Tout le monde connaît la fin tragique de Jeanne d'ARC qui fut brûlée en 1431. Malgré cela, dans la décennie qui a suivi, plusieurs femmes se sont faites passer pour la Pucelle d'Orléans et ont combattu, comme elle, dans diverses régions de France. Elles ont ainsi, pendant quelques temps, semé le doute sur la mort de Jeanne.
La plus célèbre d'entre elles est Claude DES ARMOISES. Pourquoi lança-t-elle cette supercherie ? Pourquoi les frères de Jeanne d'ARC furent-ils complices d'une telle arnaque ? Derrière tout cela se cache certainement une histoire de gros sous ... En effet, il est connu que Robert DES ARMOISES, mari de Claude, ne roulait vraiment pas sur l'or à cette époque ... De même, la famille de Jeanne d'ARC était un peu laissée pour compte ...
Une résurection de la Pucelle ne pouvait qu'être bénéfique à tous ces protagonistes ...
Extrait de la chronique du Doyen de Saint-Thibaud de Metz, imprimé par le Père Vignier, dans le Mercure galant du mois de novembre 1683, longtemps avant l'édition complète de l'ouvrage
L'an M CCCC XXXVI, fut sire Phelepin Marcoulz maistre eschevin de Metz. Icelle année, le xxe jour de may, vint la Pucelle Jehanne qui avoit esté en France, à la Grange-aux-Hormes, près de Saint-Privay ; et y fut amoinnée pour parler à aucuns des seigneurs de Metz ; et se faisoit appeller Claude. Et le propre jour y vinrent veoir ces deux frères, dont l'un estoit chevalier, et s'appelloit messire Pierre ; et l'autre, Petit-Jehan, escuyerz. Et cuidoient qu'elle fut ars ; et tantost qu'ils la virent, ils la congneurent, et aussy fist elle eulx. Et le lundi, xxie jour doudit mois, ils l'ammoinont lor suer avecq eulx à Bacquillon, et ly donnaist le sire Nicole Lowe, chevalier, ung roussin du pris de xxx francs, et une paire de houzelz, et seignour Aubert Boulay ung chapperon, et sire Nicole Groingnat une espée. Et la dite Pucelle saillit sur ledit cheval très habillement, et dict plusiours choses au sire Nicole Lowe, dont il entendit bien que c’estoit celle qui avoit esté en France ; et fut recongneu par plusiours enseignes pour la Pucelle Jehanne de France, qui amoinnat sacrer le roy Charles à Reims ; et voulrent dire plusiours qu'elle avoit esté ars à Rouen en Normandie ; et parloit le plus de ses paroles par paraboles, et ne dixoit ne fuer ne ans de son intention ; et disoit qu'elle n'avoit point de puissance devant la Sainct-Jehan-Baptiste. Mais quant ses frères l'en orent moinnée, elle revint tantost en les festes de la Penthecoste en la ville de Mareville, enchieu Jehan Quenast ; et se tint là jusques environ trois sepmaines ; et puis se partist pour aller en Nostre-Dame-de-Liance, ly troisiesme ; et quant elle volt partir, plusiours de Metz l'allont veoir à ladite Mareville, et ly donnont plusieurs juelz, et là recougnurent ilz que c'estoit proprement Jehanne la Pucelle de France. Et adoncq ly donnait Joffroy Dex ung cheval, et puis s'en allait à Arelont, une ville qui est en la duchié de Lucembourg.
Item, quant elle fut à Arelont, elle estoit tousjours de coste madame de Lucembourg ; et y fut grant pièce, jusques à tant le filz le comte de Warnonbourg l'enmoinnoit à Coullongne. Et l'aymoit ledit comte très fort ; et tant que, quant elle en volt venir, il ly fist faire une très belle curesse pour el armer. Et puis s'en vint à ladicte Arelon ; et là fut faict le mariage de messire Robert des Hermoises, chevalier, et de la dite Jehanne la Pucelle. Et puis après s'en vint ledit siour des Hermoises avec sa femme la Pucelle demourer en Metz, en la maison ledit sire Robert, qu'il avoit devant Saincte-Segoleine ; et se tinrent là jusques tant qu'il lors plaisit.
Rédaction différente du morceau précédent, d'après un autre manuscrit. Cette variante fut envoyée de Metz à Pierre du Puy et se trouve aujourd'hui dans le volume 630 de sa collection, à la Bibliothèque Royale. Messire Philippe Marcouls, par an iiiic xxxvi.
En celle année vint une jeune fille, laquelle se disoit la Pucelle de France, et juant tellement son personnage que plusieurs en furent abusez, et par especial tous les plus grandz. Et fut à la Grange-à-l'Horme. Et là furent les seigneurs de Metz, telz comme ly seigneurs Nicole Lowe ; et luy donnirent un cheval en prix de trente francs, et une paire de houzel ; et ly seigneurs Albert Boullay, un chaperon ; ly seigneur Nicolle Grongnot, une espée. Et estoit vestue en habit d'homme ; et deux de ses frères l'amenont. Et tantost en ces festes de Pentecoste après, elle revint en la ville de Mairville, et là se tint environ trois sepmaines en chés un bon homme apellé Jehan Cugnot Et y allirent vaioire plusieurs gens de Metz et ly donnirent plusieurs juyal ; et le sire Geoffroy Dex luy donnit un cheval ; et se departit et en allit en Nostre-Dame-de-Liesse, et après à Arelon. Et se tenoit tousjours lay delez Madame de Lucembourg, et là fut-elle mariée au seigneur Robert des Armoize, chevalier, et vinrent demourer en Metz en hault de Porte-de-Muzele.
Extrait des comptes de la ville d'Orléans pour l'an 1436, d'après le Registre conservé à la bibliothèque d'Orléans.
A Pierre Baratin et Jaquet Lesbahy, pour bailler à Jehan Dulils, frère de Jehanne la Pucelle, le mardi xxie jour d'aost l'an mil cccc xxxvi, pour don à lui fait, la somme de 12 livres tournois, pour ce que ledit frère de ladicte Pucelle vint en la Chambre de la dicte ville requérir aux procureurs que ilz lui voulsissent aidier d'aucun poy d'argent pour s'en retourner par devers sa dicte seur, disant qu'il venoit de devers le roy et que le roy lui avoit ordonné cent francs et commandé que on les lui baillast : dont on ne fist riens ; et ne lui en fut baillé que 20, dont il avoit despendu les 12 et ne lui en restait plus que 8 francs, qui estoit poy de chose pour s'en retourner, veu qu'il estoit soy cinquiesme à cheval. Et pour ce lui fut ordonné en la dicte Chambre de ladicte ville par lesdiz procureurs, que on lui donnast 12 francs. Pour ce, 9 l. 12 s. p.
A Regnault Brune, le xxve jour dudict moys, pour faire boire ung messagier qui apportoit lectres de Jehanne la Pucelle et aloit par devers Guillaume Belier, bailli de Troyes; pour ce, 2 s. 8 d. p.
A Cueur-de-Lils, le xviiie jour d'octobre m cccc xxxvi, pour ung voyage qu'il a fait pour ladicte ville par devers la Pucelle, laquelle estoit à Arlon en la duchié de Lucembourc ; et pour porter les lectres qu'il apporta de la dicte Jehanne la Pucelle, à Loiches, par devers le roy qui là estoit ; ou quel voyage il a vacqué XLI jours, c'est assavoir XXXIIII jours ou voyage de la Pucelle, et sept jours à aler devers le roy. Et partit ledit Cueur-de-Lils pour aler par devers la dicte Pucelle, le mardi dernier jour de juillet, et retourna le iie jour de septembre ensuivant. Pour tout ce, 6 1. p.
A Jaquet Leprestre, le iie jour de septembre, pour pain, vin, poires et cerneaulx despensez en la Chambre de ladicte ville, à la venue du dit Cueur-de-Lils, qui apporta lesdictes lectres de Jehanne la Pucelle, et pour faire boire ledit Cueur-de-Lils lequel disoit avoir grant soif ; pour ce, 2 s. 4 d. p.
Extrait du contrat de vente du quart de la seigneurie d'Haraucourt, par Robert des Armoises et Jeanne du Lys, dite la Pucelle, sa femme ; pièce publiée par D.Calmet, parmi les preuves de l'Histoire de Lorraine, t. III, col. cxcv.
Nous, Robert des Harmoises, chevalier, seigneur de Thichiemont, et Jehanne du Lys, la Pucelle de France, dame dudit Thichiemont, ma femme, licenciée et autorisée de moy, Robert dessus nommé, pour faire agréer et accorder tout ce entièrement qui s'ensuit : sçavoir faisons et cognoissant à tous ceux qui ces présentes lettres verront et orront, que nous, conjointement ensemble, d'un commun accord et chacun de nous par luy et pour le tout, avons vendu,cédé et transporté, et par ces présentes vendons, cèdons et transportons à honorable personne Collard de Failly, escuyer, demourant à Marville, et à Poinsette, sa femme, achettant pour yaulx, toute la quarte partie entièrement que nous avons, devons et pouvons avoir, et que à nous doit et puet appartenir, en quelle cause, tiltre ou raison que ce soit ou puisse estre, tant à cause de gagière comme autrement, en toute la ville, ban, finaige et confinaige de Haraucourt, etc., etc En tesmoing de vérité, et afin que toutes les choses dessus dites soient fermes et estables, nous, Robert des Harmoises et Jehanne du Lys, la Pucelle de France, nostre femme dessus nommée, avons mis et appendu nos propres seels en ces présentes lettres ; et avec ce avons prié et requis à nostre très chier et grant ami Jehan de Thoneletil, seigneur de Villette, et Saubelet de Dun, prévost de Marville, que ilz veuillent mettre leurs seels en ces présentes avec les nostres, en cause de tesmoingnage. Et nous, Jehan de Thoneletil et Saubelet de Dun, dessus nommez, à la prière de noz très chers et grans amis le dessusdit messire Robert et dame Jehanne, dessus nommée, avons mis et appendu noz propres seels en ces présentes lettres avec les leurs, pour cause de tesmoingnage, qui furent faites et données Tan de grâce Nostre Seigneur mil quatre cens trente six, ou mois de novembre, septiesme jour.
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