UN PUBLICISTE DU XVIe SIÉCLE
FRANÇOIS DE LALOUETTE, SEIGNEUR DE VRIGNICOURT
François de LALOUETTE, ou l’ALOUETTE, n’est pas tout à fait un inconnu. Les grands dictionnaires biographiques lui accordent quelques lignes. Les notices les plus importantes sont celles de l’abbé BOULLIOT, dans la Biographie ardennaise, de l’abbé PREGNON, dans l’Histoire de Sedan (t. III, p. 349-352), des frères HAAG dans la France protestante. Ce fut un juge et un administrateur de mérite; il a sa place parmi les publicistes du XVIe siècle, une place modeste (1). On voudrait le faire mieux connaître, autant que possible.
Le plus souvent, on le fait naître en 1530, et, après un de ses biographes 2, on le dit bailli du comté de Vertus en 1540. Cela est impossible. La charge de bailli ne se donne qu’à des licenciés in altero jurium, et non à des enfants de dix ans. En réalité, en 1550, Claude RAULET était depuis longtemps bailli de Vertus (3). LALOUETTE, dit-on encore, exerçait cette charge en 1559. Cela permettrait d’accepter pour sa naissance la date de 1530. Comme en 1601, dans une épître à ses fils, alors âgés de 14 et de 12 ans, il se dit arrivé à la décrépitude, « à l’extrême horizon de la vie », on pourrait remonter plus haut, même jusqu’en 1520. Où naquit-il ? à Vertus même, dit-on ordinairement ; ou bien à Paris : sur le titre de l’un de ses manuscrits, écrit alors qu’il habitait Sedan, il se qualifie de parisien. Il se livra de bonne heure à l’étude du droit civil et du droit canonique, prit le titre de docteur et se fit agréer comme avocat au parlement de Paris. Après 1550, il fut nominé bailli de Vertus et conserva ce titre longtemps après avoir quitté cette ville ; il le portait encore en 1577. Il devint aussi conseiller du roi et maître des requêtes de son hôtel. Il était protestant. Sa science et sa religion lui valurent de jouer un rôle considérable dans la principauté de Sedan pendant la seconde moitié du XVIe siècle.
Henri-Robert de la MARCK, duc de Bouillon et prince souverain de Sedan, qui avait favorisé et bientôt embrassé ouvertement le Calvinisme (1660), avait fait de Sedan une sorte de refuge pour ceux que leur religion obligeait à s’expatrier. Il en vint un grand nombre de Champagne, comme il était naturel. C ‘était une bonne oeuvre et une oeuvre utile, un moyen de s’agrandir, de s’entourer de personnages capables de l’aider dans ses projets de réforme religieuse et administrative, de donner à la petite principauté un réel prestige. Il réussit : de bourgade, Sedan devint une ville ; bientôt ce fut une petite Genève, et elle mérita, dans une certaine mesure, l’éloge hyperbolique qu’en fait, un demi-siècle plus tard, Arthur JOHNSTON, un de ses hôtes :
« Urbs mole exigua est, famam sed terminat astris » ; « la ville est petite, mais sa renommée atteint les cieux (4). »
On ne peut dire en quelle année LALOUETTE vint à Sedan, où il se fixa. Vers 1559-560, il y eut à Troyes et dans le Châlonnais des querelles religieuses où les protestants furent malmenés ; en mars 1560, ce fut le tumulte d’Amboise et les répressions qui le suivirent ; en mars 1562 l’affaire de Vassy, l’arrêt du parlement en juillet, la guerre. Les occasions ne manquèrent donc pas au bailli de Vertus de rejoindre à Sedan ses coreligionnaires persécutés, ou inquiets, ou simplement désireux de tranquillité. Il est cité comme résidant à Sedan en août 1564. Est-ce pendant son séjour à Vertus, est-ce de Sedan qu’il soumit au chancelier de l’HOPITAL et à Charles IX « sur des mémoires » qu’il conserva mais que nous n’avons pas, un projet de réorganisation judiciaire du royaumes ! A l' entendre, ses suggestions auraient été favorablement accueillies (5). On peut le croire. Plusieurs de ses idées, la réduction du nombre des offices, la répression des malversations, l’abrègement des procès furent, si elles ne l’avaient été, réalisées dans l’ordonnance d’Orléans (31 janvier 1561) ou dans celle de Moulins (février 1566). Déjà peut-être proposait-il certains moyens sur lesquels il reviendra plus tard. En février 1568, l’HOPITAL dut résigner ses fonctions, et ce fut à Sedan que la science de LALOUETTE et son zèle de réformateur trouvèrent un emploi plus modeste, toujours très honorable.
De 1539 à 1549, Robert IV, « pour oster la confusion qui avoit été au temps tassé du fait de la justice », avait fait rédiger un ouvrage imp ortant de législation, le Coustumier de Bedan (Bibi. nat. ms. f. fr., n° 8.342). C’était encore une oeuvre informe, un amas de points de droit et de pratique judiciaire. En 1567, Henri-Robert reprit ce travail. Il réunit quelques jurisconsultes, pour la plupart, dit le père NORBERT, protestants réfugiés (6). En tête de liste étaient Claude BERZIAU de la MARSILIERE, conseiller du roi en son grand conseil, qui resta à Sedan et fut membre du conseil de régence sous Françoise de BOURBON (7) ; François de LALOUETTE, et deux autres avocats du parlement de Paris, Pierre BERGIER et Pierre PITHOU, ce dernier appelé à une haute célébrité. Bien qu’il n’en ait jamais fait profession, qu’il assiste à la messe, il est suspect de calvinisme.
Il a dû quitter Paris pour Troyes, sa ville natale; ses confrères du barreau de Troyes l’ont repoussé, toujours pour religion. LALOUETTE se trouvait donc en savante compagnie (8). Les autres commissaires étaient de moindres personnages, des avocats ou procureurs de Rethel, de Châlons, de Reims, de SainteMenehould, les baillis de Sedan et de Jametz et celui de Château-Regnauld, du Cloux, qui devint bientôt bailli de Sedan. Ce fut cette commission qui termina en mars 1568 la rédaction des Anciennes ordonnances des ducs de BOUILLON pour le règlement de la justice dans les terres et seigneuries, de Sedan, Jametz..., (Paris, Robert Estienne, 1568. Quelques mois plus tard LALOUETTE siégeait avec quelques-uns de ses collègues en l’assemblée des Etats-généraux des Terres souveraines, où fut vérifié et promulgué le nouveau code T 22 janvier 1569). C’était une oeuvre utile et pratique dont la MARSILIERE avait raison de féliciter l’assemblée ; « il y aura plus d’occasion de s’en contenter... qu’il ne sera aisé de la calomnier ou reprendre (9) ». Autour, aux portes même de Sedan, les COUCI-VERVINS possédaient des domaines fort étendus qui avec leurs terres de Vervins, de Marie, en faisaient de puissants seigneurs. Beaucoup d’abus s’étaient glissés chez eux dans l’administration de la justice. Jacques de COUCI profita de la présence Sedan et de l’expérience de ces jurisconsultes. Sur les avis de LALOUETTE, il fit aussi, à partir de 1569, rédiger, corriger, compléter provisoirement la coutume de Vervins en attendant une refonte définitive (10). Ainsi naissaient entre le bailli de Vertus et le grand seigneur des relations qui devaient se prolonger.
