Partis le 22 juillet avec ma grand-mère Sérot-Alméras, nous fîmes un arrêt de quelques jours à Dijon où nous apprîmes la mort de nombreux officiers de la garnison de Nancy. Puis mon père, désireux de se rapprocher de la Suisse pour pouvoir correspondre avec sa mère restée à Uckange, décida de rejoindre Thonon-les-Bains où habitait la cousine de ma mère, Mme Chenevières dont le mari était président du tribunal civil de cette ville.
Grâce aux relations de ces cousins, mes parents purent louer une villa meublée avec un grand jardin, fort bien située et dominant la ville.
C'est là que nous apprîmes, avec quel soulagement, la victoire de la Marne. Paris était sauvé et Nancy avait tenu grâce, en partie, à la résistance héroïque de mon oncle de Montlebert qui, avec son bataillon de réservistes de Poitiers, avait contenu les assauts furieux des troupes allemandes sur la colline Sainte Geneviève au sud de Pont-à-Mousson alors que l'Empereur d’Allemagne Guillaume II se trouvait à Metz, attendant de faire son entrée à Nancy.
Septembre s'achevait par l'amorce de la guerre de tranchées et, les combats menaçant de durer, il fallait chercher une solution me permettant d'entrer en classe de mathématiques spéciales. Je partis donc mi-octobre pour Besançon chez ma tante Sérot-Alméras pour entrer au lycée de cette ville où mon cousin Jean Sérot était également en classe de mathématiques spéciales.
Mon père avait pu entrer en relation avec ma grand-mère Bernard-Michel qui, étant menacée d’être envoyée dans un camp de concentration, réussit à quitter Uckange à temps et, par la Suisse, rejoignit mes parents à Thonon.
Entre temps, ma tante Sérot-Alméras avait pu trouver un appartement à louer au rez-de-chaussée de l'immeuble où elle habitait et mes parents vinrent s'y installer en décembre avec mes deux grands-mères.
Source : Quelques souvenirs de la guerre 14-18, par Joseph BERNARD-MICHEL
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