samedi 11 janvier 2014

Au temps des volontaires - 1792 : lettre n°9

Jeudi, 19 janvier 1792, à 8h30 du matin. Petit poste d'Apach. 

Bonjour, Mémère ; bonjour, ma sœur. Me voici à Apach. C'est un très petit village tout environné de vergers. Un ruisseau bruyant qui passe au milieu doit le rendre charmand l'été. Vis-à-vis et sur l'autre rive de la Moselle, il y a une montagne fort roide, donc le versant est couvert d'un bois et dont le sommet est un énorme rocher taillé en pic. Tout cela doit être fort agréable dans la belle saison. C'est pour nous une terre interdite ; c'est le commencement du Luxembourg. En sortant du village, vers le nord, on monte sur une petite colline, et alors on se trouve sur le pays de Trèves. Notre détachement est composé de cinq hommes, quatre fusiliers et un caporal. Nous sommes logés chez un habitant. On nous fournit le bois et la lumière. 

Portrait de Mme Durival, dite "mémère", mère adoptive de Joseph-Louis-Gabriel NOEL

En ce moment, je fais la cuisine ; le sort l'a décidé ; la marmite est au feu. Je vous quitte pour y aller, car elle s'écumerait peut-être toute seule, et pour récompense, je serais encore cuisinier demain ; c'est ce dont je n'ai pas du tout envie.

Source :  Au temps des volontaires - 1792, lettres d'un volontaire de 1792 (Joseph-Louis-Gabriel NOEL), par Gabriel NOEL, Plon-Nourrit, 1912

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