Aussi préoccupé de la réforme et de la réorganisation religieuse que de la réforme judiciaire, Henri-Robert demanda à LALOUETTE de le conseiller et de l’aider dans cette oeuvre et d’écrire un livre sur la discipline des églises. LALOUETTE hésita quelque temps. J’ai différé, dit-il au prince dans une dédicace, car ce n’est pas ma vocation, et il y a Sedan assez d’excellents ministres réfugiés pour vous donner satisfaction Henri-Robert etant sur le point de partir en voyage (11) ; LALOUETTE se décida et écrivit le petit traité de la discipline ecclésiastique et de la charge et autorité du magistrat en l’église. Pour servir de sommaire instruction à monseigneur le duc de Bouillon... par François de l’ALOUETTE, parisien, 1570 (Bibl. Sainte-Geneviève, ms. n° 1666, 87 pages, 218 X 172). La suppression de quelques mots biffés sur le manuscrit rapproche ce titre, de celui donné par LACROIX du MAINE en 1584. La dédicace au duc de BOUILLON (p. 3), surtout les pages 31 et 32 portent des ratures et corrections ; les lettres P D S, Président de Sedan, ont été ajoutées sur le titre. Si ce n’est pas l’original de l’ouvrage, c’est une copie revue par l’auteur. Dans ce livre, LALOUETTE traite, selon la doctrine de CALVIN et celle du synode de Paris de 1559, des rapports du prince et des églises, de l’organisation religieuse, de la discipline ecclésiastique « aussi nécessaire en une république chrestienne que la police et la discipline civile » ; sans elle, schismes, anarchie, anabaptisme. Les princes, qui sont les lieutenants de Dieu sur terre, ont autorité sur l’église, le devoir souvent très lourd de la protéger et de défendre la loi de Dieu. La police de l’église n’est que spirituelle et sur les consciences. « Les ministres doivent distinguer entre la puissance qui leur est donnée par la parole de Dieu et celle qui appartient au magistrat. Car ils ne se doivent attribuer autorité et puissance sur l'estat des roys et magistrats en leurs biens et personnes cause de leurs fautes comme ont voulu le faire les évesques romains par une entreprise contraire à la parole de Dieu. Jehan Baptiste reprend bien Hérode, mais il ne lui oste pas le royaume » (p. 25). L’auteur définit ensuite le rôle des ministres, des anciens, des consistoires, des synodes... Le guide qu’il fournit fut suivi ; l’organisation de l’église de Sedan fut celle de l’église réformée française, avec proclamation et pratique de la tolérance religieuse.
La même année, Henri-Robert donna à LALOUETTE une charge officielle, permanente ; du cabinet du légiste, il passa au prétoire du juge. Lors de la réorganisation du baillage de Sedan en 1469-1470, LALOUETTE fit partie, avec BERGIER et LA MARSILIERE du Conseil Souverain où étaient jugées en appel les sentences du bailli. Bientôt, il fut mis à la tête de ce tribunal (12) : d’où le titre qui toujours accompagne son nom, le président de LALOUETTE, praeses Alauda. Il se distingue par sa probité comme par sa science. Il eut été bien extraordinaire que dans une cité partagée entre les deux cultes, où les passions religieuses, sans être violentes comme en bien d’autres villes, devaient parfois amener des querelles, où surtout, dus ce monde aigri de réfugiés, les moindres rivalités de théologiens de professeurs devaient facilement se changer en luttes ardentes, un personnage comme LALOUETTE ne trouvât pas d’ennemis. Le fameux Mathieu de LAUNOY, hier prêtre, aujourd’hui ministre protestant à Sedan, demain catholique et bientôt ligueur des plus acharnés, est jugé par une commission de pasteurs et d’anciens pour « ses iniquités dont il a été conveincu, adultère, déloyauté, mensonge à l'espérit de Dieu » (8 mai 1574). Il est à l’unanimité déposé, retranché de la cène ; il est, dit-on, pendu en effigie, car il s’est enfui de Sedan. Il veut se venger, renvoyer sur ses juges la boue dont il est couvert : ce sont de vils calomniateurs, des lâches, des voleurs de pauvres. Il les dénonce, du CLOUX, comme l’auteur de vers contre le roi ; CAPPEL, comme un suborneur de filles (13) ; LALOUETTE comme un malversateur : " il s’est grandement enrichi depuis qu 'il a été fait leur président en ce petit quignet (coin), et gagne encore tant tous les jours". C’est un ennemi du roi ; ayant demandé des conférences à BEROALDE, un réfugié de Sancerre (14), il a dédaigné les protestations de LAUNOY et souffert d’entendre cet homme diffamer publiquement François 1er et sa postérité, " tant impudemment et avec telle irrévérence, que je ne sçache coeur respirant l’air de France qui ne s’en fust scandalizé (15) ... ". Ces attaques ne semblent pas avoir fait le moindre tort à LALOUETTE. " LAUNOY, dit BAYLE, n’était pas assez honnête homme pour faire tort aux gens dont il médisoit " (16).
LALOUETTE était donc l’un des fonctionnaires importants de la principauté et l’un des conseillers d’Henri-Robert. En cette double qualité, il est impossible qu’il ne fût pas en rapports avec DUPLESSIS-MORNAY, venu à Sedan après la Saint-Barthélemy (1572-1575), et ne jouât pas un rôle au moment de la découverte et de la répression d’une sorte de complot, dont l’âme était la princesse douairière Françoise de BREZE, pour rendre Sedan au catholicisme (novembre 1574). Il fut, il nous le dit lui-même, l’un des conseillers de Françoise de BOURBON, régente après la mort d'Henri-Robert, le 2 décembre 1574. Il s’occupa donc des difficultés de tout genre, administratives, politiques, religieuses, qui gênèrent l’établissement de la régence. Ami des savants, humaniste lui-même, il s’intéressa à la fondation du collège où, disait la princesse, devaient être instruits les enfants de l’une et l’autre religion " par hommes doctes et vertueux que nous y aurons retirés ". Plus tard sa femme, Hélène de LOUVAIN, légua 1200 livres au collège de Sedan. Il remplit les mêmes fonctions près de Guillaume-Robert. Les souverains ne le consultaient pas seulement sur des affaires d’administration et de justice, comme nous le voyons par quelques lignes des Mémoires de LA HUGUERYE (17). Nous sommes en avril 1583. Il s’agit de décider Guillaume-Robert à s’allier avec Casimir de BAVIERE en faveur de Gebhart de TRUCHSESS dans la " guerre doctrinale ". LA HUGUERYE conseille au jeune prince de s’entretenir de l’affaire avec sa mère " confidemment. Mais je le pryai surtout de n’en point parler au ministre CAPEL et autres qui gasteroient tout ; qu' il avoit le sieur de NULLIi (18) et le président de LALOUETTE pour ses armes et la justice dont il se pourroit servir avec silence et moyennant serment de ne rien esventer, sans touttefois leur déclarer l’entreprise ". Dans un ouvrage qu’il publia plus tard (le traité Des Affaires d’estat, p. 43), LALOUETTE raconte qu’il « entendit souvent le roi Henri III discourir de l’histoire de ses prédécesseurs, vanter la bonté et la droiture de Louis XII et de Saint-Louis, déclarer qu’il serait heureux lui aussi de décharger son peuple. De fait, en novembre 1583, lors de l’assemblée des Notables à Saint-Germain, il en eut quelque velléité. LALOUETTE vint donc à Paris, y séjourna quelque temps et fréquenta la Cour. A quel moment et pourquoi ? Il est difficile de le dire. On peut admettre, d’après un passage de LACROIX du MAINE (Bibliothèque française, t. I, p. 200) que le président de Sedan et le bibliographe se rencontrèrent en 1584, avant mai, lorsque celui-ci mettait la dernière main à son recueil. D’autre part Guillaume-Robert est menacé par les GUISES, par les Espagnols, qui sont à Verdun, Mézières ; il prendrait volontiers les armes, mais il n’ose pas, parce qu’il est faible, parce qu'Henri III, au moins en apparence, est toujours en bons termes avec les ligueurs. Le voyage de LALOUETTE n’aurait-il pas eu des raisons politiques, faire part au roi des craintes du prince, lui demander son appui. prendre le vent ? ne fut-il pas une sorte de chargé d’affaires de Sedan à Paris ? Ainsi s’expliqueraient ses visites à la cour, et la sympathie qu’il paraît avoir eue pour Henri III. C’est peut-être alors que lui furent conférés les titres de conseiller du roi et de maître des requêtes de son hôtel. Son absence ne fut pas longue. Il était de retour à Sedan à Sedan lorsque Henri III rompit avec la Ligue (début de 1585) et que Guillaume-Robert se déclara contre les GUISES. En 1585, le 15 janvier, le « président de l’Aloête " » et sa femme Hélène de LOUVAIN figurent sur les registres sedanais comme parrain et marraine d’une fille de DRELINCOURT, secrétaire du prince, futur père du célèbre ministre. Pendant les mois qui suivirent, dans Sedan menacé, on se bat à Douzy, à Daigny, il y a un bel élan de patriotisme. Mais il faut de l’argent pour approvisionner, pour défendre la ville. Parmi les cautions de Guillaume-Robert se trouve, le président de LALOUETTE. Il est aussi parmi les créanciers : le 12 février 1587, le prince lui emprunte, au denier 12, ce qui n’est pas exagéré, 6 marcs et 2 onces de vaisselle d’argent, façon et dorure comprises. Les préoccupations militaires ne détournent pas complètement le prince et ses conseillers du gouvernement civil. LALOUETTE doit s’occuper d’une réorganisation judiciaire dont le but est la réalisation d’une de ses idées favorites, diminuer et abréger les procès : ce que l’on obtient par la création d’une commission arbitrale. Le 14 juin 1587, Guillaume-Robert est parrain de son fils Robert ; dans ce même été, LALOUETTE, sur l’invitation pressante des bourgeois de Sedan, prononce l’oraison funèbre de Françoise de Bourbon. Le 1er janvier 1588, Guillaume-Robert meurt ; sa soeur Charlotte lui succède. Quelques jours après, le duc de BOURBON-MONTPENSIER, oncle et tuteur de la jeune princesse, désigne comme son procureur, pour les biens qu’elle possède en France, François de LALOUETTE, président du Conseil Souverain de Sedan.
Ses soucis d’administrateur et de juge ne l’empêchaient pas de se livrer à des travaux personnels fort variés. Il écrivit un assez grand nombre d’opuscules et d’ouvrages où, en homme de son temps, il fait étalage d’une érudition souvent agaçante. Beaucoup ne furent jamais publiés. Le plus ancien, du moins de ceux qui ont été imprimés, est le Traité des nobles et des vertus dont ils sont formés ; leur charge, vocation, rang et degré ; des marques, généalogies et diverses espèces d’iceux. Avec une histoire et description généalogique de la très illustre et très ancienne rnaison de COUCI et de ses alliances. Le tout distribué en 4 livres, par François de LALOUETTE, bailli de la comté de Vertus, Paris, Robert le Manier, 1577 (petit in-4 de 296 folios, pièces liminaires et table non paginées). Le privilège, daté du 5 juin 1576 qualifie LALOUETTE des titres de bailli de Vertus et de président de Sedan. Il se dit lui-même juge pour le roi dans le comté de Vertus ; dans des poèmes en tête du livre, Toussaint BERCHET (19) le qualifie de président de Sedan, et HELLIN lui donne les deux titres : c’est la réfutation de FEVRET de FONTETTE (Bibliothèque historique, T. II, p. 774), qui du bailli de Vertus et du président de Sedan, fait deux personnages distincts, dont le premier serait l’auteur du Traité des Nobles.
Le titre de ce livre est assez trompeur. Sur les 296 folios qu’il contient, 222 appartiennent aux COUCI. Nous savons que depuis 1569, LALOUETTE est en relations avec les COUCI-VERVINS. L’ouvrage est dédié au baron de STONNE, " enfant de grande espérance, âgé de neuf ans ", dernier rejeton mâle de l’illustre famille ; il se termine par d’excellents conseils donnés au jeune garçon (20). La préface, du 7 octobre 1576, est datée de Vervins où LALOUETTE dut faire un assez long séjour, et où il consulta les archives de la famille et autres, " qui est la vraie lumière des histoires ". Il en tira un certain nombre de documents qu’il a indiqués ou insérés dans son livre, où l’on a relevé des inexactitudes (bibl. nat. Rés. L m3 248 a).
Le Traité des Nobles comprend donc deux ouvrages juxtaposés. Cela s’explique par le double but de l’auteur en l’écrivant. Il a sur l’origine et le rôle de la noblesse des idées qui lui sont chères et qu’il rééditera vingt ans plus tard ; une occasion de les exposer lui est offerte, et en même temps de donner un exemple de ces travaux de généalogie qu’il demande à tous les gentilshommes. Les 74 premiers folios sont consacrés aux nobles, l’origine et aux marques de la noblesse, l’avilissement où se sont laissé tomber les nobles : " Bon nombre de gens de bien déplorent tous les jours avec moi la misérable condition de ce cors ". " La plus part des courtisans depuis ce tems (la mort de François 1er) se sont plongés en tous vices et ont été comme souris autour des princes, ne les suivant comme on souloit pour l’honneur, mais pour ronger et attirer leur sus-tance dont ils se sont enrichis et apauvris nos rois " (f. 278).
Ces critiques avaient une autre raison. Le Traité des Nobles est un ouvrage de circonstance qui fut suggéré ou même commandé à LALOUETTE (21). Les COUCI sortaient d’une crise terrible. En 1549, Jacques de COUCI et son beau-père, Oudart de BIEZ, avaient été accusés d’incapacité, de lâcheté et de trahison dans la campagne du Boulonnais de 1545. François 1er leur avait gardé sa faveur ; " débonnaire et non soupçonneux ", Henri II écouta les courtisans, envieux du maréchal et de son gendre. Jacques de COUCI monta sur l’échafaud ; le maréchal de BIEZ mourut de chagrin en 1553. Mieux informé, le roi regretta " ce qui estoit advenu, mais il estoit bien tard ". En mars 1576, Henri III réhabilita les condamnés, chargea son héraut VALOIS de le représenter au service funèbre en l’honneur des victimes et LALOUETTE écrivit leur panégyrique. Avocat des COUCI, victime lui-même peut-être, en tout cas ami des victimes de la politique de répression religieuse conseillée à Henri II par son entourage, il était naturel qu’il s’en prît aux courtisans. Il le fit de façon très générale ; un seul nom est donné : " Si du BELLAY, ou autre chroniqueur poussé de même affection et passion que lui qui étoit ennemi de la maison de VERVIN et serviteur de ceux qui envioient sa fortune, eut été dedans cette place (Boulogne) il n’eut pas enduré le siège si longtemps, ne tant tardé à faire cette composition qu’il fit avec autres en la ville de Saint-Paul en l’an MDXXXVII laquelle il mit entre les mains de l' empereur en peu de jours et sans grand effort " (fol. 277) (22).
Le 14 juin 1577, le jacobin Jean FALUEL, chanoine de Notre Dame de Boulogne, prononçait dans cette ville et bientôt publiait une oraison et harangue funèbre à l’imitation des anciens pour deux excellents chevaliers français, l’un le seigneur de BIES, maréchal de France, l’autre, le seigneur de VERVIN, messire Jacques de COUCI, son gendre, gouverneur de Boulogne... Paris, Jean de Lastre, 1578. Plusieurs bibliographes (LACROIX du MAINE, T. I, p. 200 ; Adr. Baillet, Auteurs déguisez, p. 553) attribuent cet ouvrage au président de Sedan. Les pères QUETIF et ECHARD (Script. ord. Praed., T. II, p. 283) ont relevé cette erreur, qui est excusable. Il y a plus d’une ressemblance de fonds et même de forme entre les dernières pages du Traité des Nobles et l’oraison funèbre ; la même idée, le même sentiment, le même intérêt peut-être ont inspiré l’historien et l’orateur ; l’un et l’autre sont les apologistes des COUCI ; pour l’un comme pour l'autre les courtisans sont des " sangsues ".
On ne peut guère admettre que LALOUETTE écrivit l’oraison, que FALUEL la prêchat : FALUEL était un personnage fort en vue," clarissimus ", qui n' aurait pas accepté ce rôle. Il est dit dans le privilège qu’il prononça ce discours après l’avoir fait approuver par les docteurs en théologie de l’université de Paris ; cela permet d’affirmer qu’il l’écrivit. On y trouve sur le siège de Boulogne des détails très précis qui doivent être d’un habitant de la ville. Il est assez naturel que le jacobin ait largement utilisé le Traité des Nobles ; il le cite, le recommande.
" Il est très nécessaire à tous gentilshommes qui veulent prendre accroissement et renommée par la vertu et tenir les rangs dont ils souloient être honorez " (f. 19). Dans une épigraphe au verso du titre sont célébrés les travaux généalogiques du président de Sedan :
Jovis retexit ales ossa Thegei
Revulsa rostro et unguibus.
Alauda gentis eloquens Cucaeiae
Perenne nomen extulit.
" L’oiseau de Jupiter a exhumé les ossements de Thésée ; de son bec et de ses ongles il les a arrachés de la tombe. L’ALOUETTE éloquente a rendu immortel le nom de COUCI ".
La modestie de l’auteur dut souffrir de ces éloges. Il est vrai que nous sommes au XVIe siècle, et que l’année précédente Toussaint BERCHET avait écrit dans ad nobilitatem elegia, en tête du Traité des Nobles :
Mœonidœ Aeacides quantum, Aeneas que Maroni Debuit, at tantum laudis Alaudœ feres.
Terque quater que igitur felix Coussaea propago Gui proeco laudum tam gravis obtigerit.
" La gloire qu’Achille doit à Homère et Enée, à Virgile, tu la devras à LALOUETTE. Trois et quatre fois heureuse maison de COUCI, qui pour chanter ses louanges est échu semblable héraut. "
En 1584, François de LALOUETTE publie à Paris, chez Martin le Jeune, la " Généalogie de la maison de LA MARCK en Allemagne, de laquelle est issu le comte de MAULEVRIER ", in-fol. Nous n’avons pu trouver cet ouvrage dont on ne cite jamais que le titre, donné par LACROIX du MAINE. Le savant Chestret de HANEFFE, dans l’abondante bibliographie de son Histoire de la maison de LA MARCK, ne le mentionne pas. Pourquoi cette invocation du comte de MAULEVRIER ? Cela paraît tendancieux mais LALOUETTE, ne prit jamais, tout au contraire (23), le parti de Charles-Robert de LA MARCK, comte de MAULEVRIER, catholique notoire, déshérité par son frère aîné Henri-Robert ; l’on ne s’explique pas la raison de ce titre. Dix ans plus tard, en 1594, est imprimé à Sedan, par Abel RIVERY le Traité des maréchaux de France et principale charge d’iceux, par le président de LALOUETTE, conseiller du roi et maitre ordinaire de son hôtel, avec une dédicace au comte de CHEVERNY, chancelier de France. Ce n’est qu’un opuscule de 16 pages, petit format, sur l’histoire depuis les tribuni celerum, sur les droits et les prérogatives des maréchaux de France. Fut-il écrit en 1592 lorsque Henri de LA TOUR, mari de la princesse Charlotte, fut nommé maréchal de France !
La même année, à l’occasion de la mort de Charlotte de LA MARCK (15 mai 1594), LALOUETTE fait imprimer par le même RIVERY l’ Oraison funèbre pour Mémoire de Très noble Madame Françoise de BOURBON, duchesse de BOUILLON, princesse de Sedan ..., petit in-4° de 29 pages, qu’il avait prononcée sept ans auparavant. Il donne aussi une courte et touchante épitaphe en latin et en français de la jeune princesse dans Pour tombeau de Très illustre et pieuse Madame Charlotte de LA MARCK, duchesse de BOUILLON, par Charles de NAVIERES..., Sedan, Abel Rivery, 1594, non paginé. Elle mérite d’être rapportée(24).
Vixi gloriose, non sine invidia
Faustissimo connu bio nupsi, vitam egi et mi gravi adolescentula puerpera, sequnta foetum ; includor tumulo sub quo exarescunt iacrymœ et nova seritur vita.
Non obii, sed secula commutavi.
" J’ai vécu en gloire, mais avec grand peine. J’ai rencontré un incroyable bonheur par mon mariage, mais pour peu de jours. J’y suis entrée et en suis sortie encore adolescente après l’accouchement d’un fils éteint peu après sa naissance. Je suis enclose en ce tombeau auquel toute larme est séchée, et où se forme une semence de nouvelle vie. Je ne suis pas morte ; je ne fais que changer de siècle. "
En 1597 était publié à Paris, sans nom d’éditeur, le traité Des affaires d’estat, des finances, du prince et de sa noblesse, par le président de LALOUETTE, conseiller du Roi et Maistre des Requestes de son Hostel. La même année, à Metz, chez Jean d'ARRAS, paraissait une seconde édition revue et augmentée (Pièces liminaires non paginée ; ed. de Paris, 281 pages ; ed. de Metz, 268 pages). C'est l'ouvrage le plus important de LALOUETTE, qui lui a valu d'être cité parmi les théoriciens de la politique. Ce serait l'écraser que le comparer à HOTMAN, ou à l'auteur du Vindicix contra tyrannos, ou à BODIN. Il n'a ni leur ampleur, ni leur éloquence, il n'est ni philosophe, ni théologien ; son érudition est assez superficielle.
Son livre ne ressemble pas à un pamphlet comme il s'en publia beaucoup en son temps ; il a parfois, dans la première partie surtout, des allures de résumé et d'ouvrage de vulgarisation. Le traité Des affaires d'estat se divise en deux parties, à peu prêt d'égale étendue, l'une de droit politique, l'autre de droit social. Il est partout assez décousu. Dans la première partie, il traite des lois, de leur origine et de ceux qui les appliquent, des finances et des remèdes à apporter au désordre financier, des impôts et en particulier des tailles réelles et personnelles ; celles-ci "capitations de servile imposition". Il énumère les droits et les devoirs d'un roi. Au lendemain des troubles, quand la Réforme n'a plus rien a craindre du roi, un calviniste peut revenir à la doctrine des premiers réformateurs et défendre la royauté contre la démocratie en en réglant l'action par un jeu de contre-poids. Il proclame donc le droit divin : " Les princes, comme dit le Sage, ont été Divinement ordonnés pour chacun peuple, auquel, dès leur commencement, Dieu les a départis et par Providence formé en eux l'éclat de souveraine puissance et domination " (66. de Paris, p. 6). Donc point d'élection populaire comme le veulent, après le huguenot HOTMAN, les pamphlétaires de la Ligue ; point de contrat entre peuple et le roi, comme il est dit dans Vindicix, et de droit à la révolte. Il a de curieux passages sur les effets de la " vocation " divine et ce qu'on pourrait appeler la préparation du souverain. Dieu, et Dieu seul, est capable d'enseigner au prince la science de gouverner directement, " par la charge de sa vocation, au même instant de laquelle il l'a fait, comme dit Samuel, un autre homme, donnant un cueur roïal et la vraie intelligence de sa charge, avec inspiration de sapience, pour régir et dresser les hommes...; c'est donc une science réelle, particulière aux rois, que les autres ne peuvent comprendre (p. 46-47). Ces connaissances peuvent aussi venir indirectement par les enseignements et les exemples des souverains ; nombreux sont ceux qui ont laissé leurs successeurs des instructions ; Henri III " en avait commencé un traité qu'il eût achevé, s'il n'eut été prévenu de la mort si soudaine " (p. 47). C'est grand dommage que cet ouvrage s'il existât, ne fût-ce qu'en ébauche, ne nous soit point parvenu ; Henri avait tout pour le bien faire : une intelligence fine et de nombreuses expériences. On peut suppléer à leur silence ou à l'insuffisance de leur enseigneement en rapportant les exemples qu'ils ont donnés. C'est ce que font les historiens, c'est ce que se propose LALOUETTE. Armé de la grâce spéciale, le prince décidera.
