Dans ma classe de mathématiques spéciales, où nous étions une trentaine, le vide se faisait peu à peu par les départs aux armées. Jean Sérot-Alméras, de cinq mois plus âgé que moi, s'engagea en mars 1915. Etant un des plus jeunes de ma classe, je ne me trouvais plus qu'avec trois autres camarades. Elevé comme je l'avais été, dans l'amertume laissée par l'annexion à l'Allemagne de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, je n'en pouvais plus de rester ainsi passif à l'effort de guerre français et j'obtins de mes parents l'autorisation de m’engager.
Il y avait encore des places au 5ème Régiment d'Artillerie à Besançon et j’y entrai comme 2ème classe courant mai 1915. Je connus là les brimades, les piqûres de punaises, les blessures aux fesses dues aux longues heures de manège sans étrier, les fastidieuses séances bi-journalières de pansage des chevaux.
Puis, je passais l'examen d'entrée à Fontainebleau, pour y suivre les cours d’élève officier de réserve et fus reçu dans les 40 premiers sur 500 candidats. Début janvier 1916, je partais à Fontainebleau où je retrouvais de nombreux camarades et amis. J'y restais jusqu'en juin 1915 où je fus affecté comme aspirant au 47ème Régiment d'Artillerie de campagne, faisant partie de la 14ème Division de Belfort.
Vers le 20 juin, ayant quitté ma famille, non sans émotion, j'ai retrouvé en gare de Besançon deux autres camarades affectés eux aussi au 47ème. L'un d'eux, qui devait d'ailleurs être tué deux mois plus tard, s'était enivré pour se donner du courage et fut un poids mort pendant tout le trajet Besançon-Gérardmer où se trouvait le P.C. du colonel Bernard qui commandait le régiment. Après avoir été reçus par le Colonel, nous restâmes 24 heures à Gérardmer à attendre nos affectations.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire