mercredi 11 janvier 2012

Jean-Victor PONCELET, général et mathématicien de renom du début du 19ème siècle

Enfance de Jean-Victor PONCELET

" JEAN-VICTOR PONCELET est né à Metz le 1er juillet 1788. Son père, Claude Poncelet, avocat au Parlement de Metz, fut obligé, par des motifs étrangers à ce récit, de se séparer de lui, et l'envoya, tout jeune, à Saint-Avold, où il fut placé dans la digne et excellente famille Olier, qui sut l'aimer et former son coeur; mais, si cette petite ville, située dans un pays montueux, était propre à exercer les forces physiques de Poncelet enfant, elle ne présentait pas les moyens d'instruction capables de développer de très bonne heure ses brillantes qualités intellectuelles. Tout jeune encore, son esprit supérieur l'avait fait distinguer parmi ses camarades; ils proclamaient sa supériorité en toutes choses et le reconnaissaient volontiers pour chef. Ils ne craignaient pas, sous sa direction, d'entreprendre des excursions parfois téméraires. L'une de ces excursions est vraiment digne d'être signalée. Il existait à très petite distance de la ville des souterrains qui étaient la terreur de beaucoup de gens du pays; personne n'osait y pénétrer, et il s'y passait, assurait-on, des choses aussi effrayantes que mystérieuses. Le jeune Poncelet, jugeant qu'il n'en devait pas être ainsi, résolut de sonder le mystère : il excita le courage de ses petits compagnons, les décida à tenter l'entreprise et se chargea de guider leurs pas. Il les conduisit sous ces longues et obscures voûtes, qui n'étaient que celles d'anciennes galeries de mines abandonnées depuis longtemps, et dont le souvenir était à peu près perdu. Le futur ingénieur se dévoilait déjà dans cet enfant. Il avait imaginé, en effet, de se munir de papier et d'y tracer au crayon, et sans aucun des instruments usités en pareil cas, le chemin qu'il suivait; aussi, ce qui eut été pour un autre une témérité blâmable ne fut pour lui que l'occasion de résoudre un problème. Il en eut la solution heureuse, et sut ramener saine et sauve au jour, après six longues heures d'excursion, sa petite troupe haletante de frayeur, mais ne cessant d'obéir aveuglément à cet enfant, dont la supériorité inspirait déjà une sorte de respect. "

Source : Mémoires de l'académie Nationale de Metz , 1832, 13ème année : Notice sur la vie et les ouvrages du général J.V. PONCELET par le Général DIDION


Captivité de Jean-Victor PONCELET à Saratov

" Dans cette triste captivité, la nature d'élite de Poncelet se révela. Plutôt que de chercher à l'intérieur de la ville quelques distractions, il les demanda à l'étude; mais tout était difficultés dans une situation comme la sienne. Pour étudier, pour travailler, il eut fallu des livres; il fallait au moins du papier, des plumes et de l'encre. Quoique le pécule attribué à chaque prisonnier fût bien faible, il sut cependant en économiser une partie pour se procurer du papier grossier; pour plus d'économie, il fabriqua lui-même son encre. "

Source : Mémoires de l'académie Nationale de Metz , 1832, 13ème année : Notice sur la vie et les ouvrages du général J.V. PONCELET par le Général DIDION


Vie de Jean-Victor PONCELET
« Demi-frère de mon arrière-grand-père, Jean-Victor PONCELET mérite une mention spéciale car il fut un grand savant. Une rue à Metz et une rue à Paris, dans le 17ème, près de la place des Ternes, portent son nom qui fut également donné, avant 1940, à un sous-marin de la série Monge, sous-marin qui, rallié à de Gaulle, fut coulé au large de la Côte d'Ivoire en 1942.