Instruits par Dieu et par leurs prédécesseurs, les rois n'en ont pas moins besoin des conseils de gens avisés, expérimentés, bien choisis : qu'ils ne soient pensionnaires d'aucun prince étranger, et ici apparaît la défiance du protestant, " qu'ils n'aient serment au pape " (p- 146). " Pour n'avoir pris conseil, Louis XI se repentoit souvent, et bientôt, et lui coutoit bien cher ce qu'il faisoit de luy-mesme sans conseil " (p. 141).
Parmi les lois, on distingue les lois " fondamentales " de l'Etat. Sur celles-ci le roi ne peut rien ; elles lui sont antérieures et supérieures ; " on ne doit non plus en douter que des règles, maximes et principes mathématiques ". Ce sont pour la France la monarchie avec héredité par droit d'aînesse, de mâle en mâle, l'inaliénabilité du domaine, la nécessité des Etats généraux. Les autres lois, ce sont les décrets et ordonnances que le roi rend, selon les besoins. Le prince, " comme le souverain pilote, conduit et gouverne le navire de l'état, l'émeut ou l'arrête selon les causes qu'il voit être utiles pour le bien et la seureté de tous et selon les occurences des vens et des tems...". " Une bonne loi ne doit procéder que d'un don de Dieu découlé en l'esprit du prince " (p. 4, 9).
Cependant, et c'est ici que nous trouvons les contre-poids nécessaires, les lois que fait le roi de France doivent être contrôlées. Nos rois n'ont pas voulu, dit LALOUETTE, " que leurs édits et ordonnances eussent pouvoir et autorité dessus leur peuple qu'ils n'eussent passé par la censure de leur cour de Parlement ou de leur Chambre des contes, encore que tout son conseil d'État et privé les eut approuvées. Et après tant de sortes d'examens et délibérations, elles sont publiées et enregistrées et sont mises à l'impression et publiquement distribuées à chacun par les rues " (p. 7). Cela est d'un esprit libéral et surtout d'un bon parlementaire. II a pleine confiance dans les Etats généraux, dont il attend des merveilles : " Si le roi se peut résoudre et est fidèlement conseillé de prendre ce saint et salutaire train d'assembler et commnniquer souvent avec ce cors et conseil d'Etat comme la loi du Règne l'oblige, il trouvera des incroyables secours, des assurés allègements en toutes les afaires de la France. Il verra les affections de vueillance et bon traitement, la Monarchie fleurir, les trézors de la France multiplier et fidèlement se conserver ès cueurs et bourses de tous pour franchement et libéralement s'ouvrir et départir au besoin d'une nécessité publique. Chacune serai le trézorier de sa famille et tous ensemble du Royaume " (p. 42). St Thomas jadis avait écrit : " dans tout bon gouvernement, il faut que chacun ait part au gouvernement ".
L'autre partie, plus originale, hardie en quelques points, est consacrée à la noblesse et aux marques de la noblesse. C'est une une réédition, à peine modifiée, de la première partie du Traité des Nobles.
Me Deus et virtus summi genuere parentes;
cui caret his et me, Nobilitate, caret.
" Dieu et la vertu, voilà mes ancêtres. A qui ils manquent, moi, la Noblesse, je manque également ". L'ALOUETTE est pour les nobles très dur à la fois et très plein de sollicitude ; il les châtie parce qu'il les aime, les place très haut et qu'ils tombent ! Les nobles forment un corps d'institution divine divine, établi " avec et dès le commencement de la monarchie pour être les protecteurs et défenseurs d'icelle ". "Les gentilshommes français se peuvent venter qn'ils ne diffèrent presque en riens du Roi... ". Mais la noblesse est corrompue. Les gentilshommes ont écouté et suivi ce qu'il y a en eux de moindre : " il y a, dit-il, deux parties en l'âme ; la supérieure, qui est l'intelligence en laquelle est le siège de sagesse et raison. Et l'inférieur, en laquelle il n'i a aucune raison, mais une simple volonté comme brutale qui convoite, qui désire, qui rejette,
Ayant ses mouvements, passions et affectations naturelles propres à encliner sa fantaisie à tout ce que ses sens corporels lui permettent au-devant » (traité des nobles, F. 18). Alors qu'est-il arrivé ? « Est le train des nobles de maintenant si étrangement changé qu'on ne voit plus en eux que des ombres de l'ancienne vertu et des fausses parures de vanité... ; le fort de la vertu est lâchement proditoirement abandonné : chacun court au vice ; on voit les rangs et ordres de l'ancien établissement renversé sans qu'un seul de ces magnifiques inventeurs se veuille présenter et opposer à la flétrissure de leur honneur qui est tombé au précipice de la dernière ruine ».
Leur amour du plaisir, leur paresse, leur ignorance les ont éloignés des charges qui leur appartenaient de droit. Ils ont laissé leurs privilèges les plus précieux aux roturiers. Or, un conseiller au Parlement, un ambassadeur de robe longue, un secrétaire d'État ou même un chancelier, s'il vient de roture, ne peut se considérer comme le lieutenant d'un noble, avec, pour lui donner courage de bien faire son devoir, une partie de l'honneur qui revient au noble. Il n'est pas noble pour cela, et encore moins que ses enfants, ou bien d'un rang inférieur : « mais noblesse est maintenant tant abâtardi que tous ordres sont renversés et pervertis et bien souvent on est dernier ses coûts le pourront des premiers sans respect ni honneur quelconque de l'Antiquité ». (Traité et des nobles, F. 25).
Le privilège le plus précieux d'un roi et d'un gentilhomme, c'est de rendre la justice. « Revêtus d'ignorance », comment le pourraient-ils ? Ils se sont faits remplacer par de petites gens. Rare est le cas du comte de Vertus, M. d'AVAUGOUR qui, dans ses terres de Bretagne, réserve les charges de judicatures aux puinés des familles nobles, comme on faisait partout autrefois. Ailleurs, ils « l'on vilainement polluée et délaissée (la justice) ès mains des poures maires paysans qui sont par les villages et d'autres mercenaires qui font butin et marchandise de leurs sujets (affaire d'État, page 166). LALOUETTE a d'ailleurs à ses idées sur l'administration de la justice. Il est proposait à Charles IX ; ils les exposent dans le traité des nobles (folio 16) : que l'on rédige les coutumes en une ; face à un recueil de toutes les difficultés qui peuvent surgir tant en matière civile que criminelle, avec leurs résolutions ; le noble à qui il appartiendra à la justice, bien que médiocrement versé aux lettres, pourra sans peine de rendre ses sentences. Afin qu'il ne soit pas distrait des affaires militaires et autres de l'État, auquel il se doit également ; afin que que vous « son coeur ne soit gagné et amorcé par avarice à quelque espérance de gain », qu'il lui soit interdit, à peine de l'Asie, de prendre salaire, présent ou épices ; qu'il ne soit nommé que pour une année ou deux, et tenu de rendre compte. Ainsi la justice sera bien et fidèlement administrée, le peuple mieux instruit de son droit ; ainsi sera singulièrement réfrénée cette manie de plaider qu'il perd les meilleures familles et causes plus de ruines et de maux que la force des ennemis.
