
Albert, polytechnicien, épousa Marthe LEMAIRE qui, par relation le fit entrer à la SNCF où il termina sa carrière comme ingénieur en chef du matériel et de la traction du réseau de l'Est. Ils eurent trois fils :
1/ Paul, polytechnicien, décédé en 1968, qui avait épousé Marie-Thérèse LEMONIER, fille d'un magistrat dont il eut 5 enfants dont un fils prêtre.
2/ Georges, qui a fait l'école de meunerie, décédé en 1967, qui avait épousé la soeur de la femme de son frère Paul, Madeleine LEMONIER dont il eut 4 enfants dont Monique RODESCH dont le mari est directeur de Valor à Metz.
3/ André, polytechnicien, ancien PDG de Shell-France qui a épousé une roumaine, fille de l'ancien PDG de l'Astra Romana, qui habite Paris et a 4 filles mariées et un fils.
Jean, le plus jeune enfant de ma tante LOIZILLON a épousé Thérèse BERTHEMY, d'une vieille famille de Briey, dont il n' a pas eu d'enfant. C'est lui qui avait repris le moulin et la propriété de la Caulre. Avec l'aide de son neveu Georges il avait mis au point un système de transport à palettes permettant la réfrigération des produits moulus avant le triage de la farine, qui a été adopté par la meunerie française et cela lui avait valu un poste d'administrateur aux grands Moulins de Paris. Voyant qu'aucun de ses neveux ne voulait reprendre l'affaire, il l'a fait acheter par les Moulins de Vilgrain.
La fille aînée de ma tante LOIZILLON, Mathilde, a épouse un polytechnicien, Emile GLANDY, officier d'artillerie, d'une bonne famille de l'Aveyron et qui fut tué dès 1914 à la bataille de la Marne où il commandait un groupe d'artillerie. Ils eurent trois enfants dont un mort en bas âge, un fils André avec lequel j'étais très lié et qui a épousé Anne de ROUX, la fille du célèbre avocat de l'Action Française, et une fille Marie-Madeleine qui a épousé Roland MASSABUAU le fils d'un sénateur de l'Aveyron, sans enfant et qui vivent à St Geniez d'Olt. Elle vient me voir chaque année quand elle passe à Paris. De son mariage avec Anne de ROUX, André GLANDY a eu deux fils : François, colonel qui épousa Bernadette HUON de KERNADEC. 10 enfants : Isabelle et Joëlle, Martine, Béatrice, Michel, Bruno, François décédé, Laurence, marie et Guenola. Philippe-Henri, colonel, qui a épousé Odile Weyer, 5 enfants : Dominique (Madame Françoise Derville), Patricia, Olivier, André et Florence.
La seconde fille de ma tante LOIZILLON, Suzanne, a épousé Georges NAVEL, polytechnicien, officier d'artillerie, apparenté à la famille LEBRUN. Il fit toute sa carrière à l'état-major de FOCH. A sa retraite, comme colonel, il fut second du général de CASTELNAU à la tête de l'Action Catholique. Ils eurent une fille morte à 20 ans et deux fils, l'un Pierre décédé alors qu'il était séminariste, et l'autre Jean, devenu chanoine du diocèse de Nancy. »
Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph BERNARD-MICHEL.
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