Après avoir été placé en Nourrice en 1789 dans la famille OLIER de St Avold, il revint chez son père à Metz en 1804 sachant lire, écrire et connaissant quelques bases de calcul. Il fit en un an ses études primaires, entra au lycée de Metz en 1805 et, le 1er novembre 1807, était reçu 8ème à l'école Polytechnique. Il y eut comme professeur MONGE dont il compléta plus tard les théories sur la géométrie descriptive. Mais l'effort considérable qu'il avait fourni avait altéré sa santé et il dut prendre une année de congé pour se soigner. Il sortit de l'école en 1810 comme sous-lieutenant du génie et entra à l'école d'application de Metz qu'il quitta en février 1812.

Après avoir exécuté les travaux de fortification de l'île de Walcheren, il fut appelé, en juin 1812, à prendre part à la campagne de Russie comme attaché à l'état-major général du génie. Il participa à la bataille de Smolensk et établit les ponts sur le Dniepr sous le feu des batteries russes. Pendant la retraite, il fut affecté au Corps d'armée Ney qui formait l'arrière garde. Au combat livré le 18 novembre 1812 à Krasnoé, il chargea les batteries russes à la tête d'une colonne de sapeurs et de mineurs et eut un cheval tué sous lui. Cerné de toutes parts, il fut fait prisonnier avec une partie des débris du corps d'armée Ney.

Portrait de Jean-Victor PONCELET

Dirigé sur les rives de la Volga, il arriva à Saratoff après quatre mois d'une marche pénible au travers des neiges de la Russie. Il y resta jusqu'à la conclusion de la paix en 1814. Avec un peu moins d'indépendance de caractère et de patriotisme il aurait pu améliorer sa condition en donnant des leçons de Mathématiques aux enfants des familles russes qui l'en sollicitaient. Il refusa de faire le sacrifice de ses sentiments. Seul, sans amis et sans livres pour le distraire, il réussit à acheter du papier de journal, à faire lui-même son encre, il reprit ses études de Mathématiques, revint aux conceptions de la géométrie supérieure et découvrit les propriétés projectives des coniques. Ses travaux sont conservés à la Bibliothèque Nationale sur le papier d'origine.

De retour en France en 1814, il créa à Metz les usines de l'Arsenal du Génie et de 1820 à 1824 il inventa un pont-levis, une roue hydraulique et un dynamomètre qui portent son nom. En 1825 il fonda le cours sur les machines à l'école d'application de l'artillerie et du génie de Metz. Ce cours servit de base à l'invention des turbines. A ce moment aussi, il créa des cours du soir pour les ouvriers messins. Devant le nombre et l'importance de ses travaux et bien qu'il ne fut que capitaine - car il était plus savant qu'officier - il fut élu membre de l'Académie des Sciences de Paris en 1834, puis, en 1837 fut désigné pour créer, à la faculté des sciences de Paris, la chaire de cinématique et de mécanique physique qu'il occupa un quart de siècle.

En 1838, il était enfin nommé Commandant et en 1848 il commanda, comme général de brigade, l'école Polytechnique, poste qu'il occupa pendant deux années avant de prendre sa retraite. En 1851, il fut chargé d'être le rapporteur pour la France, l'Angleterre et les Etats-Unis, de la commission chargée de présenter à l'exposition universelle, en Angleterre, les réalisations dues aux progrès scientifiques accomplis depuis un demi-siècle. Tous ces titres scientifiques valurent au général PONCELET d'être élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur. Ses dernières années furent assombries par un mal sans remède, mais sa pensée, toujours lucide, lui permit de poursuivre ses travaux jusqu'à la fin de sa vie. Il mourut le 21 janvier 1867, soigné admirablement par sa femme. »

Source : Quelques souvenirs de famille, par Joseph BERNARD-MICHEL


Pour plus d’informations sur la vie de Jean-Victor PONCELET :

1/ Mémoires de l’académie Nationale de Metz , 1832, 13ème année : Notice sur la vie et les ouvrages du général J.V. PONCELET par le Général DIDION.

2/ Un grand savant : le général Poncelet (1788-1867), par Henri TRIBOUT.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

http://www.ebay.com/itm/Traite-de-Mecanique-Appliquee-aux-machines-par-J-V-Poncelet-Bruxelles-1845-/221304475978?ssPageName=ADME:L:LCA:US:1123