Il faut que la noblesse se relève, redevienne le premier et le principal membre de l'État. LALOUETTE en indique les moyens. Les uns appartiennent au souverain : que la noblesse soit remise en possession de ses privilèges, de ses biens féodaux, de ses biens fonciers par rachats, par confiscations ou autrement. Au lieu de vendre les gouvernements, les capitaineries, les offices de judicature aux plus offrant, que le roi les départisse à ceux des nobles qui auront mérité récompense. Il y aura moins d'officiers ; ils seront meilleurs et tout le monde y gagnera. LALOUETTE ne veut voir que les avantages de la suppression de la vénalité, et il a raison. Mais combien elle est utile et commode au souverain ! Henri IV va bientôt la réglementer et la consacrer. Et n'est-ce pas une utopie que d'espérer de la royauté une restauration des privilèges nobiliaires ? Depuis Philippe Auguste, l'histoire est remplie de la lutte des rois contre les seigneurs féodaux. L'aristocratie pour se transformer, se relever elle-même, tout d'abord par la pratique de la vertu, qui est la marque par excellence de la noblesse, ensuite en se maintenant pure de tout alliage inférieur. Plus de mésalliances ; par les mariages roturiers, elle ne se régénère pas, elle s'abâtardit. « Il ne serait pas raisonnable ni bien séant que pour le plaisir ou pour le profit d'une particulier il fut loisible de souiller et troubler cet ordre par une étrange et dissemblable conjonction, ou défigurer le lustre d'une race et noblesse par une vile et obscure génération d'enfants métis, inutiles à la république... » (Page 216). Libéral en politique, LALOUETTE ne l'est plus quand il s'agit de l'ordre social. Donc le gentilhomme qui aime son honneur se mariera avec une femme noble ; il laissera son fief à son fils aîné et le mariera noblement ; ses filles, si elles épousent des roturiers, ne leur communiquaeront pas la noblesse non plus qu'à leurs enfants, encore qu'en certaines coutumes, le ventre anoblit. Il faudrait aussi, c'est encore une idée sur laquelle il revient avec insistance, que tout gentilshomme soit obligé de faire au moins une fois dans sa vie la généalogie, la description de sa race « jusqu'à 4° et au-dessus tant qu'ils pourront plus avant monter et s'étendre... », et qu'il remette ce travail aux mains du bailli : ainsi les faux nobles seront rejetées parmi les roturiers et les aideront à à payer les tailles, ainsi se conservera un « cors certain et séparé des autres ». Pourquoi ne pas revenir à l'ordonnance de Charles VIII qui établissait une hiérarchie de costumes, de soie pour les uns, de velours ou de draps pour les autres, ce serait rendre plus manifeste encore la naturelle hiérarchie des ordres !
Dans la préface du traité des affaires d'État se trouve une phrase intéressante comme condamnation de la ligue expirante : « cette oeuvre... regarde spécialement la France, au secours et redressement de laquelle l'auteur (ancien conseiller du roi) accourt pour y apporter le remède qu'il peut, comme à une présente et précipitée ruine de longue main préparée et avancée par les flots et orages du vice et malicieux dessins domestiques et étrangers de l'État qui... tachent par tous les moyens de l'ébranler dissiper par des artifices de guerre et populaire révolte. Mais la divine providence détournera bientôt la crainte et des effets, si cette insigne monarchie se jette et remet au sein et sauvegarde de la vertu... » (Ancien conseiller du roi est pour conseiller depuis de longues années). Dans le chapitre « de la clémence », l'une des vertus nécessaires à un roi, est inséré un chaleureux éloge d'Henri IV (page 108).
Au XVIe siècle, l'astrologie était de mode et devait le rester longtemps encore. LALOUETTE s'élève avec force contre ces absurdes pratiques. En 1600 paraît l'ouvrage impostures d'impiétés, de fausses puissances et dominations attribuées à la lune et planètes sur la naissance, vie, moeurs, état, volonté et conditions des hommes, choses inférieures du ciel », par le président de LALOUETTE, conseiller du roi et maître des requêtes ordinaires de son hôtel,SEdan, Jacob Salesse, 78 pages. En tête sont deux épîtres non paginées, l'une à la duchesse de BOUILLON, Élisabeth de NASSAU, seconde femme d'Henri de la TOUR, l'autre au chancelier de France, M. de BELLIEVRE. L'ALOUETTE s'adresse au chancelier pour faire « apporter de l'eau à cet embrasement de la France ». Il demande à la duchesse d'intervenir en ce sens auprès du roi et d'agir elle-même : « ne laissez plus avancer le mal qui croit toujours comme une gangrène... Rendez-vous la terreur des devins est insensés esclaves de la Lune... ; que tels gens soient par vos sages conseils et remontrances deschassés de la monarchie française et pour le moins cependant de vos terres et principautés ». Il s'en prend même aux faiseurs d'almanachs qui tous les ans s'impriment pour maintenir toujours le peuple en erreur. Si ce mal existe et fait tant de progrès, c'est par notre faute, par ce détestable esprit de curiosité qui, depuis Eve, a fait tant de victimes et nous pas jetés en proie aux tireurs d'horoscopes, au fantastiques philosophes lunaires ; d'où d'excellents conseils : n'écoutons point les « épieurs » d'étoiles et de planète ; confessons rondement avec le sage que l'homme ne sait rien de ce qui adviendra et que nul n'a puissance de le lui révéler.
Le dernier ouvrage imprimé de LALOUETTE est une sorte d'histoire très sommaire du droit romain et du droit français qu'il publia en 1601 pour ses enfants encore très jeunes alors que lui-même était arrivé à « l'extrême horizon de sa vie », et qu'il lui fallait se A. T. de mettre au jour les dernières conceptions de son intelligence (page deux, trois) : Juris civilis Romanorum et Gallorum nova et exquisita traditi duobus libellis descripta, Sedan, 1601, 108 pages petit format, avec dédicaces non paginées à Henri de LA TOUR, prince de Sedan, et aux deux fils de l'auteur, Robert et Charles. Dans l'épître à ses fils, il condamne sévèrement la vénalité de certains juges, «sordidae mercis negatiores », et l'usage de traîner les procès en longueur pour en tirer le plus de profits. La dernière phrase de l'ouvrage, page 104, est un éloge d'Henri IV : le roi, dit-il, saura remettre le bon ordre dans son royaume. C'est le désir et la volonté du prince qui a déjà donné à son peuple la paix et la liberté, a mérité le nom de père de la patrie :
Tempus adest, rerumque novus nunc vertitur ordo
Le collège de Sedan avait pris une importance que n'avait peut-être pas prévue de sa fondatrice ; des savants illustres y enseignaient ;les TILENUS et le CAPPEL qui précédaient les JURIEU et les BAYLE ; les élèves y affluaient, de toutes parts du monde protestant. En 1598, les bourgeois demandèrent à Henri de LA TOUR d'étendre l'enseignement du collège, d'en faire une université. Le prince consentit et en 1602 l'académie de Sedan fut constituée. Il voulut lui donner une place dans l'état politique. Il renouvela le conseil des sept modérateurs, créé en 1576 pour l'administration du collège. LALOUETTE en fit partie, en même temps que TILENUS (25). Les attributions du conseil sont singulièrement étendues. C'est un ministère des cultes et de l'instruction publique, et plus encore. Il est chargé, non seulement d'administrer tous les biens académiques et ecclésiastiques, mais aussi de résoudre tout ce qui regardait les affaires de l'église et l'entretien des temples, de payer les ministres, curés, régents, professeurs, maîtres d'école, de pourvoir au nécessaire des deux cultes et de maintenir la concorde et la tranquillité publiques. Les imprimeurs ne peuvent rien éditer sans son approbation. Ce conseil, dit M. MELLON, est « la pièce essentielle de tout l'organisme intellectuel et religieux de la principauté. Il en est le moteur principal, car il est le détenteur, le distributeur de toutes les richesses de l'État, en dehors de ce qui touche aux dépenses de guerre et de l'édilité (26) ».
LALOUETTE s'était marié une première fois avec Hélène de LOUVAIN, qui donna 1200 livres au collège de Sedan par son testament du 8 mars 1586. Il épousa en secondes noces, le 22 juin de cette même année, Élisabeth de CENESME, ou CENAME, fille du seigneur de Trocy, au village de Montataire, près de Creil, apparentée aux CENAME de Luzarches (27). Il en eut deux fils « enfants de sa vieillesse », Robert, qui eut pour parrain, le 14 juin 1587, Guillaume-Robert, prince de Sedan, et Charles, baptisé le 7 mai 1589. Robert, seigneur de Saulcy, conseiller et maître d'hôtel du roi, épousa le 13 novembre 1616 Florence de GUILLON, fille d'un collègue de son père (28). Charles, seigneur du Bac et de la Grange-aux-Bois, épousa Marie de VILLERS en 1618 ; il fut, en 1624, conseiller en la justice de Metz, conseiller au Parlement de Metz lors de la fondation en 1633, et doyen en 1653 ; en 1655, il résigna sa charge en faveur du fils de Robert, Frédéric de LALOUETTE de VERNICOURT (VRIGNICOURT ?). Aux archives communales de Metz se trouve une partie de la correspondance administrative de Charles de LALOUETTE (29).
François de LALOUETTE mourut assez peu de temps après l'organisation de l'académie sedanaise, peut-être en 1606. Cette année, le 15 octobre, apparaît un nouveau modérateur, Pierre de GUILLON, qui pourrait bien être son successeur. Son épitaphe fut composée par un de ses collègues, le champenois Augustin CAILLET ou CALLIAS, juriste et poète, qui l'inséra dans sa Sylva mysteriorum Jehovae Dei deorum (deuxième partie, appendice, page 106) :
Quo galerita polis volitat vicinior altis
Integrat arguto suavius ore melos;
Praeses Alaudinus pariter; quo impesius urgent
Fata, magis sophiae rura magisque colit.
Donec cygnea tandem defectus in oda
Transvolat et sedes migrat in aetheros.
« Vers le ciel vole l'alouette, plus suaves sont ces accords. De même le président de LALOUETTE. À mesure que le destin le presse, il cultive avec plus de zèle les champs de la sagesse. Enfin, ayant donné le chant du cygne, il succombe et s'envole vers les célestes demeures ».
Outre les livres qui ont été cités ci-dessus, LALOUETTE avait écrit, avant 1584, un assez grand nombre d'ouvrages qui sont restés inédits et ont disparu pour la plupart, sur des sujets d'histoire, de politique, de philosophie, de droit civil et canonique. En voici les titres d'après LACROIX du MAINE :
23 livres de philosophie française. - Traité de l'envie et de la calomnie.- De l'ignorance des lettres.- Office et charge du prince souverain et de voir du sujet.- Vrai et parfait établissement des affaires d'État d'un grand et petit royaume. Ce sont probablement ces ouvrages qui sont devenus la première partie du Traité des affaires d'État, publié en 1597.- Des polices du royaume, des villes et de la plats-pays de France.
De la justice et des moyens qu'il faut tenir pour tarir la source de tout procès en la France et ailleurs. Dans les affaires d'État, LALOUETTE s'élève contre la manie des plaideries et chicaneries (page 179,180).- Mémoires pour faire le corps du droit français, en trois volumes. Henri III avait voulu, dit LALOUETTE (Traité des nobles, folio 16), faire dresser un « corps du droit français contenant trois volumes ». Peut-être LALOUETTE a-t-il obéi à cette suggestion et entrepris ouvrage. On sait qu'il avait dans le même but, soumis des mémoires au chancelier de L'HOPITAL.
Du royaume et de l'État du peuple hébreu, et de la conformité qu'il avait avec celui de France.- Deux livres de la langue gauloise et française : c'est là peut-être que LALOUETTE exposait l'orthographe phonétique dont il était partisan. « Pour accoutumer ce petit baron, dit-il à la fin de la préface du traité des nobles, à notre laconisme français dont jadis nos pères ont été tant estimés et en outre pour lui aider à former sa langue avec les moeurs. J'ai bien voulu user de l'orthographe qui pour le présent convient le plus à notre parler, afin qu'avec le temps il la réduise à la perfection qu'elle doit avoir et que je désire lui être donnée d'être écrite et proférée de même ».- Origine des Français et ancienne extraction d'iceux, des purs gaulois et non d'ailleurs.- Histoire généalogique de ladite maison de LA MARCK. Quelques lignes plus haut, LACROIX a donné comme imprimé en cette année 1584 « et auparavant » la généalogie de la maison de la MARCK en Allemagne, d'où est issu le comte de MAULEVRIER. Serait-ce la première partie, seule éditée, d'une histoire générale de la MARCK dont la suite est restée manuscrite ? Y'a-t-il confusion où lapsus du bibliographe qui n'eût ces renseignements qu'au dernier moment, puisque la bibliothèque française fut éditée en mai 1584 ?
Traité des fiançailles.- De la discipline de l'église et du devoir et autorité du prince en icelle. C'est l'ouvrage qui existe en manuscrit à la bibliothèque Sainte-Geneviève et qui ait été analysé plus haut.
Les frères HAAG ajoutent à cette liste deux ouvrages de genre tout différent : Sylva sylvarum, seu historia naturalis, et La vraie physique. Si ces titres ne sont pas trompeurs, la physique du président de Sedan devait être fort curieuse. Ce sont les « épieurs d'astres, les astrolâtres, serviteur du diable », dit-il dans impostures d'impiété (page 55-60) qui ont attribué à la Lune une action sur la pluie et le beau temps, et aussi sur le flux et le reflux de la mer : cela pour amoindrir ou anéantir la gloire de Dieu. Il serait plus séant à l'homme de confesser qu'il n'y connaît ni entend rien. Les mouvements de la mer sont un effet de « la simple providence qui a donné à la mer cette naturelle habitude de se mouvoir ainsi que tant de sortes d'eau qui s'amassent et mêlent ensemble comme en un cloaque se purgent et se purifient par l'agitation de si différents mouvements ».
Nous ne savons pas si après 1584 LALOUETTE écrivit d'autre ouvrage que ceux analysés ou cités ci-dessus.
Un portrait du président de Sedan est donné au verso du titre de l'édition de Paris du traité des affaires d'État (Bibl. Mazarine, n°25151). C'est un médaillon ovale, encadré d'ornements, où il est représenté âgé, la tête chauve, la barbe très épaisse tombant sur la poitrine, les traits réguliers, l'air vénérable. Autour est l'inscription : Fr. de. Laloete. cons. du. Roy. et. m. des. requestes. de. son. ho. Pr. de Sed.
1. G. Weill, Les théories sur le pouvoir royal en France pendant les guerres de religion, p. 271-272.
2. Annuaire de la Marne, an XII.
3. Bibl. nat. ms. Cab. des Titres, p. orig. n°2438, f. 16, 29. Raulet mourut en 1563.
4. Arturi Jonstoni Scoti rnçdici regii Poemata omnia, Middelbourg, 1642. p. 297. Il était impossible au prince. disait-on, de courir le cerf sans-sortir de ses Etats. Cependant la principauté joua un rôle très important à tous égards au XVIe siècle et dans la première moitié du XVII°. .. .
5. Fr. de Lalouette, Traité des Nobles ... f. 16.
6. Annales de la vile de Sedan... Bibi. nat. ms. t. fr., n° 11581, p. 118.
7. Il était d’une famille de Guyenne, seigneur de Grangemenant et de Moulins. Il avait un frère secrétaire du roi de Navarre. Claude était « un homme advisé, modéré et sage... qui étoit de la religion ». Il faisait partie du grand conseil depuis 1551. Il était mort le 15 janvier 1584 quand sa tille épousa à Sedan Michel de la Huguerye (V. Mémoires de la Huguerye, éd. Sod. hist. Fr., t. J, p. 447; t. II, p. 55, 267). Pierre Bergier fut plus tard exécuteur testamentaire de François de Bourbon.
8. Grosley (Vie de Pierre Pithou, t. I, p. 115), dit que Pithou tut le rédacteur des Ordonnances de Sedan, et que pendant son travail il ne quitta ni sa ville ni son cabinet. Ce fut une oeuvre collective, que Pithou signa àSedan avec ses collègues de la commission. Il fit donc à Sedan un séjour plus ou moins long. En janvier 1569, son nom ne figure plus sur l’ordonnance de promulgation. On sait. d’ailleurs qu’il était à Bâle en 1568.
9. Anciennes ordonnances..., éd. Thésin, Sedan, 1717 p. 274.
10. Fr. de Lalouette, Traité des Nobles, f. 198.
11. Les historiens de Sedan ne relatent aucun voyage d’Henri-Robert en 1570. Il était allé à Paris en 1566 ; il y retourna en 1572 pour le mariage d'Henri de Navarre. Il n’y eut sans doute en 1570 qu’un projet de voyage.
12. On le donne comme président en 1572. Il l’était lors des conférences de Béroalde et du procès de Launoy en 1 573, 1574. Le 23 août 1573, François de Lalouette, président de Sedan, et Hélène de Louvain sont parrain et marraine de Madeleine de Bucy.
13. Launoy dit : " l’aîné Capel, le ministre. ». Les deux frères, Jacques et Louis Capel se sont réfugiés à Sedan. Jacques, juriste, philologue, puis théologien est l’aîné, étant né en 1529. Louis, né en 1534, est ministre; c’est de lui qu’il s’agit. Il quitta la principauté en 1575 pour y revenir bientôt ; c'est une des gloires du collège de Sedan. Jacques est le père du second Louis Cappel, le plus grand homme d’une famille très remarquable dont d’autres membres seraient cités ...
14. Dans le Chronicon sacrae Script urae authoritate consistutum que publia Béroalde en 1575, il n’y a (p. 266) que quelques lignes sur François 1er et ses successeurs, sans aucun blâme. Mais il peut se faire qu’au lendemain du sac de Sancerre Béroalde se soit laissé aller dans ses conférences à d’excessives attaques contre la cour.
15. Défence de Mathieu de Launoy et d’Henry Pennetier contre les fausses accusations et perverses calomnies des ministres tant de Paris Sedan et autres, Paris, 1577, p. 32, 34.
16. Dictionnaire historique, au mot Launoy, note E.
17. Mémoires de Michel de la Huguerye, éd. Soc. hist. Fr., t. II, p. 223.
18. Christophe de Chézelles, seigneur de Nueil, gouverneur de Sedan, membre du conseil d’administration de Françoise de Bourbon en 1574. vainqueur à la bataille de Douzy en avril 1588.
19. Toussaint Berchet, de Langres, humaniste et théologien, le premier principal et l’animateur du collège de Sedan (1540-1605). Hellin est un pasteur.
20. Le dernier de cette branche de Couci, Jacques, fils du décapité de 1549, mourut en 1600. Jean de Stonne, son fils, étant mort en 1588, les biens de la famille passèrent à ses filles Guillemette, femme de Philippe de Croy, et Isabelle, femme de René de Comminges.
21. Jean Faluel (fol. 18), dit que l’impression tout au moins fut ordonnée par Henri III.
22. Il s’agit de Martin du Bellay. Les Mémoires de Martin et de Guillaume du Bellay avaient été imprimés en 1569 et réédités en 1571 et en 1572. Ces événements s’y trouvent en effet racontés. (éd. Soc. hist. Fr., t. III, p. 369-395, t. IV, p. 238 et suiv.).
23. Oraison funèbre de Françoise de Bourbon, fol. 13.
24. Elle a le tort de trop ressembler l’une des épitaphes composées en 1576 par Lalouette pour Jacques de Couci (Traité des Nobles, fol. 290) ;
Vixi non sine gloria, mi gravi non sine invidia. Includor lumulo sub quo et lacrymae quiescunt, et nova seritur vita. Non obii sed commutavi secuta.
L’Oratio funebris de Charlotte fut écrite en 1594 par T. Berchet, qui y parle de Lalouette comme d’un homme vénérable autant par sa sagesse que par ses cheveux blancs.
25. Daniel TILENUS (1563 - 1133), né en Silésie, vint en France en 1590, se fit connaître comme théologien et ardent controversiste. Appelé à Sedan en 1599, il fut professeur de théologie et ministre, précepteur de Turenne enfant. Gomariste d'abord, puis arminien, il dut quitter Sedan après la défaite de son partie au synode Dordrecht (1619) et s'en alla à Paris. Le 19 août 1607, à Villers-Cernay, près de Sedan, il avait épousé Jeanne de GUILLON, et se trouvait ainsi apparenté à la famille de LALOUETTE.
26. Père Norbert, annales, page 184.- MELLON, l'académie de Sedan, p 51.
27. D'une soeur Elisabeth, Sara, naquit Daniel d'OZANNE, qui fut modérateur en 1644, et lieutenant général du bailliage et siège présidial de Sedan. (V. HENRY, notice sur les membres de l'Académie de Sedan).
28. Pierre de GUILLON, seigneur de l'Aage, d'abord au service du roi de Navarre puis intendant de la maison de Condé, devint en 1595, bailli de Sedan et garda cette charge jusqu'en 1635. Il mourut 1639. Entre autres enfants, il eut d'un premier mariage Jeanne, qui épousa TILENUS ; d'un second mariage Florence et Daniel. Celui-ci fut bailli de Sedan en 1635 modérateur en 1639 après son père (Bibl. nat. ms Cab. des titres, Doss. bl., t. 340, f. 3, 7. - HENRY. Notices ..., p 12). - MELLON (l'Académie de Sedan, p 91) a confondu François de LALOUETTE avec son fils Robert.
29. Frédéric de LALOUETTE s'expatria en 1688 après la révocation de l'édit de Nantes. À cette famille appartient vraisemblablement Gaspard de LALOUETTE, avocat au Parlement de Metz, conseiller garde scel au bailliage et siège présidial de Sedan en 1662, puis procureur du roi au conseil souverain d'Alsace. Sa conversion solennelle au catholicisme à Toul, le 27 avril 1653, due surtout à Bossuet, fut pour celui-ci l'occasion d'un éloquent discours (Floquet, études sur la vie de Bossuet, tome I, page 322).
Source : Revue des questions historiques, 1927
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